Valérie Perrin – Les oubliés du dimanche ***

oubliés

 

Éditeur : Albin Michel – Date de parution : mai 2015 – 378 pages

*

Je l’ai vu fleurir sur beaucoup de blogs, mais ce sont les avis d’Ynabel et de Carnet Parisien qui m’ont fait craquer, lorsque j’ai croisé la route de ce roman dans une brocante…

Justine Neige a vingt et un an, elle aime la musique et les personnes âgées. Ça tombe bien car elle travaille comme aide-soignante dans une maison de retraite, Les Hortensias. Élevée avec son frère – qui est en fait son cousin – par mémé et pépé depuis que leurs parents ont trouvé la mort dans un accident de voiture quand ils étaient enfants, Justine n’a aucun souvenir d’avant l’accident. Mémé passe son temps à faire des tentatives de suicide – tête dans le four, ingestion de médicaments, sauts d’une falaise – et pépé ne sait plus sourire. Justine fréquente Je-ne-sais-plus-comment qu’elle a rencontré au Paradis, après un ou deux verres de trop.

Aux Hortensias, Justine aime faire parler les petits vieux. Elle aime voyager dans ce qu’elle appelle leur bibliothèque personnelle, toutes les histoires qu’ils ont en eux. Le passé d’Hélène la fascine particulièrement, elle lui raconte des bribes entières de sa vie, de son amour pour Lucien… Pour « le fantôme aux yeux bleus », son petit-fils, Justine va retranscrire tous les mots de la vieille femme dans un cahier bleu. Au fil des chapitres, nous voyageons dans le passé d’Hélène, et dans celui de la famille Neige, tourmentée par la mort accidentelle des parents. Peu à peu, la vérité apparaît.

Parallèlement, le quotidien de la maison de retraite est brisé par un mystérieux corbeau qui passe des appels depuis la chambre 29 ; il annonce la mort des petits vieux – ces oubliés du dimanche – à qui plus personne ne rend visite. « Du coup, tout le monde soupçonne tout le monde, on se croirait dans un Agatha Christie sans cadavre ».

J’ai aimé le personnage d’Hélène et sa philosophie. Elle a toujours une mouette qui la suit, qui la protège. Selon elle, chaque être humain est rattaché a un oiseau pendant son passage sur terre. Et il y a des scènes que j’ai trouvées belles et fortes… Comme celle où la petite Hélène, désespérée de ne pas savoir lire, se met a lécher les lettres sur le tableau, cherchant à s’empoisonner avec la craie. J’ai aimé le ton parfois impertinent de l’héroïne et l’atmosphère de mystère qui s’installe au début du roman.

C’est un roman surprenant, empreint d’humour, de poésie et de mystère ; il est émouvant mais sans jamais tomber dans le mélo. Avec talent, Valérie Perrin nous déroule le fil du passé, ces amours, ces secrets inavoués et inavouables.

***

« Mais pour moi, c’est là que tout a commencé : ils nous ont raconté des histoires. Et les vieux, comme ils n’ont plus que ça à faire, ils racontent le passé comme personne. Pas la peine de chercher dans les livres ni les films : comme personne. »

« Elle dit que les oiseaux ne meurent pas, qu’ils se donnent à l’infini. Que dès qu’on met un oiseau en cage, un homme devient fou. »

« J’ai la nostalgie, la nostalgie de ce que je n’ai pas encore vécu. »

 Les oubliés du dimanche

Tag #8 – Book Fangirling Award

J’ai été doublement taguée il y a un certain temps maintenant… par Le Petit Pingouin vert et The Bloomsbury Muffin, bonté divine! Je les remercie chaleureusement toutes les deux. Je vais du coup répondre à ce double tag dans un seul et même article.

Le principe est simple : répondre à cinq questions et en poser cinq autres à cinq nominés.

***

Voici mes réponses aux questions du Petit Pingouin vert…

  • Un livre que tu n’as jamais réussi à finir ?

Les Trois Mousquetaires, de Dumas… Un sacré pavé dont je ne suis jamais parvenue au bout.

9782070417681

  • Un classique, que tout le monde a lu, sauf toi ?

Sans réfléchir, je dirais Madame Bovary, de Flaubert. Mais je compte remédier à cette erreur très prochainement, grâce au challenge des 100 livres… En fait, il y a plein de classiques que je n’ai pas lus et qui demeurent sur ma wish list.

37522

  • Quelle est ta prochaine lecture ?

Les oubliés du dimanche, de Valérie Perrin.

oubliés

  • Le livre que tu adores et que tout le monde déteste

Alors là… Sans doute Le Sommeil des poissons, de Véronique Ovaldé. Je me suis rendue compte que beaucoup de lecteurs étaient réfractaires au style de son premier roman, alors que j’avais été complètement subjuguée par son écriture et son univers de folie douce.

1507-1

  • Si tu devais me conseiller un seul livre, ce serait lequel ?

Hum… J’en ai beaucoup à conseiller 😀 Si tu ne l’as pas lu, je te conseille Extrêmement fort et incroyablement près, de Jonathan Safran Foer, une vraie pépite que je relirais bien.

bm_1496_aj_m_9145

*

Et mes réponses aux questions de The Bloomsbury Muffin…

  • Si tu étais un super héros dans un monde livresque, quels seraient ton nom et ton super-pouvoir? (par exemple, moi, je serais Bibliogirl et je pourrais lire plusieurs livres à la fois!)

Je ne sais pas quel serait mon nom, mais je sais que j’aurais un sac à la Mary Poppins pour emporter avec moi le plus possible de bouquins sans que cela pèse une tonne !

  • Possèdes-tu des objets dérivés de livres? lesquels?

Non, aucun…

  • Écris la première phrase de ton autobiographie :

« Depuis toujours, les livres me tiennent éveillée la nuit pendant des heures… »

  • Ton biblio-totem : es-tu plutôt libraire (le conseiller), bibliothécaire (le gardien), auteur (l’artiste) ou critique (le juge)? Ou un autre?

Entre la libraire et la bibliothécaire ! Mais dans mon métier, qui a beaucoup d’atomes crochus avec la bibliothécaire (= professeure documentaliste en collège), j’aime beaucoup conseiller des livres.

  • Quel est ton éditeur favori?

Dur dur, il y en a tellement… J’ai un faible pour les éditions Philippe Picquier, et pour les poches, je craque beaucoup pour les éditions 10-18.

Actualites_132_Le_sigle_des_editions_Philippe_Picquier                 BLOC-MARQUE-10-18_23-100-100-23BIS

***

Et voici les questions qui me passent par la tête…

  • Un livre que tu as relu plusieurs fois ?
  • Un livre qui a marqué ton enfance ?
  • Combien de livres as-tu dans ta PAL ?
  • Ton auteur fétiche, dont tu lirais toutes les nouvelles parutions les yeux fermés ?
  • Offre-nous une citation extraite de ta dernière lecture.

*

Les nominés sont :

Le  Blog de Yuko

* Les pages de sam

* La tête en Claire

Charlitdeslivres

* Charmant-Petit-Monstre Lit tout cru

 PS : Désolée, pour certains blogs qui se trouvent à nouveau sauvagement tagués 😉 Ce tag n’est bien entendu pas un impératif!

Jeanne Benameur – Otages intimes **

otages-intimes

 

Éditeur : Actes Sud – Date de parution : août 2015 – 191 pages

*

Etienne, photographe de guerre, revient vivre chez sa mère, dans son village natal, après plusieurs mois de captivité… Il retrouve Enzo, le fils de l’Italien et Jofranka, « la petite qui vient de loin » ; ils ont passé leur enfance ensemble, ils étaient inséparables. Jofranka est partie à La Haye, où elle a choisi de consacrer sa vie aux femmes détruites par les violences des guerres, de les défendre. L’enfant abandonnée qu’elle est a trouvé en Etienne et Enzo ses frères de cœur. Tous trois avaient prêté serment de ne jamais se quitter…

Au contact de la nature et de ses amis d’enfance, Etienne va chercher à se retrouver, à se libérer de ce sentiment de captivité qui lui colle à l’âme. Comment revenir au présent ? Quelle liberté possible ? Avec talent, l’auteure nous offre l’intériorité de cet homme en perte de repères, qui semble avoir à tout réapprendre.

Jeanne Benameur questionne de façon terriblement juste la part d’otage en chacun de ses personnages, en chacun de nous. C’est avec délice que j’ai retrouvé son écriture soyeuse et poétique. Une écriture qui dit toute la puissance des mots, leur façon de blesser, de libérer.

Si au début je suis restée un peu extérieure à l’histoire, peu a peu je me suis imprégnée de ce récit et les mots m’ont touchée. Néanmoins, ce n’est pas mon roman préféré de l’auteure – Profane reste celui qui m’a le plus percutée.

***

« Cela la rassérène de savoir que les livres l’attendent, qu’elle ne sera pas seule pour affronter sa propre pensée. »

« Cette nuit il fait à nouveau partie du monde, de ce monde puant la charogne où l’amour souffle quand même, ténu, tenace, dans les poitrines ignorées. »

« Faut-il qu’il y retourne ? Est-ce que sa vie, c’est cela ? Continuer à être celui qui porte témoignage, encore et encore, même si ses images sont pour le désert et qu’il crève un jour, comme un chien, seul au milieu de gens parlant une langue qu’il ne comprendra pas. »

*

13ème roman lu pour le challenge 1% de la Rentrée Littéraire…

challenge rl jeunesse

Olivia Rosenthal – Toutes les femmes sont des aliens ***

olivia rosenthal

Éditeur : Verticales – Date de parution : janvier 2016 – 148 pages

*

« Un film est un immense lieu de mémoire. »

Dans ce curieux livre, l’auteure se dévoile à travers l’analyse des films qui l’ont marquée lorsqu’elle était enfant, puis adolescente. De la tétralogie Alien aux Oiseaux d’Hitchcock, en passant par les dessins animés de Walt Disney, Bambi et Le Livre de la Jungle, Olivia Rosenthal analyse et décortique les images et les personnages, en trois courts textes.

Se saisissant du cinéma pour se raconter, l’auteure nous offre des réflexions fantastiques sur la femme, la maternité, la famille, ou encore une analyse sur les blondes chez Hitchcock… Et tout un passage fabuleux sur la peur et le désir.

Ce bouquin est un ovni : ni essai, ni roman, ni autofiction… Je ne saurais vraiment pas le qualifier. L’écriture d’Olivia Rosenthal est sinueuse, nerveuse, elle s’étire en de longues phrases, hachées par les virgules. Des phrases parfois tellement longues qu’elles font perdre haleine.

Les trois textes ont été adaptés pour le théâtre et c’est vrai qu’il en ressort une impression de théâtralité. Le texte, comme une matière vivante, semble être fait pour être joué, déclamé, incarné.

Au cours de ma lecture, je me suis souvenue du roman de Tanguy Viel, Cinéma, dans lequel le narrateur regarde jusqu’à l’obsession un film, Le Limier. On retrouve un peu la même obsession de l’auteure qui a vu et revu ces films, les a décortiqués et presque intériorisés.

***

« Voilà, j’y suis, je commence à m’approcher du film et en m’approchant je m’approche aussi de moi, un film qu’on aime et qu’on raconte ça rapproche de soi, je fais le récit d’Alien parce que je ne peux pas faire le récit de ma vie, on aurait tous envie de raconter dans l’ordre les épisodes de sa vie mais c’est impossible, avant de connaître la fin on n’a aucune chance de savoir quelle direction, quel sens et même quel chemin, donc Alien est une bonne alternative, Alien est un bon exercice, Alien c’est l’histoire d’une femme dont on peut craindre qu’elle ne devienne une autre… »

« Toutes les femmes sont des Aliens, des mutantes, elles mettent au monde des êtres qui leur ressemblent ou qui ne leur ressemble pas, elles ont cette puissance inquiétante, mystérieuse, elles font peur… »

 

BU Hui-ryeong – Féline ***

féline

 

Éditeur : Picquier poche – Date de parution : mars 2016 – 165 pages

*

Voici ma troisième Lecture Commune… à trois cette fois-ci ! Avec Charlitdeslivres et La Tête en Claire, nous avons choisi de lire ensemble ce petit roman coréen qui nous attendait dans nos PAL respectives.

Féline est un drôle de roman, où le narrateur n’est autre… qu’un chat ! Un chat qui, depuis la disparition de sa mère, erre dans les rues et fait les poubelles et qui doit se protéger tout seul contre les agressions extérieures. Bien vite, il est recueilli par une jeune fille, Minyeong. Dès qu’il l’aperçoit, le chat tombe littéralement sous son charme. Serait-elle un de ces êtres appelés « hommes-chats », ces êtres merveilleux, légendaires, dont lui parlait sa mère ? Les « hommes-chats » ne ressemblent pas aux autres humains, ils ont une odeur particulière qui attire les chats. Minyeong est le premier être humain que le félin approche et c’est sans hésitation qu’il lui donnera son cœur…

Ce petit chat effronté au caractère bien trempé, pose un regard sur le monde empreint d’humour et de moquerie par moment, très attentif au monde qui l’entoure et surtout au comportement des humains qui le déroute énormément… Et on se surprend à sourire.

Cette lecture est un vrai bol d’air frais ! J’ai pris plaisir à voyager dans le corps et la tête de ce félin très attachant ; on observe le monde humain à travers son regard à la fois naïf et acéré.

Un petit roman d’apprentissage félin plein de charme qui ravira certainement les amoureux des chats… J’ai moi-même beaucoup pensé à ma frimousse à moustaches.

mielou

*En bonus : quelques citations des grands esprits à la fin du roman…

Pour lire les chroniques de Charlitdeslivres et de La Tête en Claire, c’est par ici, et .

***

« Mais nous, les chats, savons écouter les humains, avec bien plus d’attention qu’ils ne s’écoutent entre eux. C’est peut-être pour cette raison qu’ils nous ouvrent facilement leur cœur. »

« Cela ne faisait pas longtemps que je vivais parmi les humains, mais j’avais appris une chose : leurs paroles et leurs actions n’ont souvent rien à voir avec ce qu’ils pensent réellement. Et c’était une chose que j’avais du mal  à comprendre. Cela voulait-il dire que chez les humains le cœur et la tête ne fonctionnaient pas en harmonie ? Pour quelle raison ? »

Alecia McKenzie – Trésor ***

trésor

 

Éditeur : Envolume – Date de parution : mai 2016 – 182 pages

*

Dulcinea Gertrude Evers, jeune peintre d’origine jamaïcaine dont le succès est fulgurant à New York, vient de mourir. Au lendemain de ses funérailles, c’est Cheryl, sa meilleure amie, qui se charge de rapporter une partie de ses cendres aux Etats-Unis.

Entre Kingston et New York, les personnes qui ont connu Dulci vont prendre la parole à tour de rôle pour dresser le portrait de cette jeune femme… A travers le regard de chacun – la meilleure amie, le père, l’amant, la femme de l’amant, le mari… – nous découvrons l’enfant à la peau de miel et au caractère bien trempé, l’adolescente effrontée, butée, la femme déterminée

« Comme elle oubliait souvent le nom des gens, ta mère appelait tout le monde trésor, toi y compris, mais elle ne le disait pas sur le même ton lorsqu’elle s’adressait à sa « seule et unique » fille. »

Les pages défilent à toute allure, j’ai littéralement dévoré ce petit roman choral au charme fou. Les personnages, brossant le portrait de Dulci, se dévoilent un à un ; j’ai aimé leurs traits de caractères, propres à chacun, les rendant tous attachants.

Je crois qu’au delà de Dulcinea, c’est le destin et le récit empreint de nostalgie de tante Mavis qui m’a le plus touchée… On a l’impression de voyager dans le temps et l’espace. La Jamaïque se déploie sous nos yeux, charriant son lot de superstitions et d’esprits ; un pays sublime où les ouragans rythment la mémoire.

L’auteur a un talent fou, son écriture est incroyablement vivante et colorée. Je me suis retrouvée en immersion totale, sentant presque le goût des mangues et du rhum, et le soleil qui brûle la peau.

L’objet livre en lui-même m’a séduite : une couverture douce et légèrement scintillante ; il s’en échappe tout de suite un parfum d’été.

C’est avec regrets que j’ai quitté ces personnages hauts en couleur que j’aurais souhaité connaître un peu plus.

Mille mercis aux éditions Envolume de m’avoir permis de découvrir cette pépite aux accents exotiques !

logoEditionsVolume-RVB

***

« En emménageant dans cette maison, nous avions également hérité d’un cotonnier dans un coin du jardin. Il donnait de petits nuages de coton, blancs et irréguliers, que nous ramassions de temps en temps. Ma mère nous avait dit de ne jamais jouer près de l’arbre après le coucher du soleil. Comme tous les gens de notre quartier, elle pensait que les esprits vivaient sous les cotonniers pendant la nuit. »

« Il doit y avoir une pointe de nostalgie dans cette toile-ci, quelque chose qui rappelle ces journées où la télévision n’existait pas, quand les gens lisaient l’unique journal de l’île et écoutaient l’une des deux stations radio. (…) Dessine un grand terrain autour de chaque maison, et peins les nuances de vert des pawpaw, des mangues, des corossols, des fruits à pain – et le violet des pommes de lait. »

Joyce Carol Oates – Le Mystérieux Mr Kidder ***

9782848762906

 

Éditeur : Philippe Rey – Date de parution : mars 2013 – 235 pages

*

Ce roman de Joyce Carol Oates rappelle un peu le Lolita de Nabokov – que je n’ai jamais lu ; il m’avait un peu dérangée dès les premiers mots, je l’avais donc reposé.

Bayhead Harbor, dans le New Jersey. Katya Spivak a seize ans, elle est fille au pair chez les Engelhardt. En se promenant avec les enfants, elle est abordée par Marcus Kidder, un homme aux cheveux blanc, la soixantaine bien tassée. Il semble tomber sous le charme de la jeune fille et souhaite la revoir. Hésitante, elle finira par le retrouver chez lui, avec les enfants, puis sans eux.

Katya est torturée par son histoire familiale, un peu déséquilibrée ; une mère toujours absente, qui boit, se drogue et passe sa vie à Atlantic City à traîner avec des hommes peu recommandables, et un père qui les a quittées quand elle était enfant… En mal d’affection, naïve et habitée par besoin de plaire, Katya se sent enfin visible et désirable dans le regard de Mr Kidder.

Marcus Kidder peint, joue du piano et compose de la musique, dessine… C’est un artiste, issu d’une famille très richeA la fois intriguée et révulsée par ce vieil homme distingué et généreux qui l’aime, Katya va le revoir à plusieurs reprises… Mais que lui veut-il réellement ?

J’ai retrouvé avec plaisir la plume aiguisée de l’auteure, qui décrit si habilement la psychologie de ses personnages. Encore une fois, je suis restée éblouie et impressionnée par la maîtrise de son écriture, qui diffuse un certain mystère… Si le sujet ne m’a pas emballée au début, j’ai été littéralement happée et captivée par cet art de la narration, propre à Oates.

***

« Katya et Mr Kidder étaient assis côte à côte à la table de fer forgé blanc, face à l’océan, qui s’étendait derrière le renflement des dunes et des joncs ondoyants. Katya regardait de tous ses yeux les vagues houleuses de l’Atlantique, les jets d’écume, les mouettes dansant comme des bouchons blancs à la crêtes de vagues. »

« Car il n’y a aucune peur aussi primitive que celle de n’être pas aimée, de ne pas être protégée. »

John Connolly – La Maison des miroirs **

miroirs

 

Éditeur : Pocket – Date de parution : juin 2013 – 157 pages

*

John Grady a assassiné quatre enfants – que des petites filles – avant de se donner la mort dans cette maison lugubre, dont l’air semble toxique et dont les murs sont recouverts de miroirs… Des années plus tard, Charlie Parker est engagé comme détective privé par le père de Louise Matheson, une des enfants assassinées. Il est chargé de surveiller la maison à l’abandon, car on y a retrouvé récemment la photo d’une fillette. De son côté, Le Collectionneur, un homme étrange à l’allure de clochard guette également la maison, attendant qu’une obscure dette lui soit payée…

Les planchers et les murs de la maison empestent les produits chimiques, l’air suinte la toxicité et semble rendre fou ceux qui y restent trop longtemps. John Grady passait son temps à refaire les murs, à poser du papier peint et d’immenses miroirs… On raconte qu’il ne s’adressait jamais aux enfants directement, mais plutôt aux miroirs. Qu’y voyait-il ? 

L’intrigue a piqué ma curiosité au début, j’ai aimé ce flirt latent avec le surnaturel et l’atmosphère de la maison Grady qui nous glace le sang… Mais je n’ai absolument pas été convaincue par l’écriture et les personnages qui me sont apparus bien banals, avec des dialogues tout faits. J’ai eu une désagréable impression de plasticité, de déjà fait, déjà vu. Alors, même si la thématique de la maison aux miroirs était prometteuse, j’ai été déçue par ce court thriller – heureusement qu’il était court, d’ailleurs !

***

« Nous ne sommes pas ce que nous sommes : nous sommes ce que nous imaginons être. Donc : qu’est-ce que John Grady voyait dans ses miroirs ? »

Tag #7 – Qui a peur du grand méchant livre ?

num_leor_1

Un p’tit tag, ça faisait longtemps… Merci à Petite Plume de m’avoir taguée 🙂 Et désolée pour le temps que j’ai mis à y répondre. Au passage, n’hésitez pas à visiter son blog, il vaut le coup d’œil !

Le principe de ce Tag est original : il consiste à mettre en avant ces pavés qui font l’effroi des lecteurs…! Il faut donc citer 5 gros livres – dépassant les 600 pages – dans lesquels on a peur de se lancer et 5 petits livres – moins de 200 pages – que l’on a beaucoup aimé.

*

5 gros livres qui me font peur

Blonde, Joyce Carol Oates

blonde

Et on commence par un sacré pavé de la littérature contemporaine, qui me fait de l’œil depuis un moment. Un pavé qui nous propose une immersion intime dans la peau d’une figure de femme des plus fascinantes, Marilyn Monroe. J’aime beaucoup les romans de Joyce Carol Oates, auteur tellement prolifique… D’elle, j’ai aimé Nulle et Grande gueule, Marya, une vie, Fille noire fille blanche… Et le sublime Johnny Blues.

Anna Karénine, Léon Tolstoï

pavé1

J’avais vu l’adaptation cinématographique il y a quelques années, et ça m’avait donné envie de lire l’oeuvre de Tolstoï. D’autant plus que ce petit chef d’oeuvre fait partie du challenge des 100 livres… Je l’ai un peu abandonné en ce moment ce challenge d’ailleurs, oups.

Le Trône de Fer, L’Intégral 1, George R.R. Martin

Le_Trone_de_fer_L_Integrale_tome_1

Il m’attend sagement dans ma PAL depuis un moment maintenant… Je regarde avec délectation la série chaque année, il serait temps que je me plonge dans la saga littéraire, il paraît que c’est encore mieux ! Mais j’avoue que l’imposant pavé m’impressionne…

Visions de Cody, Jack Kerouac

CVT_Visions-de-Cody_6687

Un joli petit pavé, qui m’attend aussi dans ma PAL, aux côtés d’autres romans de Kerouac ! J’avais été prise d’une frénésie Beat generation après ma lecture de Sur la route, qui m’avait littéralement conquise. Cody n’est qu’un autre visage de Neal Cassady, son éternel acolyte. Je me réserve cette suite pour les prochaines vacances – moment idéal pour lire des pavés.

Voyage au bout de la nuit, Céline

51BPQgq5-6L._SX302_BO1,204,203,200_

Ce classique fait également partie du challenge des 100 livres, il me faudra donc le lire sous peu… Mais là encore, j’appréhende un peu sa lecture et en même temps, ce livre me fascine et m’attire.

*

5 petits livres qui me ravissent

Jackie, Kelly Dowland

Jackie-e1432585140743

Un petit livre, qui se dévore en quelques heures à peine… « Si la grand-mère centenaire de Kelly Dowland n’était pas tombée malade, cette exubérante trentenaire blonde, joueuse de tuba dans un orchestre symphonique, ne se serait probablement pas mise à écrire. » Je garde le souvenir d’une lecture étonnamment drôle, malgré le sujet. C’est une ode à la vie, à toutes ces petites joies quotidiennes. Un coup de cœur, que je relirais bien.

Le vieil homme et la mer, Ernest Hemingway

hemingway

Un classique contemporain que j’ai lu tardivement… Et qui m’a ravie. Une lecture puissante, dont on ne ressort pas indemne. Il ne s’agit pas du simple combat d’un homme contre un poisson immense.

Le Chasseur, Julia Leigh

9782757819463FS

Julia Leigh est une romancière que j’ai découverte avec son superbe roman Ailleurs, un petit format aussi! Le chasseur, c’est l’histoire d’un homme qui a été missionné pour tuer et ramener le dernier spécimen du tigre de Tasmanie. Un roman envoûtant, animal.

Une parfaite journée parfaite, Martin Page

CVT_Une-parfaite-journee-parfaite_4260

Je suis une inconditionnelle de Martin Page. Ce très court roman est tout simplement jubilatoire et tordant ! Attention, c’est un humour très noir, il peut ne pas plaire à tout le monde. Il m’a cependant conquise. C’est l’histoire de la journée d’un homme, dont la principale occupation est de se suicider, du matin au soir. Dans la rue, à son travail, dans l’ascenseur… Un drôle de conte contemporain, délicieusement cruel. Un roman qui rappelle le film avec Bill Murray, Un jour sans fin.

Métaphysique des tubes, Amélie Nothomb

Couverture-Metaphysique-Des-Tubes-Amelie-Nothomb

Les romans d’Amélie Nothomb sont généralement tous très courts ; j’avoue apprécier de moins en moins ses derniers romans, je les oublie dès leur lecture terminée. Par contre, je garde un souvenir incroyablement marquant de cette Métaphysique des tubes, que j’avais trouvé grandiose et dont j’avais beaucoup aimé la folie douce qui s’en échappait.

***

Voilà, et les heureux nominés sont… Marcelpois, La Tête en Claire, Nuée de pétales et Valentine Pumpkins 😀

Frank Lyman Baum – Le Magicien d’Oz **

oz

 

Éditeur : Pocket – Date de parution : 2013 [1900] – 176 pages

*

C’est l’héroïne de Solomonica de Winter, Blue, qui m’a donné envie de lire ce petit livre pour la jeunesse, dont j’ai toujours entendu parler, sans jamais l’avoir lu… C’est un livre qui l’obsède, qu’elle lit et relit et qui lui sert de refuge contre le monde extérieur. J’aime quand la lecture de livres nous amène à en lire d’autres, ces ponts d’un livre à un autre.

Dorothy vit dans une ferme du Kansas avec oncle Henry et tante Em, et passe ses journées à jouer avec son petit chien Toto… Jusqu’à ce qu’un cyclone soulève la maison et l’emporte dans un curieux pays, où tout est beau et luxuriant… Pour avoir une chance de rentrer chez elle, Dorothy doit se rendre à la Cité d’Émeraude – qui est si éclatante que ses habitants doivent chausser des lunettes aux verres verts pour se protéger les mirettes – où vit le magicien d’Oz, qui semble être autant craint qu’admiré. Pour se rendre là-bas, elle doit traverser des contrées rudes et dangereuses. Elle fera de belles et curieuses rencontres : l’Épouvantail, le Bûcheron de Fer-blanc, le Lion Froussard…

Un livre aux personnages attachants, dont le parcours de l’héroïne m’a rappelé celui d’Alice aux pays des merveilles. Mais c’est une histoire à laquelle il manque un certain grain de folie, et que j’oublierai relativement vite… Dans le genre, j’ai préféré l’univers de Lewis Carroll.

***

« Moi, je préfère un cœur, répliqua le Bûcheron de Fer-blanc, parce qu’un cerveau n’a jamais rendu personne heureux, et le bonheur est la meilleure chose au monde. »