Rachel Corenblit – Un peu plus près des étoiles ***

Bayard Jeunesse – 2019 – 248 pages

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L’adolescent qui prend la parole dans ce roman en a marre. Son père, médecin généraliste, change de poste tellement souvent qu’ils sont obligés de déménager à chaque fois. Ils bougent de ville en ville, parfois le gamin ne peut même pas terminer une année scolaire dans le même établissement. De tous ces déménagements, il n’en peut plus.

Pour cet énième déménagement, Rémi et son père se retrouvent logés dans un centre de repos pour les grands brûlés, les accidentés, les amputés, ceux qui viennent de subir une chirurgie réparatrice.

Rémi est un ado solitaire, qui trouve du réconfort en écoutant des cassettes de chansons des années 80 avec le vieux walkman que lui a donné sa grand-mère. Ces cassettes ont été enregistrées par sa mère, qui était ado à l’époque. Sa mère, dont l’absence est devenue une habitude dont il s’est accommodée.

Dans ce centre de repos, il fait la connaissance d’un groupe d’enfants et adolescents défigurés. Petit à petit, une amitié hors du commun va se nouer entre Rémi et ces gueules cassées. Il y a Sara, cynique à souhait, avec ses grands yeux bleus au milieu d’un visage dévasté ; Adonis, l’éternel gentil…

Un peu plus près des étoiles est un roman poétique, sans pathos. Si on début, je commence ce roman sur mes gardes, un peu dubitative, je suis vite rattrapée par l’émotion ; elle est brute, elle monte crescendo. Quant à l’écriture de Rachel Corenblit, que je découvre, elle est saisissante. Chaque chapitre porte le titre d’une chanson. Un roman musical sur la folie et la différence, la beauté et la laideur, qui prend aux tripes.

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Léonor de Récondo – Revenir à toi ***

Grasset – 18 août 2021 – 180 pages

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Magdalena a quatorze ans lorsque sa mère disparaît. Un jour, au début du printemps, en revenant du collège, ces mots se coincent en travers de sa gorge – « Maman est partie ». Son absence lui coupe les jambes, la brise dans son bel élan.

Devenue adulte, devenue une comédienne reconnue, Magdalena apprend que sa mère est vivante – elle apprend où elle habite. Sans réfléchir, elle saute dans un train et laisse toute sa vie en plan. Tandis que le train file, les souvenirs défilent, déferlent en elle. Le chagrin de l’adolescente qu’elle était demeure intacte.

Magdalena se rappelle son adolescence ; la façon dont elle s’est jetée à corps perdu dans la peau d’Antigone, sur scène. Pour oublier. Pour se sentir libre – et non enchaînée à cet l’abandon. Elle se rappelle sa mère Apollonia et sa dépression, annihilant tout autour d’elle.

Un roman puissant. L’écriture poétique et ciselée de Léonor de Récondo nous fait lentement succomber à l’émotion.

Revenir à toi est un beau voyage poétique ; un voyage vers la mère perdue puis retrouvée. Un voyage dans le passé. Un texte violemment beau – une vibrante déclaration d’amour à cette mère qui l’a abandonnée un jour sans un mot.

Mirabelle Borie – Dulce de Leche ***

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Gulf Stream éditeur – janvier 2021 – 416 pages

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À Lyon. Cécilia a été adoptée à l’âge de six ans ; brune, les yeux sombres et la peau mate, du sang amérindien coule dans ses veines ; ses racines se trouvent en Colombie. Elle ne garde aucun souvenir de son enfance à Bogotá et cette absence mémorielle la ronge petit à petit. Son seul ami, Pedro, est lui aussi adopté et originaire de Colombie. Ensemble, ils sont décidés à lever le voile sur le passé.

Dans les rues de Bogotá, les enfants abandonnés fourmillent. Clara, Rafaele, Ana, Maria, Guillermo, Juan, Soledad… organisés en bandes, les gamines, ils survivent comme ils peuvent, de petits trafics, de ventes sur les marchés. S’ils sont libres comme l’air, ils demeurent soumis aux lois de la rue et sont la proie de tous les dangers ; ces « marchands » qui enlèvent les enfants pour ne plus jamais les rendre… la prostitution… la drogue et les règlements de compte entre bandes.

Un roman dépaysant, prenant. Pétri de soleil – tragique mais lumineux. J’aime tout de suite cette bande de gamines, attachants, qui n’ont pas froid aux yeux. Les chapitres se déroulant à Bogotá ont eu ma préférence. J’ai trouvé que les autres personnages – Cécilia, Pedro, leurs parents – manquaient un peu d’épaisseur, de substance.

Un très beau roman, poétique jusqu’aux derniers mots, au sujet fort, qui m’a émue, malgré une trame convenue et un dénouement attendu.

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« Alejo a raison. En fin de compte, ils ne sont pas déracinés. Ils ont simplement des racines différentes, chacune les rattachant à un petit bout d’histoire. »

Nathacha Appanah – Le ciel par-dessus le toit ***

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Gallimard – 2019 – 128 pages

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Loup est un garçon un peu différent. Il mémorise énormément de choses, fait attention à des détails que d’autres ne voient pas. Il n’oublie jamais un visage et a des doigts magiques pour réparer les petites choses en panne. Parfois, il court jusqu’à s’écrouler pour épuiser le trop-plein d’émotions qui l’envahit, le fait chavirer ; pour faire taire toutes ces pensées insensées qui virevoltent dans sa tête. Il vit seul avec sa mère, Phénix, qui autrefois s’appelait Eliette et était l’enfant parfaite.

Loup se retrouve en prison. Derrière les barreaux. Conduite sans permis, à contresens, provoquant un accident et deux blessés. Il voulait rejoindre sa sœur, Paloma, qui les a abandonnés, lui et sa mère, depuis plusieurs années. Qui n’est jamais revenue.

Immédiatement, j’ai aimé la douceur inouïe qui se dégage de ce roman, de l’écriture de Nathacha Appanah. Une douceur qui contraste avec la brutalité du réel qui sommeille entre les mots et menace de surgir au détour d’une page. Sous la plume de l’autrice, ce sont des êtres éraflés par la vie qui prennent corps ; des êtres pour lesquels j’ai ressenti une grande empathie. Le ciel par-dessus le toit est un roman très curieux sur la famille et la différence qui m’a happée.

Gary D. Schmidt – Le Majordome et moi ***

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l’école des loisirs – février 2020 – 256 pages

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Il est 7h15 et dehors, un véritable déluge fait rage – une pluie digne d’un orage tropical australien. Pour couronner le tout, c’est le jour de la rentrée scolaire, la voiture est en panne et le père de famille est absent depuis trop longtemps déjà. Annie, Charlie, Emily et Carter ne sont pas en avance ; les cheveux ne sont pas tressés, une chaussette jaune manque à l’appel, maman est au bord de la crise de nerfs, il manque du lait demi-écrémé et Ned vomit partout comme tout bon teckel qui se respecte.

Soudain, on sonne à la porte. Sur le perron, le jeune Carter Jones tombe nez à nez avec… un immense majordome bedonnant, abrité sous un énorme parapluie-antenne parabolique. Il porte un petit chapeau melon comme on en trouve plus et parle d’une étrange façon, employant des mots bien compliqués… 

Le majordome semble tout droit venu d’Angleterre, avec sa voiture immense qui ressemble à une aubergine. Au début, la famille est méfiante ; qui est cet homme qui pousse la politesse et la distinction à l’extrême ? Ne serait-il pas un missionnaire ? Un serial killer ? 

Le majordome va transformer jour après jour le quotidien de cette famille nombreuse amputée d’un père et va, notamment, initier le jeune Carter au cricket, le sport le plus noble et le plus élégant au monde. 

De ce roman jeunesse, j’ai tout aimé ! Un roman qui gagne le pari d’être à la fois léger et poignant ; humour et émotion s’entremêlent habilement, on ne sait plus par instant si l’on doit rire ou pleurer, ou les deux à la fois. Le majordome est un personnage surprenant, attachant. Quant au « Jeune maître Jones », c’est un gamin émouvant et authentique – avec cette bille verte au fond de sa poche et ses souvenirs en Australie avec son père dans les Blue Mountains…

Le Majordome et moi est un quasi coup de cœur. Une fois de plus, la plume de Gary D. Schmidt fait mouche !

~> Pour lire ma chronique sur son précédent roman, c’est par ici !

Elena Ferrante – Les jours de mon abandon **

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Folio – 2016 – 288 pages

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Olga a trente-huit ans et après quinze ans de vie commune et deux enfants, son mari vient de la quitter pour une autre femme, beaucoup plus jeune. Tout juste sortie de l’adolescence. Olga ne s’y attendait pas, la trahison est épidermique ; insupportable.

Les jours de mon abandon raconte la brusque métamorphose d’une femme trahie, abandonnée. Olga devient amère, vulgaire et sarcastique. Elle ne prend plus soin d’elle. Elle devient tête en l’air, oublie de fermer le gaz, ne parvient plus à ouvrir sa porte. Néglige ses enfants. Les amis prennent le large et Olga se retrouve vite seule. Elle passe ses nuits à écrire de longues lettres pétries de douleur à son mari perdu ; quant aux journées, elle les passe en tentant d’oublier. De l’abandon à la folie, il n’y a qu’un pas.

Le moment choisi pour entamer ce livre n’était pas forcément judicieux ; Elena Ferrante nous plonge dans une atmosphère âpre. Le langage grossier d’Olga m’agace. Je me perds quelques temps dans les méandres de sa folie qui s’épanouit. C’est tellement bien écrit que la violence de l’histoire m’étreint, le malaise m’envahit, m’obligeant à lire un temps en diagonale – à l’image de la jeune femme sur la couverture, je me retrouve submergée et écœurée par cette folie.

Les jours de mon abandon raconte la dérive d’une femme au cœur brisé ; sa lente descente aux enfers. Un roman dérangeant qui possède une écriture qui nous secoue ; qui nous tord soigneusement les boyaux, nous les essorent. C’est sincère, tortueux, cruel et beau.

Nastasia Rugani – Tous les héros s’appellent Phénix ****

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Ecole des loisirs – 2014 – 205 pages

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Phénix et sa petite sœur Sacha rentrent de cours à pieds. Ce soir-là, la voiture de monsieur Smith s’arrête sur le bas côté. Monsieur Smith n’est autre que le professeur le plus fascinant et séduisant du lycée, charismatique à souhait, il a plus de connaissances qu’un Trivial Poursuit. A bord de sa Chevrolet immaculée, il propose aux deux sœurs de les raccompagner chez elles.

Quand ils arrivent devant leur maison, ils découvrent Erika, la mère, devant un brasier composé des meubles du père. Ce père parti sans donner de nouvelles, les abandonnant du jour au lendemain, un 1er juillet devenu maudit. Ce père complice, avec lequel les deux sœurs faisaient les 400 coups. Qui aimait les livres et les plantes. De lui, il ne reste que sa serre, somptueuse. Phénix en garde la clé, précieusement attachée à son cou.

Le quotidien d’Erika et des sœurs Coton va changer radicalement le jour où Jessup Smith entre dans leurs vies. Il réussi à conquérir le coeur de Sacha, puis celui d’Erika. Seule Phénix demeure un peu sur ses gardes. Les étranges sautes d’humeur autoritaires et cassantes sans raison de Jessup ne lui échappent pas et lui mettent la puce à l’oreille… Cet homme aux faux airs de Gregory Peck va rapidement faire partie de la famille, et révéler un tout autre visage.

Comme j’ai aimé ces deux sœurs, les liens si forts qui les unissent. Phénix, l’aînée, solitaire, amoureuse d’un beau blond qu’elle attend secrètement chaque vendredi au détour d’un couloir au lycée. Et Cha, petite fille de huit ans très sensible, plus intelligente que la normale, fan de films d’horreur. Les sœurs dévorent les livres et sont déjà incollables sur Gatsby, Tchekhov…

Une lecture intense qui m’a fait renouer avec la plume si singulière et poétique de Nastasia Rugani, nourrie de nombreuses références littéraires. Une lecture effectuée comme en apnée, le ventre noué, le coeur lacéré pour ces deux gamines livrées au Diable.

J’avais déjà eu un beau coup de ❤ pour Milly Vodovic.

Antonio Carmona – Maman a choisi la décapotable ****

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Editions Théâtrales – 2018 – 64 pages

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Prune a treize ans, c’est une ado qui n’hésite pas à cogner au collège celui qui oserait se moquer d’elle. Tous les soirs, elle compte les moutons pour sa petite sœur Lola, huit ans, qui a du mal à s’endormir et ne cesse de poser des questions.

Leur mère a pris la poudre d’escampette ; elle a sauté dans la décapotable d’un homme pour ne plus jamais revenir. Autrement dit, elle a préféré chercher un chewing-gum dans la bouche d’un autre. Cela s’est passé il y a si longtemps que les deux sœurs peinent à s’en souvenir. Le père n’est plus là non plus. Il est parti pour un long voyage afin d’épuiser son chagrin. Il envoie des cartes postales.

C’est Garance, la nounou, qui s’occupe des deux filles. Garance et ses longs monologues un peu décousus sur Henri, l’homme aux VTT insaisissable. Garance qui fait tout pour convoquer la joie et l’insouciance au quotidien. Qui couve Prune et Lola et les aime comme une mère.

Une fois n’est pas coutume, je vous parle aujourd’hui d’une courte pièce de théâtre qui m’a beaucoup plu… Une pièce au ton décalé et absurde sur une famille pas comme les autres, qui aborde avec humour et légèreté la séparation, l’abandon et la perte.

Antonio Carmona se lance dans l’écriture « en cherchant la blague au milieu des décombres ». De jeux de mots en coqs à l’âne, ses personnages cherchent à retrouver la mémoire du passé tout en tentant de mettre des mots sur le vide laissé par l’absence des parentsMaman a choisi la décapotable est une pièce tendre et poétique qui se déguste le sourire aux lèvres.

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« Est-ce que parce qu’on est petite on ne peut pas comprendre ? C’est quand qu’on arrêt d’être petite ? Quand on sait faire du vélo ? Quand on a appris à se servir du dico ? Quand on connaît le passé composé ? Quand on a treize ans ? »

Frédéric Boudet – Surf ***

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Editions MeMo – Grande Polynie – Août 2019 – 224 pages

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Adam, étudiant parisien, revient plus tôt que prévu à Brest, chez sa mère, ce petit bout du monde qu’il atteint après un long voyage en stop. Quelques jours auparavant, il a reçu une lettre d’une femme lui apprenant la mort de son père d’un cancer, il y a deux mois. La lettre provenait de Flagstaff en Arizona. Ce père qui est parti étudier les Navajos et qu’il n’a pas revu depuis ses huit ans. La lettre n’est pas arrivée seule : avec elle, un petit paquet de lettres enveloppées dans un plastique épais et poussiéreux… des lettres que son père lui écrivait sans jamais les envoyer.

À Brest, Adam retrouve son ami d’enfance Jack, ce géant de deux mètres avec ses éternelles Ray-Ban, ce fou émotif fan de surf et de bruits avec qui, adolescent, il communiquait par télépathie et qui l’accompagnait dans ses flâneries dans les rues en disséminant des autocollants aux slogans philosophiques et nébuleux, propageant ses petits manifestes littéraires hallucinés. Aux cotés de Jack, il y a désormais l’étrange Aeka, une jeune japonaise qui enregistre le moindre son, le moindre bruit pour nourrir ses compositions acoustiques spéciales, à la recherche du son de l’angoisse sacrée.

Depuis qu’Adam a reçu la lettre, les souvenirs de son père affluent ; leurs baignades, leurs balades dans les champs et les forêts de la lande bretonne, les histoires à dormir debout qu’il inventait… De chacune des lettres, la voix du père résonne. Adam se questionne : pourquoi l’a-t-il abandonné ? Pourquoi n’a-t-il jamais donné de signe de vie ?

Quand il n’est pas occupé à questionner le souvenir de son père, Adam se retrouve avec Katel, qu’il a rencontré sur la route. Katel et son grain de beauté sur la lèvre. Katel et ses mots comme des pansements.

« Chaque jour le présent dévaste ce qui fut. » Cette phrase, Adam l’a collée dans toute la ville. Il est hanté par le temps qui file sans prévenir ; le temps qui nous dévore peu à peu. Il conserve la moindre chose, vivant dans la peur que tout disparaisse un jour, parce qu’il sait que la mémoire n’enregistre pas tout – « ça ne t’a jamais paru insensé que la plupart des gens soient incapables de se débarrasser des objets qui composent leur passé ? »

Surf est un portrait de jeune homme saisissant et émouvant, à la recherche de ce père qu’il n’a jamais revu. Hanté par ses souvenirs d’enfant et les images qu’il conserve de lui dans sa mémoire. Un roman poignant et juste, parsemé de poésie« écouter le sang de l’être rouler dans les veines de la voie lactée » -, qui nous fait réfléchir sur la mémoire, la perte, le temps, la folie des uns et des autres… A lire et relire. ❤

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« Adam murmure, il murmure et le vent , l’air sont une compresse douce contre ses lèvres, un pansement de silence. Il ouvre la bouche, ses yeux, sa poitrine, et il est presque aussi grand que le terrain dénudé autour de lui, presque aussi grand que le quartier, la ville, la rade, il devient la rade, l’océan et la houle – il y a quelque chose qui se tient là, quelque chose ou quelqu’un. »

 

 

Salvatore Basile – Petits miracles au bureau des objets trouvés ***

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Folio – 21 mars 2019 – 400 pages

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Dans la petite gare italienne de Miniera di Mare, Michele collectionne les objets qu’il trouve sur les sièges du train lorsqu’il fait sa tournée le soir. Depuis 30 ans, le jeune gardien n’a jamais quitté cette gare où, enfant, il a vu sa mère disparaître en emportant son journal intime.

Michele est un homme solitaire et naïf qui ne parle quasiment pas. Il demeure marqué à vie par l’abandon de sa mère et par l’idée que les gens – et en l’occurrence les femmes – finissent toujours par s’en aller. Le jeune homme s’est juré de ne jamais plus faire confiance à personne. C’est tellement plus simple de ne faire confiance qu’aux objets, ils ne parlent pas ne pensent pas et ne trahissent pas. Michele est paralysé par la peur d’un nouvel abandon et sa petite routine le rassure.

Un soir, Elena, une jeune femme de 25 ans, frappe à sa porte, à la recherche de sa poupée Milù. C’est un ouragan qui débarque alors dans sa vie. C’est la première femme qui lui parle après tant d’années, la première personne à pénétrer son antre et à faire voler en éclat sa solitude.

Quelques jours plus tard, pendant sa tournée rituelle des wagons, Michele découvre, coincé entre deux sièges, le journal intime de son enfance, ce cahier à la couverture flamboyante.

L’aventure prend Michele à bras le corps ; il va devoir sortir de sa coquille, faire des rencontres, adresser la parole à des inconnus… Il rencontrera une vieille femme aux cheveux violets et un olivier avec une trace d’ongle ; une jeune femme aveugle qui lui apprendra à voir le monde autrement ; un vieux Grec un peu fou qui voyage depuis le toit-terrasse de sa maison, en quête du Paradis Terrestre… A l’image de cet homme qui abandonne femme et enfant pour se lancer à la poursuite de l’ours polaire.

Le roman de Salvatore Basile est profondément bienveillant, on y rencontre des personnages auquel on ne peut que s’attacher. J’aurais pu le trouver trop niais, trop attendu… être déçue par l’écriture, qui ne m’a pas toujours convaincue – pas mal de répétitions, certaines lourdeurs…

Mais l’impression que je garderais est celle d’un roman lumineux – un vraie bouffée d’oxygène – qui offre une belle réflexion sur l’amour, la confiance et l’abandon. Un roman qui a un petit côté bouleversant. Je me suis finalement laissée émouvoir par son message optimiste et j’ai simplement savouré ces petits miracles, je m’en suis nourris et délecté.