Sally Rooney – Conversations entre amis ***

Editions Points – 2021 – 352 pages

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Dublin. Bobbi et Frances ont 21 ans, elles se connaissent depuis l’adolescence, elles ont été en couple. Elles sont étudiantes et se produisent sur scène pour déclamer des poèmes écrits par Frances. À une soirée, elles rencontrent Melissa, photographe et écrivain, et son mari Nick, qui est acteur ; ils ont la trentaine. Ensemble, ils refont le monde, s’invitent à dîner, à boire, se prennent en photos, s’échangent des mails, des textes, des poèmes. Les liens se créent. Bobbi tombe sous le charme de Melissa. Quant à Frances, elle tombe amoureuse de Nick. Irrémédiablement. Les échanges de mails nocturnes se transforment en rencontres clandestines.

Conversations entre amis est une histoire d’amitié et de séduction où la confusion des sentiments fait rage, ou les non-dits prennent des raccourcis. Je débute ma lecture de façon prudente – j’ai tellement aimé Normal People, le précédent roman de Sally Rooney – puis, très vite, je m’attache à la voix de Frances et je pique un plongeon vertigineux dans les méandres de ses pensées, dans son cœur chahuté, dans sa peau et ses blessures. Sally Roney excellent vraiment dans l’analyse psychologique de ses personnages qui sont toujours complexes, instables, en prise avec leurs familles défaillantes et… Juste humains.

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Sally Rooney – Normal People ****

Points – 2022 – 288 pages

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Normal People c’est deux adolescents qui vont vivre leur premier amour. Marianne, excellente élève, taiseuse et solitaire au lycée ; elle n’adresse la parole à personne, elle est sujet de moqueries auxquelles elle répond avec mépris. Connell est timide, indécis, sur la réserve, il fait partie d’un groupe d’amis populaires.

Le seul lien qui les unit à l’origine, c’est Lorraine, la jeune mère de Connell qui travaille en tant que femme de ménage chez Marianne qui vit dans un manoir, avec une mère distante et acerbe, un frère violent et harceleur, un père disparu dans d’obscures circonstances.

De fil en aiguille, les deux adolescents commencent à sortir ensemble ; mais Marianne est prévenue : cela ne doit pas se savoir au lycée, surtout pas. Très intimes lorsqu’ils sont tous les deux, ils jouent la distance et la froideur au lycée. Quand ils partent pour l’université à Dublin, les choses s’inversent ; Marianne se retrouve entourée d’amis du même milieu social et Connell peine à trouver sa place dans ce monde universitaire singulier.

Le jeu entre eux prend une nouvelle tournure. Impossible pour eux de parvenir à mettre des mots sur la relation qu’ils ont et à laquelle ils tiennent énormément – sans réussir à se l’avouer. Il existe entre eux une alchimie unique et singulière mais les non-dits, les quiproquo parsèment leur histoire.

Normal People est un roman d’une ineffable beauté, ancré dans le réel ; si au début l’écriture m’a un peu déroutée – cinématographique, descriptive, au présent – je me suis vite attachée à Connell et Marianne. Le narrateur omniscient nous offre de successives plongées dans la psyché de chacun, nous les offrant entièrement, intimement, dans leurs moindres failles. Une mise à nue psychologique dénuée de tout manichéisme qui renvoie l’image de leur vulnérabilité, de leur humanité.

Normal People, c’est l’histoire d’un amour qui grandit, de l’adolescence à l’âge adulte, dans toute sa complexité. La construction narrative et l’écriture cinématographique permettent de vraiment se glisser dans la peau des deux protagonistes et de ressentir leurs émotions ; j’ai été émue par certains passages, certaines réflexions qui résonnent avec force. Ce roman est un coup de cœur !

Donal Ryan – Par une mer basse et tranquille ***

Albin Michel – mars 2021 – 256 pages

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Farouk est un jeune médecin syrien qui s’apprête à quitter un pays qu’il ne reconnaît plus, avec sa femme et sa fille. Cap sur l’Irlande. Le passeur leur a fait des promesses… Mais la traversée de la Méditerranée ne se passera pas comme prévu.

Lampy a la vingtaine et ne se remet toujours pas de sa rupture avec Chloe. Le coeur brisé, il songe à tout quitte – famille et travail. Mais pour devenir quoi?

John sent la mort approcher ; il cherche la rédemption après tout le mal qu’il a pu faire dans sa vie. Il fouille dans son passé jusqu’à l’origine du mal : la mort de son frère Edward. Depuis ce jour, il n’a jamais plus cru en Dieu. Aujourd’hui, il se confesse.

Trois destins. Trois hommes différents, dont les chemins vont se croiser. Beauté de ce roman à la construction habile et au texte fort sur la culpabilité, le pardon, la perte.

Sebastian Barry – Des jours sans fin ***

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Folio – avril 2019 – 304 pages

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Nous sommes dans les années 1850, Thomas McNulty n’a même pas quinze ans et il débarque d’Irlande, fuyant la Grande Famine, pour tenter sa chance en Amérique. Au détour de ses errances, il rencontre John Cole, qui devient son seul ami et l’amour de sa vie. John et ses « yeux profonds comme une rivière ». Ensemble, ils cherchent à survivre, ils cherchent du travail : le « pain céleste ». C’est Thomas qui prend la parole et raconte leurs aventures, parfois tendres, souvent cruelles : « On était comme deux copeaux de bois dans la rudesse du monde. »

Jeunes adolescents, ils commencent par se travestir en jeunes filles et dansent dans un saloon pour divertir des mineurs. Ils s’enrôlent ensuite dans l’armée, se mettent en route vers la Californie et combattent sauvagement les Indiens des Plaines de l’Ouest, les colons souhaitant qu’on les en débarrassent… C’est au cœur des ces scènes d’une sauvagerie innommable qu’ils se prennent d’affection pour une enfant sioux, Winona. Leur service accompli, ils se travestissent à nouveau en femmes et montent des spectacles. Et puis, la guerre de Sécession s’invite dans la danse.

Sebastian Barry s’intéresse ici à une période de l’histoire américaine qui m’intéresse particulièrement ; une période âpre et noire. Brutale aussi, où la sauvagerie n’épargne ni les femmes ni les enfants. On suit cette famille insolite, composée d’un couple homosexuel et de leur fille adoptive sioux, Winona.

Un roman magnifique, porté par la voix émouvante de Thomas – ou Thomasina. Avec ses propres mots, sa façon de parler, cet homme déraciné tiraillé entre deux pays et deux identités nous livre son témoignage. Mêlant la grande Histoire à la petite, son regard se pose sur son époque avec acuité et lucidité.

Des jours sans fin est un roman qui m’a pris aux tripes et m’a fait battre le cœur.

« Pourquoi Dieu veut qu’on se batte comme des maudits héros, tout ça pour nous réduire à des morceaux de chaire calcinée dont même les loups voudraient pas ? »

« On est bizarres, nous autres soldats engoncés dans la guerre. On est pas en train de discuter des lois à Washington. On foule pas leur grandes pelouses. On meurt dans des tempêtes ou des batailles, puis la terre se referme sur nous sans qu’il y ait besoin de dire un mot, et je crois pas que ça nous dérange. On est heureux de respirer encore quand on a vu la terreur et l’horreur qui, juste après, se font oublier. »

« Parfois, on sait qu’on est pas très intelligent. Pourtant, parfois le brouillard de vos pensées se lève, et on comprend tout, comme si le paysage venait de se dégager. On se trompe en appelant ça sagesse, c’en est pas. Il paraît qu’on est des chrétiens, des choses comme ça, mais c’est pas vrai. On nous raconte qu’on est des créatures de Dieu supérieures aux animaux, mais tout homme qui a vécu sait que c’est des conneries. »

 

Mike McCormack – D’os et de lumière **

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Grasset – 9 janvier 2019 – 352 pages

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Marcus Conway est debout dans sa cuisine, devant sa table, lorsque les cloches retentissent dans son petit village de Louisburgh. Ce son de cloches – l’angélus – fait remonter à la surface de sa mémoire un flot de souvenirs, qui jaillissent au présent et le submergent littéralement ; ils défilent en pagaille, laborieusement, désordonnés. Le temps d’une heure, Marcus se souvient, jusqu’au prochain bulletin d’informations.

De son enfance, avec la figure paternelle, à sa rencontre avec sa femme, la naissance des enfants. Jusqu’à ce jour où sa femme Mairead est prise de violentes crampes et nausées, comme une grande partie de la population locale ; une épidémie semble s’être propagée.

L’écriture peut surprendre de prime abord : pas un seul point tout au long du roman, hormis le point final. Heureusement, le texte est malgré tout aéré, et reste lisible (rien à voir avec Ulysse de Joyce par exemple). Le texte défile dans une unité de temps et de lieu, il épouse le flot des pensées de Marcus, passe d’un souvenir à l’autre sans toujours de logique ; on lit une pensée à l’oeuvre. Il nous offre de belles envolées poétiques par moments, c’est une pensée volubile et folle. Mais il y a certaines longueurs, et ce fut parfois indigeste.

D’os et de lumière est un texte beau et surprenant, pétrit d’une certaine tension poétique. Un roman sans doute à relire mais surtout à découvrir.

 

Maggie O’Farrell – En cas de forte chaleur ***

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Éditeur : 10-18 – Date de parution : 2015 – 356 pages

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Juillet 1976. Cela fait plusieurs jours qu’une forte chaleur s’est abattue sur Londres. Robert Riordan disparaît un matin ; il part chercher le journal et ne revient pas, laissant sa femme Gretta et ses enfants, Michael Francis, Monica et Aoife, dans l’incompréhension. Robert est un père de famille avare de mots, discret et attaché à ses petites habitudes ; cette disparition leur apparaît donc complètement absurde et inattendue.

Les trois frères et sœurs se retrouvent dans la maison familiale pour tenter de comprendre ce qui a poussé leur père à partir. Chacun transporte avec lui ses bagages émotionnels, son lot de soucis… Michael Francis voit son mariage partir à vau-l’eau, Monica ne s’est jamais remise de sa rupture avec Joe… Quant à Aoife, elle est partie à New-York voler de ses propres ailes.

C’est avec plaisir que j’ai renoué avec la plume de Maggie O’Farrell – j’avais adoré La Disparition d’Esme Lennox. La romancière irlandaise a beaucoup de talent dans la mise en scène de ses différents personnages, tous attachants. Un beau roman sur la famille et les secrets qui s’y cachent, piqueté d’humour, que j’ai savouré, qui m’a émue par moments… Il m’a cependant manqué quelque chose pour que j’apprécie pleinement ma lecture.

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« Elle pose la main sur son diaphragme. Qu’il est étrange de se sentir si seule et de savoir qu’on ne l’est pas. Il y a un second cœur qui bat en elle. »

« Ces derniers temps, elle a renoncé à comprendre pourquoi certaines choses se produisaient. Cela ne sert à rien, à rien du tout. Ce qui doit arriver arrive, souvent sans raison. Mais là, c’est autre chose. Que ça arrive, que ça commence, qu’une vie soit prête à venir au monde alors que tant de gens semblent se détacher d’elle, comment est-ce possible ? »

 

Anna McPartlin – Les derniers jours de Rabbit Hayes **

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Éditeur : Pocket – Date de parution : février 2017 – 480 pages

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Mia Hayes, alias Rabbit, est atteinte d’un cancer en phase terminale, qui a fini par ronger insidieusement ses os… C’est dans une maison de soins palliatifs qu’elle passe ses derniers jours. Dès le début, nous savons que Rabbit va mourir. Les dés sont jetés, aucune surprise ne nous attend au tournant. Les uns après les autres, ses proches défilent dans sa chambre et les souvenirs de chacun resurgissent : l’enfance de Rabbit, son grand amour de jeunesse Johnny… Parents, frère et sœur, meilleure amie, tous se souviennent de la petite Rabbit, haute comme trois pommes, malicieuse et attachante. Et il y a Juliet, sa fille, à qui l’on cache pour le moment la terrible vérité.

Au début, je tourne les pages à toute allure, emportée par la douce amertume et la tendresse qui se dégagent des pages. Mais très vite je me lasse et me sens déçue par l’écriture, somme toute assez banale ; les dialogues sont plats et sonnent creux. Quant aux personnages, ils brillent pas leur absence d’épaisseur psychologique, ils pourraient être interchangeables.

Au vu des critiques unanimement élogieuses, je m’attendais à un roman bouleversant ; je m’attendais au moins à verser une petite larme (je suis quand même facilement émue). Mais je me suis franchement ennuyée et ne suis pas parvenue à m’attacher aux personnages, et surtout, à croire à cette histoire. C’est bien cela le problème : je n’y ai pas cru. Page après page, j’ai cherché l’émotion attendue, en vain. La mayonnaise n’a hélas pas pris… et pourtant j’aurais voulu aimer ce roman !

Mary Costello – Academy Street ***

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Éditeur : Points – Date de parution : avril 2016 – 188 pages

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Tess a sept ans à la mort de sa mère. Dans une confusion des sentiments, elle prend conscience qu’elle ne la reverra jamais, que sa mère est allongée dans son cercueil dans sa robe bleue, six pieds sous terre. Avec son père, ses frères et sœurs, ils habitent la campagne d’Easterfield,  non loin d’un campement de romanichels. La petite fille est intriguée et fascinée par eux. Peu après avoir assisté malgré elle à la veillée funèbre d’une enfant romanichelle de son âge, Tess perd sa voix. Pour un temps.

Une enfant qui devient adolescente puis femme, mère, grand-mère. Page après page, année après année, nous voyons Tess grandir, et quitter un beau jour son Irlande natale pour suivre sa sœur Claire à New York, où elle va poursuivre ses études d’infirmière et débuter sa carrière. Le roman nous livre ses rencontres, ses amis, son unique amour. Se déroule sous nos yeux la vie de cette femme éprise de solitude. Cette solitude fondamentale ancrée en elle depuis la mort de sa mère ; une perte qu’elle portera en elle toute sa vie.

Un roman court mais étonnement dense et émouvant, qui dresse le portrait d’une femme attachante, forte malgré ses démons intérieurs. J’ai aimé le regard que Tess porte sur la vie, son rapport au monde. Mary Costello déploie une écriture sensible, qui met en relief les émotions et les sentiments de cette femme avec beaucoup de justesse.

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« Récemment, l’idée que tout ce qui l’entoure, tout ce qui compte et l’émeut – les arbres, les champs, les animaux – cultive sa propre vie, ses propres pensées, a enfoncé en elle ses racines. Si une chose est vivante, se dit-elle, elle a forcément des souvenirs. »

« Il lui semblait parfois qu’elle était abandonnée sur une île, un abîme, large et noir, la séparant de l’amour humain dans son ensemble. Elle pensa à Claire, des années plus tôt, à sa maison et son jardin dans le New Jersey, et à la façon dont tout change, s’achève ou disparaît, comme le ferait cette journée, cet instant. Elle regarda autour d’elle. Et vous aussi, vous disparaîtrez tous. »

Paula McGrath – Génération **

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Éditeur : La Table Ronde – Date de parution : janvier 2017 – 223 pages

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De 1958 à 2027, et de Chicago à Kyoto, en passant par l’Irlande, ce roman nous transporte dans le temps et l’espace. Dans une ferme bio de l’Illinois, autour de Joe le propriétaire de l’exploitation, vont se croiser plusieurs personnages, plusieurs destins vont graviter les uns autour des autres. Il y a Carlos, qui traverse régulièrement la frontière mexicaine, pour subvenir aux besoins de sa femme et des ses filles ; Judy, fille d’immigrés allemands, qui se laisse dépérir et grossir en l’absence de son fils ; Áine fraîchement débarquée d’Irlande pour faire du wwoofing – du volontariat – au sein de la ferme de Joe et qui ne s’attend vraiment pas à ce qu’elle va découvrir…

Les premières pages sont un peu déroutantes, beaucoup de personnages apparaissent sans que l’on comprenne les liens entre eux ; puis les pièces du puzzle se mettent en place, s’imbriquent peu à peu les unes dans les autres. Des personnages qui ont tous en communs le fait de venir d’ailleurs, ou d’être fils ou filles d’immigrés.

J’ai aimé cette idée de destins croisés et cette réflexion sur la transmission de génération en génération que Paula McGrath déroule tout au long de son roman ; mais j’avoue être restée sur ma faim : j’aurais aimé en savoir plus sur certains personnages, j’ai eu l’impression de survoler les chapitres sans avoir le temps de m’attacher à l’un ou l’autre. Génération reste une lecture agréable, que j’ai lu d’une traite et dont l’atmosphère m’a plu.

Merci aux éditions de La Table Ronde pour cette lecture !

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« La puberté, ça a été comme se réveiller pour découvrir que j’avais été en prison toute ma vie, mais que le gardien avait laissé la porte ouverte. »

Kate O’Riordan – La fin d’une imposture ***

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Éditeur : Folio – Date de parution : janvier 2017 – 437 pages

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La veille de Noël, deux policiers frappent à la porte d’une jolie maison d’une banlieue chic de Londres. La nouvelle qu’ils ont à annoncer va bouleverser irrémédiablement la famille de Rosalie et Luke ; leur fils, Rob, s’est noyé en Thaïlande. Cette annonce est le début d’une lente désagrégation familiale. Des mois de descente aux enfers vont suivre au sein de cette famille, dont le couple est déjà fragilisé par l’infidélité du mari. Leur fille Maddie, rongée par le chagrin, est persuadée d’être responsable de la mort de son frère ; quelques mois plus tard, elle se retrouve internée en hôpital psychiatrique, à la suite d’une violente agression dont elle ne veut rien dire.

Alors que mère et fille participent à une thérapie de groupe, elles font la connaissance de Jed Cousins, un jeune homme terriblement charismatique. La descente aux enfers semblent cesser depuis son arrivée dans leur vie : Maddie retrouve le sourire, Rosalie et Luke semblent soulagés. La présence de Jed produit un effet miraculeux sur leur vie de famille. Mais d’ou vient-il ? Qui est-il vraiment ?

Le mystère s’installe, dans une atmosphère très dérangeante. Le thriller psychologique se tisse au fil des pages, et remplace peut à peu la tragédie familiale. Le diable semble se tapir dans le moindre détail de ce huis clos familial au sein duquel un jeune homme venu d’on ne sait où s’est fait une place.

Un thriller machiavélique, où la question du divin et du diable n’est jamais loin, qui nous donne des nœuds au ventre et quelques bonnes sueurs froides. J’avais hâte de terminer ce bouquin, à la fois pour connaître le fin mot de l’histoire, mais aussi pour sortir de cette atmosphère vraiment oppressante…

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« Rosalie eut-elle un pressentiment entre la cuisine et l’entrée ? Elle se poserait par la suite des centaines de fois la question. Peut-être était-ce la tentative vaine de revivre un dernier instant ordinaire avant que sa main ne se tende vers la porte. N’importe quel dernier instant normal avant que le battant s’ouvre, et que leur famille soit à jamais bouleversée. »