Anne-Laure Bondoux & Jean-Claude Mourlevat – Et je danse aussi ****

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Éditeur : Pocket – Date de parution : février 2016 – 310 pages

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Tout commence par une mystérieuse et épaisse enveloppe envoyée par une lectrice, Adeline Parmelan, à l’écrivain Pierre-Marie Sotto, prix Goncourt et auteur qui se retrouve en mal d’inspiration. Une drôle de correspondance par mails se met en place entre ces deux personnages que tout, a priori, sépare.

Très vite, les deux correspondants se livrent l’un à l’autre, se dévoilent, par les détails du quotidien et les confidences à demi-mots. Sans s’en rendre compte, ils s’attachent l’un à l’autre. Pierre-Marie se confie sur sa dernière femme, qui a disparu brusquement deux ans auparavant, et qu’il ne parvient pas à oublier. Quant à Adeline, elle confie ses propres blessures…

L’écriture est fluide, légère et gorgée d’humour. J’ai pris beaucoup de plaisir à suivre cet échange de mails, qui ne va pas se faire qu’entre les deux protagonistes. Si au début je prends cette lecture pour un simple divertissement, sans beaucoup d’attente vis à vis de l’intrigue, je prends peu à peu un plaisir dévorant à lire ce roman épistolaire moderne ! Et au bout de 80 pages, un certain mystère s’invite dans l’écriture et me surprend… je suis alors ferrée complètement. La grosse enveloppe n’a toujours pas été ouverte, que cache-t-elle donc ?

J’ai aimé le lien entre fiction et réalité, quand les deux personnages jouent avec leur réalité. Les lettres contiennent beaucoup de réflexions sur la fiction, les personnages, le roman et cet aspect m’a beaucoup plu. Les personnages sont tous hauts en couleurs et attachants, à leur façon. Et je danse aussi semble un roman léger, mais il cache en fait une histoire bien plus profonde, qui se révèle par couches successives. Il est question de trahison, de mensonge et de vérité. Une vérité qui se cache au détour des mots.

C’est un roman tout simplement délicieux, bien écrit et qui m’a fait rire autant qu’il m’a émue. Une fois commencé, je n’ai pu que le dévorer jusqu’à la dernière page. C’est un joli coup de cœur et une lecture parfaite pour l’été. ❤

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« Connais-tu la différence entre l’amour et le meurtre ? Il n’y en a pas. Dans les deux cas, la même question se pose : que faire du corps après ? »

« Mais qu’importe, j’aime qu’on me raconte des histoires, et si elles sont bonnes, alors elles deviennent plus vraies que les vraies, elles résistent mieux à l’oubli, en tous cas. C’est ainsi qu’on réinvente son passé, je crois. »

Marie-Aude Murail – Dinky rouge sang ***

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Éditeur : L’Ecole des Loisirs – Date de parution : 1991 – 192 pages

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Repéré grâce à la jolie chronique du blog Les Livres de George Sand et moi, j’ai tout de suite craqué pour ce roman quand je suis tombée dessus en librairie. Mon tout premier Marie-Aude Murail ! J’ai tellement entendu parler de cette auteure, que j’avais hâte de rencontrer sa plume…

Nils Hazard est un détective d’un genre particulier… Professeur à la Sorbonne, passionné par les Égyptiens et les Étrusques, il adore mener l’enquête. Depuis son plus jeune âge, il est attiré par les mystères à résoudre…  Il garde sur son bureau une petite voiture rouge de la marque Dinky toy. Sa propre histoire familiale repose sur une énigme qu’il lui a fallu résoudre à l’âge de treize ans. Ses parents sont morts, il a grandi avec son grand père et sa belle mère, la femme de son grand père. Une nuit, en fouillant dans les combles, il est tombé sur un secret de famille qu’il n’aurait jamais dû connaître. A la fac, il se lie d’amitié avec une de ses étudiantes, Catherine Roque. Ensemble, ils vont résoudre les énigmes qui croisent leur chemin.

Nils Hazard aime les mystères ; il faut dire qu’il a plus d’imagination que de sensibilité. C’est son imagination qui lui permet d’ailleurs de résoudre bien des énigmes : Frédérique Roque et son tic hideux, la disparition de Paul Duvergne, le bégaiement soudain de François, ou encore la tristesse que ressent Solange lorsqu’elle boit un chocolat chaud… Pour lui, tous les êtres humains sont des énigmes ; et tous les comportements ont une explication. Il imagine ce qui se passe dans la tête des autres.

Chaque chapitre se concentre sur une énigme à résoudre, mais le roman reste très fluide. J’avoue avoir été absolument surprise par la fin de la toute dernière énigme… À laquelle je ne m’attendais pas du tout. Ce roman jeunesse m’a fait frissonner à plusieurs reprises et je me suis totalement délectée de ma lecture. L’auteure parvient à mettre en oeuvre une atmosphère de mystère, elle tire à merveille les ficelles, chaque énigme est mise en scène de façon absolument géniale. J’ai adoré cette première rencontre avec l’auteur !

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Je préfère penser qu’il y a des pourquoi qui sont veufs de parce que.

Carol Rifka Brunt – Dites aux loups que je suis chez moi ***

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Éditeur : Buchet Chastel – Date de parution : mai 2015 – 493 pages

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Nous sommes au milieu des années 80, dans une banlieue triste du New Jersey. On suit le quotidien d’une adolescente de quatorze ans, June Elbus, dont l’oncle Finn est atteint du sida, cette maladie qu’on n’ose pas encore nommer… June est une adolescente solitaire et taciturne, qui aime s’enfoncer dans les bois, s’inventer une vie au Moyen-Âge, sans que personne ne le sache. Elle éprouve pour son oncle tellement d’amour et d’admiration. Sa sœur Greta a tendance à être distante et très désagréable, alors qu’elles étaient inséparables il y a quelques années. Leurs parents, comptables, sont souvent absents et rentrent tard le soir, surtout pendant la saison des impôts.

Avant de mourir, Finn, qui est un peintre new-yorkais reconnu, souhaite peindre les deux sœurs. Une petite routine s’installe alors : chaque dimanche, les sœurs Elbus se rendent dans son appartement à Manhattan pour poser. Si ce rituel plaît à June, qui est en adoration devant son oncle, il énerve au contraire Greta, qui ne peut s’empêcher de lancer des remarques acerbes à tout bout de champ.

Le jour de l’enterrement, June aperçoit un homme à l’écart, rongé par le chagrin. Qui est-il ? Que cherche-t-on à lui cacher ?

Ce roman d’apprentissage m’a beaucoup émue. Je me suis immédiatement attachée à l’héroïne, cette adolescente si différente des autres, qui s’habille de façon démodée, qui passe son temps à s’échapper dans les bois, à marcher pendant des heures, à s’inventer une autre vie. Et qui semble être la plus touchée par la mort de Finn ; leurs souvenirs communs la hantent.

La mort de son oncle va être pour elle l’occasion de découvrir une nouvelle facette de la vie de celui-ci. June va découvrir également le  nouveau visage des adultes qu’elles croyaient connaître… Elle va devoir grandir d’un coup, au sein de cette époque où l’on ne connaît encore rien du sida, et où les gens ont toutes sortes d’a priori et de préjugés.

J’ai beaucoup de mal à parler de ce roman – et j’ai eu du mal à rédiger cette chronique… Je ne peux pas trop en dire, de peur de vous gâcher le plaisir de lecture… Je vous laisse le découvrir par vous même qui sont ces loups. C’est en tous cas une lecture belle et puissante, qui questionne les liens familiaux, l’amour, et qui m’a bouleversée.

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« Mais si on se retrouvait à éprouver la mauvaise sorte d’amour ? Si, par accident, on finissait par tomber amoureux de quelqu’un dont il serait dégoûtant d’être amoureux qu’on ne pourrait en parler à personne au monde ? L’amour qu’il faut reléguer de force aux oubliettes de son cœur, au point de transformer ce dernier en un trou noir. L’amour qu’on écrase encore et toujours mais qui ne rend jamais l’âme, malgré nos efforts pour le repousser et lui tordre le cou. »

« Peut-être que j’avais envie que Toby entende les loups qui vivaient dans l’obscur forêt de mon cœur. Et peut-être que c’est ce que ça voulait dire. Dites aux loups que je suis chez moi. Peut-être que c’était ça. Peut-être que Finn avait tout compris, comme d’habitude. Autant leur dire où l’on habite, parce qu’ils nous trouveront de toute façon. Ils nous trouvent toujours. »

Cécile Roumiguière – Les Fragiles ***

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Éditeur : Sarbacane – Date de parution : février 2016 – 197 pages

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Drew a dix-sept ans. Ses parents, Cindy & Cédric, l’ont eu très jeunes. Depuis qu’il est petit, il craint et méprise un père raciste, violent et qui n’hésite pas à lui mettre la pression en matière de sport ou d’études. C’est un père étouffant et très autoritaire. Quand Drew a neuf ans, son père renverse avec sa voiture un homme noir et s’enfuit, donnant à son fils l’occasion de se rendre compte de son racisme et de sa brutalité effarante. A partir de ce moment-là, le regard du fils sur son père change à tout jamais.

Drew est un adolescent torturé et touchant. On le sent meurtri par l’attitude de son père. Solitaire, il a très peu d’amis au lycée. Il est un de ces fragiles… Les fragiles, ce sont ces personnages un peu paumés, ballottés par la vie, un peu fous mais attachants ; qu’ils soient adultes ou adolescents n’y change rien. Un jour, Drew rencontre une drôle de fille, Sky, qui va donner un sens à sa vie et l’illuminer.

J’ai beaucoup aimé la construction narrative complexe : le roman se déroule sur une journée, du matin au soir. Journée durant laquelle le père a une annonce à faire au fils, ils sont censés se retrouver dans la journée pour en parler. En parallèle, nous faisons des aller-retour dans le passé, près de 7 ans en arrière. Ajoutons à cela des passages en italique, mettant en scène la fin de cette journée, dont on pressent le drame. Le roman est intelligemment construit, il installe une certaine tension, une attente.

Un roman à la fois tendre et puissant, dont les mots sont empreints de souffrance et qui révèle la violence qui sourd en chacun des personnages.

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« Du sang coule sur l’arête de son nez. Drew l’essuie du dos de la main. Il l’observe, ce sang qui coule à l’intérieur de lui et qui suinte sur son front. Ce sang… ce lien avec un père qui s’est tiré sans même prendre la peine de dire à son fils qu’il partait. Drew lèche le sang. Il est un tigre blessé qui panse ses plaies. Un jour, il aura disparu comme disparaissent les grands fauves blancs. Il se penche pour attraper son casque et verser de la musique dans son cerveau enfin vide, et là, le noir. »

Résultats du concours… *1 an du blog*

Le blog a soufflé sa première bougie, et à la suite du concours qui s’est tenu du 7 au 17 juillet, le tirage au sort a désigné ce matin 3 heureux gagnants…

*Suspense insoutenable*

Pour le lot n°1 : Le Tanuki ! Tu remportes donc un exemplaire du Palanquin des larmes, un petit livre de poèmes-citations sur l’amour et quelques bricoles…

Pour le lot n°2 : La Bibliothèque d’Elé ! Tu remportes un exemplaire du roman jeunesse #Bleue, un petit Traité sur le ciel et quelques bricoles…

Pour le lot n°3 : Ynabel ! Tu remportes un exemplaire de Un ciel rouge, le matin, un petit livre de conseils détente Libérez-vous ! et quelques bricoles…

Résultats concours

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Bravo à toutes les 3, je suis ravie pour vous !! 😀 Et un grand merci à tous ceux qui ont participé ou non, merci pour vos petits mots qui m’ont fait chaud au cœur 🙂

Pour les 3 gagnants, je vous contacte individuellement, donc soyez attentifs et réceptifs !!

Emmanuelle Bayamack-Tam – Je viens **

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Éditeur : Folio – Date de parution : mai 2016 – 417 pages

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Charonne est adoptée à l’âge de cinq ans par Gladys et Régis qui, au bout de quelques mois, n’en veulent plus. Parce qu’elle est devenue trop noire, trop grosse, que ses cheveux sont crépus… Ce n’est pas ce qu’ils avaient commandé. Heureusement, la grand-mère Nelly va s’occuper d’elle. Charlie, le grand-père, l’emmène faire la tournée des bars avec lui ; elle y rencontre ses amis tous plus racistes et homophobes les uns que les autres. Ses parents passent leur temps à voyager et à tester de nouvelles philosophies de vie. Et puis il y a Coco son seul ami, le jeune fantôme héroïnomane et épris de poésie, que Charonne retrouve dans le bureau du haut, avec qui elle lit des contes russes.

C’est une lecture vraiment singulière, qui se déroule en trois parties ; une partie pour chacune de ces femmes : Charonne, Nelly & Gladys, trois générations de femmes différentes. Trois vérités également, trois façons de voir les choses. Charonne, la première à prendre la parole, est l’enfant abandonnée toute son enfance, rejetée par sa mère biologique puis par ses parents adoptifs. Si elle a envie de se jeter par la fenêtre à six ans, elle va finir par développer malgré tout une joie de vivre et apprendre à vivre avec sa famille en i. Nelly, ancienne vedette de cinéma, qui se désespère de vieillir, va s’occuper de cette enfant indésirable. Gladys, la non-mère, est exécrable, haineuse et mesquine, elle verra toujours en Charonne une gamine calculatrice et avide d’argent.

Une lecture dense, qui aborde au fil des pages de nombreuses questions, comme le racisme, la vieillesse, la famille et ses relations complexes… Le comportement de la mère adoptive, Gladys, m’a complètement révoltée. En fait, la plupart des personnages m’ont beaucoup agacée et je n’ai pas ressenti le moindre attachement pour eux.

Si j’ai trouvé l’écriture très belle, j’ai eu du mal à me plonger dans ce roman ardu… Je suis restée extérieure à l’histoire et me suis franchement ennuyée par moments. Mais il y a certains passages que j’ai beaucoup aimés, poétiques et irréels, comme ceux qui se déroulent dans le bureau et qui mettent en scène le fantôme héroïnomane, allongé nonchalamment sur l’ottomane, qui prend une allure différente en fonction des personnes qui le rencontrent.

Merci aux éditions Folio pour cette curieuse découverte !

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Je reconnais tout de suite un adulte dont l’enfance est passée inaperçue, la mienne ayant commencé par un abandon brutal. Comme je n’avais pas trois jours, je n’en veux à personne, et surtout pas à ma mère biologique, à la décharge de laquelle on peut dire qu’elle ne me connaissait pas. »

« Je crois n’avoir jamais rien vu de plus poignant que cette petite fille le jour où Gladys et Régis ont tenté d’annuler son adoption et de la rendre à l’expéditeur comme si elle n’était qu’un vulgaire colis en souffrance. »

Olivia Rosenthal – Mécanismes de survie en milieu hostile **

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Éditeur : Verticales – Date de parution : 2014 – 182 pages

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Cinq récits qui mettent en scène la même première personne du singulier, la même narratrice. En pleine confusion, semblant se débattre contre ses démons intérieurs, elle se retrouve dans des situations oppressantes, des fuites, des traques ; une maison avec une pièce aveugle dans laquelle se retrancher, une partie de cache-cache primitive et violente… Des récits si complexes qu’on ne sait s’ils sont de l’ordre du réel ou de la fantasmagorie. Une voix neutre et clinique revient à chaque fois, pour expliquer les expériences de mort subite, la décomposition d’un cadavre ou encore la mort cérébrale.

Certains passages sont particulièrement répugnants. On ne comprend pas où l’auteure veut en venir, on est désorientés, un peu écœurés… On a l’impression d’un personnage qui se cherche, qui fouille dans les méandres de ses pensées, de son passé. Qui tente de raconter la douleur, mais laquelle ?

Ces récits sont comme autant d’introspections d’une souffrance passée. Ce sont des tentatives de s’échapper, de trouver quelque chose, de mettre des mots sur quelque chose, de raconter ce qui n’est pas racontable ? Les thèmes reviennent comme une obsession : la perte de conscience, le coma, l’accident vasculaire cérébrale, les expériences de mort subite. En fait, ce sont les défaillances du cerveau humain qui semblent exposés.

Au cœur de ces cinq récits, tous ces mots-maux fourmillent pour tenter de raconter la perte, la mort, la rupture, qu’elle soit amicale, familiale, la perte des facultés mentales aussi. Comme dans la plupart des romans d’Olivia Rosenthal, on est jamais loin de la folie.

C’est une écriture de la perte de raison, toujours aussi efficace et hypnotique ; il s’en dégage une force incroyable qui nous laisse sur le carreau.

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« J’ai imaginé un monde dans lequel tout ce qui est gardé secret serait exposé devant moi et à découvert. J’ai imaginé ce qui se passerait si je devais avoir ces choses-là, mots enfouis ou retenus, aveux, reproches, promesses, mauvais souvenirs, cauchemars, déchets, rebuts, fantômes, avatars, doubles et démons, si je devais les avoir à l’esprit et à l’œil, si ma conscience était en permanence habitée par ces restes. J’ai imaginé. Et pour me protéger du déferlement de sensations qui alors me submergeait, j’ai fermé les yeux. »

« J’ai voulu raconter comment on souffre de n’être pas regardée. Comment on souffre d’être regardée. »

Herman Raucher – Un été 42 ***

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Éditeur : Folio – Date de parution : avril 2016 – 346 pages

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Eté 1942. Ils sont trois amis, inséparables : Hermie, Oscy et Benjie, baptisés le Trio infernal, ils ont une quinzaine d’années et passent leur été ensemble sur une île, au large du continent américain. « Ils étaient là, couchés sur la dune que surplombait la vieille maison, Beau, John et Digby Geste, les Diables du Désert avec de l’acier dans le cœur et du sable dans le short. » Il y a Hermie, le rêveur de la bande, les hormones en folie et qui tombe amoureux d’une femme plus âgée ; Oscy a toujours un sourire plaqué sur le visage, en toute circonstance ; quant à Benjie, il a des restes d’enfance. Les adolescents s’ennuient sur cette île, pendant que leurs grands frères sont envoyés sur le front, de l’autre côté de l’océan. Ils découvrent ensemble un livre sur la sexualité qui va les fasciner…

J’ai tout de suite aimé l’écriture, qui regorge d’humour et le texte a un petit côté rétro qui fait tout son charme… Avec talent, l’auteur met en relief le combat intérieur qui se joue à cet âge là, dans la tête d’un adolescent qui découvre la sexualité, l’amour.

C’est un roman très drôle, d’une finesse incroyable et dont les derniers mots, terriblement justes, m’ont beaucoup émue… Une lecture sur l’adolescence, aux accents nostalgiques, parfaite pour l’été !

Un grand merci aux éditions Folio pour m’avoir permis de découvrir cette jolie pépite !

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« Pensant qu’Aggie cherchait à lui faire savoir que cela suffisait pour ce soir, il retira rapidement sa main de sa manche ; l’élastique qui se trouvait à cet endroit claqua si fort que le baiser que Bette Davis était en train de donner à l’écran sonna comme une gifle. »

« Il médita sur cette unique petite vérité qu’il avait fallu tant d’années à Hermie pour comprendre : la vie est faite de choses qui vont et qui viennent, et chaque fois qu’un homme en emporte une avec lui, il doit en abandonner une autre. »

1 an déjà… *Concours* [Clos !]

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Hé oui, mon p’tit blog existe déjà depuis 1 an… Je suis toute émue en repensant à sa création, juste après avoir sué sang et eau pour être reçue au CAPES…! Je m’étais dis à l’époque : libération, je peux enfin lire tout ce que je veux, finies les études, bonjour nouvelle vie professionnelle.

Mon premier billet de lecture était bien court, il portait sur un de mes romans fétiches… Sur la Route, de Jack Kerouac. J’ai fait mes premiers pas sur la blogosphère, j’ai eu mes premiers abonnés, mes premiers commentaires et je suis partie à la rencontre des autres blogueurs & lecteurs. Une belle aventure que je ne regrette pas !

Depuis le 7 juillet 2015, c’est 162 billets publiés, 177 abonnés, plus de 3000 visiteurs & presque 10000 visites. A vous tous qui passez ici tous les jours ou de temps en temps, un grand MERCI ! Je prends chaque jour davantage de plaisir à partager mes lectures avec vous, à échanger sur la littérature et à découvrir de nouveaux titres, de nouveaux auteurs grâce à vous. Depuis 1 an, je dois dire également que ma PAL a triplé de volume 😀

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Mais trêve d’émotions & de bavardages, venons-en au principal : je vous propose un petit concours pour fêter tout ça. Avec trois lots que j’ai concoctés avec amour :

Lot n°1 : Le Palanquin des larmes

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Lot n°2 : #Bleue

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Lot n°3 : Un ciel rouge, le matin

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Pour les deux derniers lots, vous pouvez retrouver mes chroniques de lectures en cliquant sur le titre du lot ! Le premier titre a été lu avant l’existence de mon blog 🙂

Pour participer, pas besoin forcément d’être blogueur, il vous suffit juste de :

  • Partager le concours sur l’un de vos compte : Facebook ou Twitter, ou simplement sur WordPress
  • & me dire en commentaire pour quel lot vous participez (notez bien le numéro et l’intitulé du lot) + m’indiquer le lien de votre partage !!

Et si vous souhaitez gagner quelques chances supplémentaires, vous pouvez (ce n’est donc pas une obligation) suivre ma page Facebook (+1) suivre mon compte Twitter (+1) suivre mon compte Instagram (+1)

Le concours se tiendra du jeudi 7 juillet au dimanche 17 juillet à minuit. Les résultats seront annoncés sur le blog et les réseaux sociaux le lundi 18 juillet à la première heure ! Les 3 gagnants devront me contacter par mail dans les plus brefs délais, afin de me communiquer leurs coordonnées postales. Ils ont 15 jours pour se manifester. Attention : Concours limité à l’Union Européenne.

Je vous souhaite bonne chance à tous !

Neal Cassady – Un truc très beau qui contient tout ***

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Éditeur : Points – Date de parution : 2015 – 385 pages

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Pour notre 4ème Lecture Commune avec Claire du blog La tête en Claire, nous avons décidé de nous attaquer à ce recueil de lettres Beatnik !! C’est une lecture commune qui a pris son temps, chacune dévorant le bouquin à son rythme 😉 Pour lire sa chronique, c’est par ici.

J’ai découvert Sur la route de Jack Kerouac sous la forme du rouleau original il y a quatre ans et je ne m’en suis pas remise. On y rencontrait un personnage central et fascinant : Neal Cassady, l’acolyte de Kerouac, gamin frénétique et fou. Avec Un truc très beau qui contient tout, on découvre sa correspondance avec les écrivains et personnalités de ce qu’on appellera plus tard la Beat Generation : Allen Ginsberg, Jack Kerouac, William Burroughs… Ce sont ses lettres qui ont inspiré Kerouac dans l’écriture de son célèbre roman.

Le recueil de lettres – de 1944 à 1950 – est très habilement agencé : alternance d’explications biographiques et de lettres. Les lettres sont ainsi contextualisées grâce aux éléments biographiques. En 1944, Neal a dix-neuf ans. Trois ans plus tard, il rencontre Kerouac et Ginsberg.

Les mots de Neal se dévorent et j’ai vite retrouvé l’effervescence de Sur la route. On reconnaît le tempérament de feu de Neal, sa frénésie et son urgence de vivre, à travers une écriture tout à fait hypnotique. Oscillant entre les divagations d’un homme sous l’emprise de diverses substances et une maîtrise incroyable de l’écriture, les lettres sont empreintes de folie.

Parfois brèves, mais souvent très longues, interminables, Neal y parle d’écriture et des difficultés qu’il rencontre. Il saute souvent du coq à l’âne, sous le coup de l’alcool, de la benzédrine, parle d’une chose puis en évoque une autre. Il disserte pendant des pages et des pages sur la littérature, la poésie, parle énormément de musique, de jazz… Il a soif de culture et d’art, sous toutes ses formes : théâtre, concerts, musées, il s’en nourrit.

Dans une de ses missives à Allen Ginsberg,  Neal Cassady avouera n’obéir qu’à ce qui le gouverne : l’émotion pure. On sent une urgence dans chacune de ses lettres. Neal est un homme à la fois attachant, fascinant et énervant dans sa désinvolture notamment vis à vis des autres.

Dans certaines lettres, Neal raconte ses hallucinations, il se plaît également à décortiquer ce qu’il ressent, à analyser son comportement. Il dit parfois des trucs complètement aberrants.

En lisant ces lettres, je me suis souvenue de ma lecture de Sur la route, et certains passages du film réalisé par Walter Salles me sont aussi revenus en mémoire. J’ai ressenti exactement la même euphorie qu’en lisant Sur la route. Le même coup de cœur pour cette bande de fous, qui ne tenaient pas en place. J’ai dévoré ces lettres, en immersion totale.

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« Si malgré tout je considère l’écriture comme indispensable (comme c’est apparemment ton cas), alors je sais que je dois construire ma vie autour de cette nécessité ; même mes heures les plus quelconques, les plus triviales, doivent devenir l’expression de cette impulsion et en témoigner. »

« C’est tellement beau ce que tu m’écris, ça me touche & je deviens sentimental & j’en ai rien à foutre parce que je sais que tu sais & donc je m’autorise à écrire seulement des trucs dépassés d’une façon dépassée & rapidement je deviens si abstrait & j’essaie tellement de contrecarrer ça par des pensées simples, répétitives & paresseuses, que mes lettres sont des foutaises ou des ormeaux ; si elles sont pas des espadons jouant à saute-mouton avec des marlins dans ton complètement contradictoireclodofauchantunsteackcuitdelaveille. »