Gabrielle Filteau-Chiba – Encabanée ***

Folio – 6 janvier 2022 – 109 pages

*

« Ma vie reprend du sens dans ma forêt. »

Lassée de l’aliénation citadine, Anouk prend la tangente. Elle abandonne son appartement de Montréal et trouve refuge dans une cabane isolée dans la région de Kamouraska – une région sauvage et désertée de toute présence humaine… L’hiver arrive ; moins 40 degrés dehors. La survie en autarcie commence, avec pour seules munitions des poèmes, de quoi faire du feu, l’écriture de son journal, les parties de solitaire.

Le temps d’une semaine, l’autrice nous offre une plongée fulgurante dans ce quotidien encabané, à la recherche d’un sens à donner à la vie. Jusqu’à la rencontre avec un inconnu aux cheveux noirs corbeau.

Une lecture surprenante et saisissante ; j’ai aimé la beauté de la langue ; sa poésie brute et son ironie. Cette immersion sauvage avec l’ombre de Thoreau qui plane.

Philippe Labro – Un été dans l’Ouest ***

<FEFF004C006100620072006F002D0055006E002000650301007400650301002

Folio – 1990 – 288 pages

*

« Quand j’ai pris la route cet été-là, quand je me suis retrouvé seul face aux cinq mille kilomètres qu’il faudrait franchir en auto-stop pour atteindre mon rendez-vous dans les forêts de l’Ouest, j’ai su que j’étais au seuil d’une aventure nouvelle. »

Nous sommes dans les années 50. Le narrateur – « ce jeune homme ignorant, apeuré mais aventureux et assoiffé de vivre et de savoir » – part à la découverte de l’Ouest américain, dans les pas de Thoreau, l’été de ses dix-neuf ans.

Étudiant français dans une université de l’Est, il part à la conquête d’un summer job ; il est engagé comme ouvrier forestier au camp de West Beaver, dans les montagnes du Colorado. Avec toute une équipe d’hommes, il est chargé de sauver les pins Ponderosa du travail destructeur des insectes…

Avant d’atteindre le camp, il doit prendre la route. Faire du stop. Monter dans une foule de Greyhound. C’est dans l’un d’eux qu’il rencontre Amy, la fille Clark à la voix chaude et aux cheveux fous. La fille à la guitare, dont il croit tomber amoureux. Chanteuse en veste à franges de chasseur, qui écrit des chansons et parcourt le pays à la recherche d’inspiration. Elle lui offre La Loi de la route, après avoir échappé à une tornade.

Arrivé au camp, le Frenchy – comme tout le monde va se mettre à l’appeler – rencontre Wild Bill, le barbu aux bottes noires de motard, et au tatouage intriguant. Qui dort avec un flingue sous l’oreiller… Dick le driver, l’insensé, le suicidaire. Pacheco, le mexicain, son fidèle coéquipier. Mack, qui le guide dans la forêt et lui délivre ses secrets, lui enseigne le langage des arbres, le sens de l’observation…

Avec Un été dans l’Ouest, Philippe Labro nous embarque pour une immersion dans les forêts du Colorado et nous offre un roman initiatique puissant. Nous voyageons aux côtés de ce Frenchy attachant ; avec lui, on est bouleversé par l’Ouest et sa nature – « les fleurs sauvages, les oiseaux et la musique des bêtes dans la nuit au cœur des forêts de l’Umcompaghre ; les signes et messages, pluie, soleil ou tornade, plusieurs fois venus du ciel vers moi. » Mais on est aussi saisi par la sauvagerie humaine… Au cours de cet été singulier et hors du temps, il apprend ce qu’aucun livre ou professeur d’Université ne lui enseignera jamais…

***

« Convaincu, comme je l’avais appris en lisant Thoreau, que la seule question qui vaille d’être posée était : « Comment vivre ? Comment obtenir le plus de vie possible ? », je suis parti le cœur ouvert à la recherche de cette vie-là – cette vie de plus qui m’obsédait et que je sentais remuer en moi comme un grondement sourd qui meuble, la nuit, le silence de certaines zones industrielles, dont on ne sait d’où il vient mais qui signifie qu’un haut fourneau, quelque part ne s’arrête pas de brûler. »

Henry D. Thoreau – La Succession des arbres en forêt ***

couv_livre_3154

Le mot et le reste – juin 2019 – 80 pages

*

Henry David Thoreau, ce nom me fascine depuis longtemps. J’ai son journal dans ma pal. Et j’ai très envie de découvrir son fameux Walden, rédigé à partir de sa retraite dans une cabane qu’il a construite près du lac Walden. Henry David Thoreau, c’est cet homme amoureux de la nature, qui rejette le conformisme de la civilisation ; à la fois homme de science et littéraire, il est considéré comme étant à l’origine du nature writing.

Ce petit ouvrage est constitué autour du texte d’une conférence que Thoreau a tenue devant la société d’agriculture du Middlesex à Concord, en 1860 – deux ans avant sa mort, à quarante cinq ans. Il s’adresse donc à des fermiers, des agriculteurs. Il y démontre le lien entre le déplacement des graines par divers agents de la Nature – écureuils, oiseaux et autres petites bestioles – et le renouvellement des arbres en forêts. Il prouve ainsi qu’il s’agit d’un phénomène naturel alors que certains abusent encore des théories créationnistes. Un texte fort et engagé qui résonne encore aujourd’hui et demeure actuel ; Thoreau apparaît comme un précurseur en matière d’écologie. L’introduction et la postface permettent d’éclairer la pensée du naturaliste et apportent des éléments de réflexion supplémentaires.

Lu dans le cadre d’une masse critique Babelio

masse-critique-babelio