Léonor de Récondo – Amours ***

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Éditeur : Points – Date de parution : mai 2016 – 206 pages

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1908. Nous plongeons dans le huis clos d’une maison bourgeoise du Cher. Victoire a été précipitée dans un mariage arrangé avec Anselme Boisvaillant, notaire à la suite de son père. Mais elle ne ressent rien pour lui, rien qui pourrait ressembler à de l’amour ou à du désir ; elle limite le plus possible les contacts physiques avec lui. Depuis presque cinq ans, Victoire attend de voir un enfant naître de cette union forcée, en vain. Quand il n’y tient plus, Anselme se rend au dernier étage de la maison, dans la chambre de bonne et abuse de Céleste sur son petit lit en fer forgé. Quand cette dernière tombe enceinte, Victoire y voit une chance d’avoir l’enfant qu’elle attend. Elle décide de l’élever comme son propre enfant, mais elle n’a pas la  fibre maternelle. Le nourrisson dépérit à vu d’œil en réclamant sa vraie mère, ressentant le besoin viscéral d’être avec elle. Alors une nuit, Céleste emporte son fils dans sa chambre au grenier, pour bercer la chair de sa chair contre elle. Victoire, s’apercevant de cette absence, les retrouve.

Si l’atmosphère un peu démodée de début du siècle m’a déroutée en lisant les premières pages, c’est finalement ce qui m’a charmée dans cette lecture ; l’écriture fluide et sensible de Léonor de Récondo m’a immédiatement conquise. On a l’impression d’être dans un autre temps qui ressemble sensiblement au nôtre. J’ai aimé suivre l’évolution de ces personnages et de leurs sentiments, enfermés dans les carcans -au figuré comme au propre – d’un monde bourgeois. J’ai aimé la pulsion de liberté qui s’empare de Victoire lorsque, prise d’une folie douce, elle jette au feu les boîtes contenant ses corsets.

L’auteure nous offre, au fil des pages, la naissance d’un amour clandestin, tabou pour cette époque très conventionnelle. Un amour interdit, à l’encontre des conventions.

Un roman éminemment féminin et féministe, à la fois sombre et lumineux, dont l’atmosphère, parfois très mystique, m’a fait penser à l’univers de Sylvie Germain.

Merci aux éditions Points pour cette belle lecture !

éditions POints

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« Céleste sent la terre battue et la solitude, toute son enfance, toute son histoire, si loin de celle de Victoire, et maintenant si proche, toute proche. »

« Quand on a vécu dans sa chair ce qu’il y a de plus obscur, on comprend combien il faut choyer la lumière, aussi éphémère soit-elle. »

« De la vie, on ne garde que quelques étreintes fugaces et la lumière d’un paysage. »

26 réflexions sur “Léonor de Récondo – Amours ***

  1. Ce roman a eu sur moi un effet terrible. Je l’ai adoré, je l’ai même classé dans mes coups de coeur. J’ai trouvé cette histoire très sensible. Elle est contée avec beaucoup de justesse. Je n’ai jamais lu Sylvie Germain, je vais m’empresser de le découvrir.

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    • Merci 🙂 c’est en effet le sentiment que j’ai eu, ce côté mystique et l’écriture à fleur de peau, m’ont rappelé un peu Sylvie Germain, que j’affectionne particulièrement (il faut absolument que je lise sont dernier roman d’ailleurs!!)

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  2. J’ai aimé ce roman aussi! C’est une période de l’Histoire que j’affectionne particulièrement. L’auteure a justement bien planté ce décor, c’est l’une des plus belles réussites du roman, à mon sens. Les multiples rebondissements et surprises m’ont beaucoup plu également. Leonor de Récondo est une auteure à suivre, pour cette sensibilité à fleur de peau qui lui est propre! J’avais beaucoup aimé Pietra Viva. Par contre, je n’ai pas encore lu Sylvie Germain, et si tu les compares, c’est très prometteur!

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    • C’est vrai qu’on s’y croirait, le décor est très bien planté, on perçoit tout à fait l’atmosphère de ce début de siècle. Je n’ai pas lu Pietra Viva, mais je pense poursuivre ma découverte de l’auteur avec celui-ci 🙂
      Je les compare seulement pour le côté mystique, sinon je ne pense pas qu’elle aient beaucoup en commun, après je n’ai lu que ce roman de Léonor de Récondo, donc je suis mal placée pour comparer.

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      • De Sylvie Germain j’ai lu « Magnus », « L’Inaperçu » et « A la table des hommes ». J’ai été marquée par l’aspect charnel et spirituel de son écriture. J’aimerais beaucoup lire ses romans du début, aux éditions Gallimard ; les connais-tu ?

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      • J’ai lu aussi « Magnus » et « L’Inaperçu », que j’ai beaucoup aimés! Oui, ses tout premiers romans sont sublimes, notamment : « Le Livre des nuits », « Jours de colère » qui est très fort… « Opéra muet » et « L’Enfant méduse »… je les ai pratiquement tous lus en fait ^^ et beaucoup aimés, ils dégagent tous, à leur façon, quelque chose d’envoûtant. Et l’écriture est magnifique.

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