Dominique Paquet – Prête-moi tes ailes ****

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Editions Théâtrales – 2019 – 43 pages

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L’été débute. Un jeune garçon, les yeux remplis de larmes, est assis au bord d’une rivière, solitaire. Une libellule se pose sur son bras et se met à lui parler. Ils se retrouvent ainsi au fil des jours pour discuter, dialoguer. De liberté entravée. De danse. Cette danse que le garçon aime tellement et qu’on lui interdit de pratiquer. Il évoque le chagrin qu’il éprouve. Et il ouvre ainsi son coeur à cette libellule bavarde.

« Libellule. – Et tu ne te sens pas fille aussi quelque fois ?

Lui. – Si. Mais pas à un moment particulier. Et puis tout de suite après, je me sens garçon. Non, ce n’est pas tout à fait vrai… Je me sens vivant. Être humain. Surtout quand je cours dans le vent. Ou à vélo sur une pente. Quand je danse, j’ai la sensation de voler. »

Ensemble ils refont le monde, interrogent le sens de la vie. Le sens de ces conventions sociales qui entravent les humains. Le garçon se surprend à rêver. La libellule devient consolatrice et philosophe.

Prête-moi tes ailes est une très jolie pièce de théâtre sous forme de conte philosophique qui nous délivre un questionnement sur les normes de la société.

Agnès Desarthe – La plus belle fille du monde ***

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école des loisirs – 2009 – 162 pages

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Sandra a 14 ans et une petite bande de potes qu’elle connaît depuis l’enfance – Allison, Fleur et Mon Commandant. D’ailleurs, l’enfance la questionne beaucoup : quand est ce que ça s’arrête ? Comment sait-on qu’elle est finie et qu’on est devenu adulte ?

Le jour où une nouvelle élève, Liouba Gogol, débarque dans leur salle de classe, Sandra se rend compte amèrement que plus rien ne sera jamais comme avant. En effet, Liouba est la plus belle fille du monde…

« Qui avait décidé qu’un nez globuleux et une petite bouche pincée rendent moche? Naissions nous avec, encodée dans notre cerveau, l’image de l’humain idéal? Était-ce quelque chose que l’on construisait en grandissant? »

Un joli roman à la fois déluré et réaliste, qui aborde une variété de thèmes à travers les questionnements d’une héroïne attachante et vraie ; l’amitié, l’enfance, la beauté et la laideur… Bien sûr, ce qui fait avant tout la saveur de ce roman, c’est l’humour d’Agnès Desarthe ! Une valeur sûre.

Milan Kundera – L’insoutenable légèreté de l’être ***

9782070381654

 

Éditeur : Folio – Date de parution : 2011 [1984] – 475 pages

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C’est le début d’une histoire au fond tout à fait banale : Tomas rencontre Tereza ; il se rend compte qu’il en tombe amoureux car il ne peut plus dormir sans elle, il éprouve le besoin de partager toutes ses nuits avec cette femme qui a sonné chez lui, Anna Karénine sous le bras. Mais pour autant, il n’est pas prêt à laisser tomber sa vie libertine et ses maîtresses occasionnelles ou régulières, comme l’énigmatique et entêtante Sabina. La jalousie de Tereza s’invite dans leur relation, tout comme la compassion de Tomas, chacun ne pouvant vivre l’un sans l’autre.

Nous sommes à la fin des années 60, le roman a pour toile de fond la Tchécoslovaquie, le Printemps de Prague. Puis la fuite des personnages vers Genève. Nous suivons les tergiversations et les errances amoureuses de trois personnages : Tereza, Tomas et Sabina, dans ce climat de révolution et de tensions politiques. La petite et la grande Histoire se côtoient.

Avec philosophie, une ironie parfois mordante et une justesse de regard, Milan Kundera nous dévoile les moments de ce couple ; les différentes étapes de la vie d’un couple sont disséquées minutieusement et intelligemment.

J’ai beaucoup aimé les interventions de l’auteur-narrateur – à la façon parfois d’un conteur – s’interrogeant fréquemment sur ses personnages et leur naissance. « Les personnages de mon roman sont mes propres possibilités qui ne se sont pas réalisées. » L’auteur déploie ainsi de belles réflexions sur le roman et les personnages : « Le roman n’est pas une confession de l’auteur, mais une exploration de ce qu’est la vie humaine dans le piège qu’est devenu le monde. » Ce roman est une mine d’or en terme de réflexions sur la littérature, la philosophie, l’amour, le monde… J’ai redécouvert avec délice la plume de Kundera, dont j’avais déjà lu La Valse aux adieux.

Je vous invite à lire l’analyse des personnages faite par Madame Lit, dont c’est un des romans préférés…

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« L’homme, à son insu, compose sa vie d’après les lois de la beauté jusque dans les instants du plus profond désespoir. »

« J’ai toujours devant les yeux Tereza assise sur une souche, elle caresse la tête de Karénine et songe à la faillite de l’humanité. »

« Le rêve est la preuve qu’imaginer, rêver ce qui n’a pas été, est l’un des plus profonds besoin de l’homme. »

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Livre lu dans le cadre du challenge des 100 livres !

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Les 100 livres