Nicolas Delesalle – Un parfum d’herbe coupée ***

9782253045458-001-T

 

Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : juin 2016 – 251 pages

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A l’enterrement de sa grand-mère, Kolia n’a même pas trente ans. Son grand-père, atteint d’Alzheimer, lui offrira ces derniers mots, lourds de vérité : « Tout passe, tout casse, tout lasse ». Quelques années plus tard, en repensant à ce moment-là, Kolia se projette dans le temps et s’adresse à son arrière-petite-fille, Anna, qui n’est pas encore née. Et il tente de mettre des mots sur sa vie jusqu’ici, les souvenirs de son enfance et de son adolescence resurgissent. A travers cette remémoration, il se demande ce qu’il restera de lui plus tard. Cette phrase de son grand-père, terrifiante de vérité, est le point de départ, le prétexte à son grand remue-ménage de souvenirs. Utilisant la métaphore de la photographie, Kolia part à la recherche de ces instantanés qu’il garde en mémoire… « Mais je veux quand même essayer de mitrailler le flou de ces petits moments qui ont changé mes joues, ces fragments d’enfance ordinaire… » Le narrateur interroge ces petits détails qui font tout.

Ce court roman est une très jolie découverte ; Nicolas Delesalle possède une plume intelligente et drôle. Anecdotes et souvenirs sont évoqués, à travers une atmosphère profondément nostalgique. Certains passages sont si bien décrits qu’ils sont drôles – comme celui sur sa découverte de la lecture, de Boris Vian – et d’autres très émouvants. Certaines phrases sont pleine de génie, elles font mouche et nous atteignent en plein cœur.

C’est un roman sur le souvenir, le temps et l’instant ; avec ses mots, le narrateur tente de capturer les images de son passé. Un petit livre criant de vérité, qui se déguste mot après mot, c’est presque un coup de cœur. Je me suis sentie étonnamment proche de Kolia, qui est un personnage touchant dans la mise à nu de son enfance.

Un grand merci au Livre de Poche pour cette belle lecture, que je n’oublierai pas de sitôt…

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« La vie est courte comme un flash, mieux vaut penser à sourire pour la photo. »

« Dès lors, ma libraire aux cheveux court devint mon dealer officiel. Chaque semaine, je revenais chercher ma dose et elle comblait méthodiquement les failles profondes creusées par une préadolescence de sportif joyeux mais illettré. »

« Et je suis entrée de plain-pied dans le temps, un peu comme on plonge enfin dans l’eau fraîche de l’océan après avoir mouillé ses pieds, en hésitant pendant des plombes dans les vaguelettes de la prime enfance. J’ai compris que j’étais bien. J’ai compris que j’étais content d’être bien. J’ai compris que c’était fragile, éphémère, un instant, jamais une vie, un hasard, jamais un dessein. »

« Ça fait toujours un drôle de bruit intérieur quand on laisse un endroit qu’on a longtemps hanté, on s’attache, ça craque, ça cogne, ça déchire, ça arrache. »

« C’était l’enfance qui se défendait. »

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