Florence Hinckel – #Bleue ***

bleue

 

Éditeur : Syros – Date de parution : novembre 2015 – 254 pages

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Silas vit dans une société où tout est fait pour vivre heureux et où la CEDE, la Cellule d’Éradication de la Douleur Émotionnelle, efface les souvenirs douloureux en les remplaçant par un point bleu à l’intérieur du poignet. L’oblitération est devenue obligatoire pour les mineurs.

Nous sommes dans un monde connecté : la connexion au Réseau se fait du matin au soir, tout le monde poste un statut à toute heure de la journée, et des alertes retentissent lorsque l’on ne s’est pas connecté pendant ne serait-ce que 3 minutes, les amis « veillent » les uns sur les autres.

Toute douleur morale a été éradiquée. Il s’agit d’une société où être heureux est devenu une obligation. Mais Silas est différent : il ressent le besoin de se déconnecter, de ne pas donner de nouvelles pendant quelques jours, surtout quand il est amoureux. Le jour où Astrid, sa petite amie, meurt renversée par un camion, Silas est pris en charge par la CEDE.

Ce roman jeunesse résonne avec beaucoup de force et de justesse à l’heure où Internet et les réseaux sociaux prennent une place prépondérante dans la vie quotidienne : on imagine un monde où Internet aurait dégénéré, en quelque sorte. De nombreuses questions surgissent quant à l’humanité et la relation aux autres à l’heure d’Internet.

A certains moments, j’ai pensé au film Eternal Sunshine of the Spotless mind, où le héros décide d’effacer le souvenir de son ex pour ne plus souffrir de leur rupture.

C’est un roman de dystopie qui se lit d’une traite, dans lequel on se plonge très facilement. On s’attache aux personnages et l’intrigue fait frémir. On découvre un monde où l’être humain n’a plus le droit de souffrir. Mais souffrir fait partie de la vie… Sans souffrance, plus de souvenirs, et nous courrons le risque de devenir des robots.

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« C’est nous, les sauvages. Nous perdons notre humanité. Et que faisons-nous de vous, les jeunes ? On vous empêche de grandir et de mener une véritable vie d’adultes. pas de souffrance, surtout ! Vous ne connaîtrez jamais la vraie vie, celle où l’on souffre, mais aussi où l’on aime vraiment, où l’on s’attendrit, où l’on s’entraide. Et vous ne vous apercevrez de rien. »