Gallmeister – février 2019 – 288 pages
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Jim Vann quitte pour un temps son refuge en Alaska, sa solitude, pour retrouver son frère cadet Doug à l’aéroport de San Francisco. Ce dernier doit le conduire chez le psy. Tout le monde s’inquiète pour Jim. Depuis quelques temps, le quarantenaire ne pense qu’au suicide et ne cesse de s’interroger sur le sens de sa vie. « Et s’il était impossible de changer le cours de notre vie, qu’on essayait simplement de comprendre ce qui nous attend? »
A l’aube de ses quarante ans, Jim retrouve sa famille, ses parents, ses deux ex-femmes et ses enfants, David et Cheryl. Il leur rend visite les uns après les autres, comme une sorte de pèlerinage. Tous s’inquiètent pour lui et veulent l’empêcher de commettre l’irréparable. Jim voyage avec son Magnum, prêt à tout moment à passer à l’acte…
Au fur et à mesure de la lecture, un sentiment de malaise grandit en nous. Les quelques jours qui s’écoulent sont empreints de folie feutrée et d’hystérie, de désespoir, aussi. La fin est connue d’avance. On est projeté dans l’intériorité de cet homme, malgré la distance entretenue avec l’emploie de la troisième personne du singulier.
A quoi ça tient une vie, au fond ? Qu’est-ce qui rend une vie insupportable ? Pour Jim, il y a une multitude de raisons… ses sinus douloureux, ses échecs amoureux et familiaux. Les plus de trois cent mille dollars qu’il doit au fisc. Sans oublier la solitude grandissante, l’incompréhension et le fossé qui se fait plus profond entre lui et les autres.
Dans ce nouveau « roman », David Vann nous livre son père et sa tragédie, entremêlant habilement la réalité et la fiction. Un roman dérangeant, qui nous remue littéralement de l’intérieur, dans lequel l’auteur s’attaque à l’intime, à l’histoire de son père, ce qui lui permet de nous poser ces questions : Pourquoi vivre? Qu’est-ce qui fait le sel de notre vie? Jusqu’au bout, Jim cherchera un sens à sa vie, une raison de ne pas appuyer sur la détente.
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« C’est juste que le monde s’étire à l’infini, mais vide, comme la toundra en Alaska. Ça continue, loin et encore plus loin, et c’est comme ça à l’intérieur, une friche infranchissable, rien que du vent. De la pression tout autour mais rien au milieu. »
Belle chronique ! J’ai beaucoup aimé le dernier David Vann et il m’a permis de mieux comprendre la noirceur de son œuvre. C’est un livre qui dérange, qui remue car on y parle de ce numéro d’équilibriste vécu par cet homme, ce père, ce fil ténu qui sépare la vie de la mort. J’ai trouvé le regard porté sur la maladie psychique d’une grande acuité. 🙂
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Merci! En effet, on comprend mieux la noirceur de son univers…
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Je n’ai encore jamais lu l’auteur, pourtant j’en entends que du bien surtout de la part de la booktubeuse Ilestbiencelivre !
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Rho !!!! Il faut que tu lises Sukkwan Island!
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Merci du conseil, je note =)
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Il est dans ma PAL mais le côté un peu dérangeant et intimiste me pousse à attendre le bon moment pour l’en sortir…
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Oui il faut choisir le bon moment pour le lire je pense!
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Très tentant! j’avais adoré Sukkwan island et Aquarium m’attend, j’espère lire celui-ci par la suite 🙂
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oh Aquarium est si beau!
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Le jour où David Vann écrira des livres soft n’est pas encore arrivé! Il me tente beaucoup celui-ci.
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C’est clair!
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