Ray Celestin – Carnaval ***

carnaval

Éditeur : Le Cherche-midi – Date de parution : mai 2015 – 496 pages

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Nouvelle-Orléans, 1919. Dans cette ville construite sur des marécages, surnommée la Ville Flottante, où le climat racial est délétère et où les rivalités ethniques se trouvent exacerbées, un tueur en série s’attaque aux habitants. Il tue à la hache et laisse des cartes de tarot sur les lieux de ses crimes. Peu à peu, la panique gagne les habitants. Et la rumeur selon laquelle on aurait affaire à un être surnaturel, un démon doté de pouvoirs, se propage comme une traînée de poudre. On évoque également la théorie du vaudou…

Un florilège de personnages se déploie sous nos yeux, tous très différents : Luca le Sicilien mafieux, ancien inspecteur de police, qui sort de prison après cinq années. Michael, son collègue qui l’a dénoncé. Ida, secrétaire dans une agence de détective et qui souhaite plus de responsabilité et d’investissement sur le terrain, s’ennuyant avec la paperasse ; Lewis, musicien de jazz, qui l’accompagne partout. John Riley, le journaliste qui en sait un peu trop.. Chacun à leur façon et selon des angles d’approche différents, ces personnages vont enquêter sur ce tueur et tenter de retrouver sa trace, de le démasquer.

Tous semblent obnubilés par le Tueur à la hache. Entre jazz, mafia, immigration et relations conflictuelles entre les Irlandais, les Italiens, les Créoles… Ray Celestin nous offre un polar historique étonnant et original.

J’ai beaucoup aimé ces différentes enquêtes qui se déroulent en parallèle, dans une atmosphère de fin de guerre, début des années 20 qui est terriblement bien rendue. En effet, nous plongeons littéralement dans cette époque aux multiples tensions, à l’aube de la Prohibition.

Un polar historique qui se dévore, que j’ai quitté à regret, et dont les personnages sont aussi attachants que dans un roman classique, ils possèdent en effet une réelle épaisseur psychologique. L’écriture est travaillée, l’atmosphère est au rendez-vous, bref c’est un vrai plaisir de lecture ! On frisonne, on ressent presque l’humidité marécageuse de cette ville à part, et on entendrait presque quelque mélodie de jazz à l’intersection d’une rue, d’une page.

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« Un tohu-bohu de carnaval montait jusque dans le commissariat par les fenêtres ouvertes, jusqu’au bureau des inspecteurs où Michael était assoupi, la tête sur la paperasse. Il dormait par à-coups. Les bruits de la rue s’infiltraient dans ses rêves et finirent par provoquer un cauchemar qui fit vibrer ses paupières. Il marchait dans la nuit, parcourant une Nouvelle-Orléans démoniaque où, dans les rues bondées, on fêtait mardi gras ; mais les visages étaient tous déformés et grotesques, les sourires figés et les yeux perçants. »

« Par la fenêtre, elle entendait la douce berceuse du fleuve. Bientôt, le Mississippi emporterait Lewis vers le nord et Ida le suivrait sans doute, attirée par la musique du fleuve, son flot continu aussi régulier et libérateur que la cascade de mots sur la page qu’elle avait sous les yeux. »

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