Éditeur : 10-18 – Date de parution : 2005 [1977] – 171 pages
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Virginia Woolf fait partie de ces auteurs qui me fascinent, et pourtant je n’avais à ce jour jamais rien lu d’elle. C’est maintenant chose faite, avec son essai Une chambre à soi, qu’elle écrivit à la fin des années 20. La romancière y réfléchit sur la relation entre les femmes et le roman.
Chargée de réfléchir sur cette épineuse question, souvent source de polémique et de préjugés, l’auteure choisit d’y répondre par ces mots : une femme, pour écrire, a besoin d’argent et d’une chambre à soi. Pour nous expliquer son opinion, la romancière choisit le biais de la fiction…
En sortant à la recherche de la vérité, Mary Setton – personnage de fiction mis en scène par l’auteure – se retrouve à la bibliothèque du British Museum. Avec effroi et colère, elle se rend compte de tous ces livres sur les femmes, écrits par des hommes. C’est tellement absurde.
Le passage qui m’a le plus marquée dans cet essai est sans doute celui dans lequel l’auteure réfléchit sur les conditions de vie d’une femme qui aurait eu le génie de Shakespeare à son époque… « Comment ce génie eût-il pu naître parmi les femmes dont le travail commençait presque avant leur sortie de la nursery, qui étaient contraintes à ce travail par leurs propres parents, qui étaient maintenues à leur tâche par la puissance de la loi et des coutumes ? ». N’importe quelle femme née au XVIème siècle et magnifiquement douée, serait devenue folle… On nous donne à imaginer une sœur de Shakespeare qui aurait eu ce don pour l’écriture & le théâtre et qui aurait cherché à en vivre ; on lui aurait ri au nez, on l’aurait simplement et brutalement ridiculisée. Cette sœur morte qui n’a jamais écrit est utilisée comme une métaphore de l’écrivain en puissance qui se trouve en chaque femme. « Mais je vous assure qu’elle viendrait si nous travaillions pour elle et que travailler ainsi, même dans la pauvreté et dans l’obscurité, est une chose qui vaut la peine. »
Il ne m’a pas fallu plus d’une journée pour dévorer cet essai, page après page, me nourrissant des mots. C’est un essai absolument fascinant, sur la place de la femme dans la littérature, en tant qu’écrivain, et être capable de création. Virginia Woolf met l’accent sur les obstacles & les humiliations auxquels ont dû se confronter les femmes dans les siècles précédents, et nous offre une mise en perspective historique essentielle. Elle évoque également quelques grandes figures féminines de la littérature, telles que les sœurs Brontë, George Eliot, Jane Austen…
Réflexion sur la place de la femme en société, sur son statut d’écrivain, cet essai permet également de nourrir la réflexion sur le roman – Virginia Woolf pose la question de ce qu’est la mise en roman, sa substance. « Le roman fait naître en nous nombre d’émotions antagonistes et contradictoires. La vie entre en conflit avec quelque chose qui n’est pas la vie. »
Un magnifique essai, un chef d’oeuvre qui n’a pas pris une seule ride, et qui s’adresse à toutes les femmes, qui désire provoquer l’élan créateur qui se cache en elles et les encourager à écrire. Un petit manuel de survie à l’usage des femmes écrivains ou en devenir, que je trouve nécessaire, que tout le monde devrait avoir entre les mains.
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« Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l’homme deux fois plus grande que nature. Sans ce pouvoir la terre serait probablement encore marécage et jungle. Les gloires de nos guerres seraient inconnues. (…) Les miroirs peuvent avoir de multiples visages dans les sociétés civilisées ; ils sont en tous cas indispensables à qui veut agir avec violence ou héroïsme. C’est pourquoi Napoléon et Mussolini insistent tous deux avec tant de force sur l’infériorité des femmes ; car si elles n’étaient pas inférieures, elles cesseraient d’être des miroirs grossissants. Et voilà pourquoi les femmes sont si souvent nécessaires aux hommes. »
« Ecrivez ce que vous désirez écrire, c’est tout ce qui importe. »
Tout comme toi, Virginia Woolf me fascine mais j’ai pas encore franchi le cap de la lire,et j’ai aussi ce sentiment avec Sylvia Plath. Il faut que je me lance!
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Oh oui !! Deux auteurs que j’ai découvertes cette année et je n’ai pas été déçue…!! Je te recommande la cloche de détresse ! et pour Virginia Woolf, celui-ci est à lire absolument…
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idem que Fanny, il faut vraiment que je me lance pour la découvrir!
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oui oui oui !! 😉
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Je l’ai dans ma PAL mais je ne me suis pas encore lancée dedans. Je suis en train de lire Pauline de George Sand, un livre tout aussi féministe avec une plume acérée qui me plait tant !
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Bonne prochaine lecture alors! Ah, je vais voir ça de plus près alors, j’ai envie de ce genre de lecture en ce moment 🙂
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Je vais le lire!!! Merci pour ce beau billet qui met en lumière une grande dame de la littérature!
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Oh merci 🙂 je lirai ton billet avec attention alors !! Tu as lu ses romans ?
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Oui. Mrs. Dalloway, Flush, Les vagues, etc.
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Il me le faut :3 Merci pour la découverte, j’avoue que c’est un nom que j’ai souvent entendu et qui me faisait un peu peur ^^’
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Et pourtant ça se lit très bien !!
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Je crois que c’est à cause de la pièce Who’s afraid of Virginia Woolf, elle m’a déprimée, et je n’ai pas compris le rapport avec Virginia Woolf ^^’
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Je n’ai jamais lu l’auteur mais j’aimerai beauoup !
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Ses romans sont à lire oui! Je compte m’y mettre cette année qui vient 🙂 en tous cas cet essai est génial
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Que tout le monde devrait avoir entre les mains, rien que ça !
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J’aimerais beaucoup le lire, j’ai vu qu’il y avait une nouvelle traduction de Marie Darrieussecq en plus. Ça m’a l’air d’etre du féminisme intelligent…
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Ah oui c’est vrai! Je n’ai du coup pas lu cette nouvelle traduction.. oh que oui! Un classique féministe à lire!!
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