Anne-Laure Bondoux – La Magnifique ***

Pocket – 2022 – 253 pages

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À Maussad-Vallée, au milieu des champs et de nulle part, la vie n’est qu’une suite de calamités pour Bella Rossa… Alors qu’elle a tout juste vingt ans, la jeune femme a connu des sécheresses, des inondations, des incendies, des invasions de sauterelles, des coulées de boue, des épidémies… Sa mère l’a quittée quand elle était enfant et son père est devenu un vieil infirme toujours aussi odieux et violent en paroles – mais plus en gestes heureusement.

Bella Rossa ne supporte plus sa vie dans cette bourgade remplie d’abrutis et perdue, éloignée de toute civilisation ; les hommes deviennent tous fous furieux et injurieux dès qu’ils la croisent à cause de sa beauté flamboyante et – surtout – de son opulente poitrine. Elle n’attend qu’une seule chose : partir.

La jeune femme profite de la guerre pour se carapater avec sa cariole fraichement fabriquée et tout un stock de casseroles et chandeliers amassé au fil du temps, au fil de ses déboires. Sous le soleil implacable des plaines, Bella Rossa compte colporter sa marchandise de patelin en patelin, de ville en ville, peut-être jusqu’à l’océan. Elle espère retrouver ainsi la trace de sa mère. Sauf que la pire des calamités lui tombe dessus… L’amour.

Bella Rossa est une héroïne au tempérament de feu – une femme forte et fougueuse, qui ne se laisse jamais abattre et qui a plus d’un tour dans son sac. Les personnages secondaires sont tout aussi savoureux ; l’amoureux manchot, le père alcoolique et irrascible… Anne-Laure Bondoux nous offre un trio de personnages si attachants. Quelle pépite que ce roman piquant ! Une lecture féministe qui s’est révélée drôle, émouvante et surtout terriblement juste ❤️ Un bonheur de lecture par les temps qui courent.

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Paulette Jiles – Des nouvelles du monde ****

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Collection Quai Voltaire – La Table Ronde – mai 2018 – 240 pages

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Hiver 1970, Texas. Le capitaine Kidd voyage en solitaire de ville en ville pour lire à voix haute les actualités – de préférence des nouvelles lointaines du monde – devant des assemblées dans des églises et salles de réunion.

Après une de ses lectures à Wichita Falls, le capitaine est chargé de ramener Johanna Leonberger à sa famille, près de San Antonio. Il fait la connaissance de cette enfant de dix ans, chétive et farouche, aux cheveux couleur caramel et aux étranges yeux bleus, vêtue comme une Indienne. Enlevée par des indiens Kiowas à l’âge de six ans, la fillette au regard de poupée de porcelaine se prend pour une indienne ; elle a appris leurs façons d’être, de vivre et leur langage… Le vieil homme et l’enfant vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser tout au long de leur périple qui sera semé d’embûches…

Un roman sublime qui nous propulse dans le temps ; nous parcourons avec Cho-Ena et Kepten les plaines plus ou moins sauvages du Texas à la fin du XIXème siècle, en proie aux conflits avec les tribus indiennes. Un western au rythme palpitant et aux personnages forts et attachants. Coup de ❤ !

Glendon Swarthout – Bénis soient les enfants et les bêtes ***

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Éditeur : Gallmeister – Date de parution : février 2017 – 176 pages

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Le Box Canyon Boys Camps. Situé en plein coeur de l’Arizona, ce camp de vacances pour garçons se targue de transformer les gosses de riches en vrais petits cow-boys. C’est dans ce camp que se rencontrent les six adolescents de ce roman.

Cotton. Les frères Lally. Goodenow. Teft. Schecker.

On les surnommes les Inaptes, les Tarés. Délaissés par leurs parents, ils ne peuvent dormir qu’avec leur poste radio allumés au fond de leurs sacs de couchage ; ils grincent des dents la nuit, pissent encore au lit… Cumulant les phobies, ils ne sont bons qu’à remporter le traditionnel pot de chambre lors des épreuves organisées par les moniteurs du camp.

Une nuit, les adolescents décident de s’enfuir du camp, de tenter l’aventure… mais laquelle ? Ils s’échappent à la suite d’un événement dont ils ont été témoins et qui les hante. Ils volent un pick-up et se retrouvent en pleine nuit à sillonner la montagne et le désert pour accomplir la mission qu’ils se sont assignée. Quel qu’en soit le prix à payer, ils iront jusqu’au bout…

Le récit alterne le présent de la fuite et le passé de chacun des adolescents. Une très belle plume, des personnages attachants… Un roman initiatique aux allures de western, court et incisif, qui manie avec talent l’humour, l’émotion et le suspense.

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« Nous naissons les mains souillées du sanf des bisons. Dans notre préhistoire à tous apparait la presence atavique de la bete. Elle broute les plaines de notre inconscient, elle pietine notre repos, et dans nos reves nous crions notre damnation. Nous savons ce sue nous avons fait, nous qui sommes un peuple violent. »