Monica Sabolo – Summer ***

Le Livre de Poche – 2019 – 288 pages

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Un jour d’été. Un pique-nique au bord du lac Léman. Une partie de cache-cache. Summer Wassner disparaît. Elle a dix-neuf ans. Des cheveux blonds comme le soleil. Tout pour réussir – son avenir est tout tracé. La dernière image d’elle que Benjamin, son frère mutique et taiseux, gardera figée sur sa rétine sont ses longues jambes et son short en jean qui disparaissent dans les bois…

Summer est un roman énigmatique, à l’atmosphère à la fois glauque et magnétique – un savant mélange de thriller et de roman psychologique.

Monica Sabolo nous offre une plongée dans la psyché de cet homme qui, vingt cinq ans après la disparition de sa sœur, se souvient. L’écriture, aussi sublime que glaçante, nous saisit par la main et nous entraîne dans les méandres de sa mémoire, ses pensées et souvenirs tortueux.

Grâce aux séances chez son psychiatre, Benjamin parvient à extraire des bribes de souvenirs. L’on réalise bien vite que les secrets de cette famille sont aussi lourds que des cadavres s’enfonçant dans les profondeurs du lac… L’image du lac revient tout au long du roman – comme une entêtante ritournelle – un personnage à part entière qui ne cesse de fasciner Benjamin – il imagine les créatures qui s’y cachent, métaphores des pires secrets de famille. Je dévore les dernières pages en apnée.

« Qui s’évapore, dans ce monde? Cela n’arrive pas, ou seulement dans ces familles maudites, dont le membre le plus inoffensif (et insignifiant), à force d’imaginer le pire, et de projeter sur autrui l’ombre dont il est fait, finit par provoquer ce qu’il redoutait le plus au monde. Il a le pouvoir de créer les drames qui naissent dans son cerveau dérangé, ils s’échappent de lui de la même façon que le sang s’écoule du corps de sa sœur, sombre, intarissable. »

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Estelle-Sarah Bulle – Les fantômes d’Issa ***

9782211305440

L’école des loisirs – janvier 2020 – 128 pages

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Issa a 12 ans, la peau chocolat, de longues tresses jusqu’aux fesses, quelques poignées d’amour et un secret qui l’étouffe et la fait cauchemarder depuis quatre ans. Pour tenter de s’en libérer, l’adolescente décide d’écrire un journal ; être enfin honnête avec elle-même et raconter par le début l’histoire de ce sombre secret, qu’elle n’ose révéler à personne, et surtout pas à ses parents.

Issa a la chance d’avoir une véritable amie depuis quelques mois, Charline, qui est tout son contraire ; elle a un an de plus et c’est la fille la plus libre, la plus « capée » qu’elle connaisse. Elle fume comme un pompier et se fiche des apparences. Quant à Issa, son style girly masque un grand manque de confiance en elle et une timidité. Les autres ne s’approchent pas trop d’elle.

Voici un petit roman que j’ai dévoré le temps d’une après-midi volée. Une écriture concise et limpide et une héroïne tourmentée et solitaire, qui devient vite attachante. Un très joli roman jeunesse, une intrigue toute simple mais efficace qui m’a captivée et chamboulée.

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C’est avec Les Fantômes d’Issa que je termine l’aventure de Mes Premières 68 ! Une belle aventure qui m’a offert la lecture de jolies pépites… Cliquez sur les liens ci-dessous pour retrouver l’ensemble de mes chroniques.

 

mespremires68

Maggie O’Farrell – En cas de forte chaleur ***

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Éditeur : 10-18 – Date de parution : 2015 – 356 pages

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Juillet 1976. Cela fait plusieurs jours qu’une forte chaleur s’est abattue sur Londres. Robert Riordan disparaît un matin ; il part chercher le journal et ne revient pas, laissant sa femme Gretta et ses enfants, Michael Francis, Monica et Aoife, dans l’incompréhension. Robert est un père de famille avare de mots, discret et attaché à ses petites habitudes ; cette disparition leur apparaît donc complètement absurde et inattendue.

Les trois frères et sœurs se retrouvent dans la maison familiale pour tenter de comprendre ce qui a poussé leur père à partir. Chacun transporte avec lui ses bagages émotionnels, son lot de soucis… Michael Francis voit son mariage partir à vau-l’eau, Monica ne s’est jamais remise de sa rupture avec Joe… Quant à Aoife, elle est partie à New-York voler de ses propres ailes.

C’est avec plaisir que j’ai renoué avec la plume de Maggie O’Farrell – j’avais adoré La Disparition d’Esme Lennox. La romancière irlandaise a beaucoup de talent dans la mise en scène de ses différents personnages, tous attachants. Un beau roman sur la famille et les secrets qui s’y cachent, piqueté d’humour, que j’ai savouré, qui m’a émue par moments… Il m’a cependant manqué quelque chose pour que j’apprécie pleinement ma lecture.

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« Elle pose la main sur son diaphragme. Qu’il est étrange de se sentir si seule et de savoir qu’on ne l’est pas. Il y a un second cœur qui bat en elle. »

« Ces derniers temps, elle a renoncé à comprendre pourquoi certaines choses se produisaient. Cela ne sert à rien, à rien du tout. Ce qui doit arriver arrive, souvent sans raison. Mais là, c’est autre chose. Que ça arrive, que ça commence, qu’une vie soit prête à venir au monde alors que tant de gens semblent se détacher d’elle, comment est-ce possible ? »