Blandine Le Callet – La ballade de Lila K ****

Le Livre de Poche – 2012 – 354 pages

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Lila, la narratrice, l’héroïne de ce roman éponyme intriguant, nous raconte son histoire. Alors qu’elle est une enfant, des hommes en noir surgissent chez elle et enlèvent sa mère. Lila est conduite dans un Centre – une curieuse pension, une prison, un asile ? Elle y est prise en charge, soignée, opérée, nourrie de force. Lila est une enfant de 6 ans qui semble souffrir de plusieurs séquelles… Elle ne supporte aucune nourriture, la lumière l’aveugle, tout contact tactile la débecte. Elle a en horreur les autres et notamment les autres enfants. « Surdouée, asociale, polytraumatisée. » Elle grandit avec une seule et unique obsession : retrouver sa mère, dont le souvenir s’est estompé.

Le roman de Blandine Le Callet m’a complètement envoûtée, absorbée. Si je n’avais pas été aussi fatiguée, j’aurais pu le finir en une nuit, tellement j’étais avide d’en connaître la suite chaque soir. L’autrice nous plonge dans une société du futur, dans les années 2100 ; une société où les livres sont devenus toxiques – c’est ce que la mystérieuse Commission prétend, en tous cas – la chirurgie esthétique obligatoire, les grossesses contrôlées et les caméras omniprésentes. On peut tomber sur des chimères et des chats qui passent par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel…

Si l’univers romanesque est habilement construit, c’est l’héroïne qui m’a surtout fascinée. Son intelligence supérieure, son culot et sa détermination. Les personnages secondaires ne sont pas en reste : Monsieur Kauffmann, personnage excentrique qui marquera Lila à tout jamais ; Fernand et sa fidélité à toute épreuve, Milo et le halo de mystère qui l’entoure.

La Ballade de Lila K est un roman d’apprentissage et de science-fiction addictif et puissant qui résonne avec justesse dans notre actuelle société ; c’est également un magnifique message sur la résilience. Lila va demeurer un moment dans mon esprit.

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Laura Jaffé – Journal d’une fille chien ***

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La Ville brûle – 2018 – 104 pages

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La voix qui s’élève de ce journal intime est celle de Josépha Bellini, une adolescente pas comme les autres. Nous sommes en 2038 et Josépha possède une intelligence hors du commun et est atteinte d’une maladie rare, l’hypertrichose, autrement appelée le syndrome du loup-garou. Comme Anne Franck, elle tutoie son journal intime, qui devient un ami imaginaire, son confident de papier.

La société dans laquelle l’adolescente vit a vu la montée au pouvoir d’un parti fasciste, le PUP – Parti Unique du Progrès – qui a fermé les frontières du pays et menace de regrouper dans des camps d’internement tous les handicapés, les différents et marginaux.

Toujours élue élève la plus méritante du collège, Josépha se trouve, du jour au lendemain, dénigrés par les professeurs et les élèves fomentent un coup monté pour la faire renvoyer. La jeune fille se retrouve enfermée chez elle, avec une mère débordante de mépris et de haine. Quelques temps plus tard, la fille chien est envoyée dans un de ces fameux centres où sont atterrissent tous les adolescents qui ne rentrent pas dans la norme physique et psychique.

Josépha porte un regard acéré et sans pitié sur elle-même. Journal d’une fille chien est un roman qui m’a glacé le sang, figée sur place ; une dystopie intelligente qui s’inspire de faits réels empruntés à la période nazie que j’ai lu d’une traite, scotchée par la voix de Josépha.

William Mallowney – Les Poètes du Chaos **

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Auto-édité grâce à Librinova – Juin 2018 – 534 pages

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2055. Dans un monde post-apocalyptiquele brouillard a pris possession du ciel et où le chaos s’est emparé des humains, les Éphémères – êtres humains augmentés – ont pris le contrôle de Paris, chassant et traquant les Poètes. Voyageur est un des rares à avoir réussi à leur échapper. En compagnie de son chien Argos, il a parcouru l’Europe avec ces êtres à ses trousses, en quête de la femme de sa vie, Lumineuse.

Et puis les Poètes de Paris, que l’on pensait disparus, lancent un appel à la lutte – l’appel du 18 juin post-apocalyptique. Voyageur décide d’y répondre, conservant au fond de son cœur une foi inébranlable en la Chaarchie ; ce subtile mélange entre l’art, la politique, la poésie et les sciences qui permettrait de gouverner.

Voyageur se met en route vers la région parisienne, faisant une première halte au Stade de France où il rencontre les Stadistes. Parmi eux, Blady, une jeune femme qui va l’épauler dans sa mission.

Sous la plume de William Mallowney, nous découvrons un Paris post-apocalyptique envahi par des cannibales et des Poètes qui s’affrontent à coup de joutes versifiées. Chaque chapitre s’ouvre sur un poème. L’auteur nous abreuve d’une foule de détails grâce à une imagination débordante et une plume créative qui nous embarque dans un univers un peu fou.

Une histoire dense qui, malgré certaines longueurs, me ferre peu à peu… Si je demeure un peu perdue par moment par l’intrigue et les nombreux personnages, je finis par me prendre au jeu et par m’attacher à Voyageur. Un des messages véhiculés par ce roman m’a touchée : l’art comme moyen de rêver au milieu de l’effondrement général et du chaos. « Nous recherchons le beau au milieu du chaos »

Un roman nourri de références littéraires, historiques et scientifiques – de la SF érudite – où l’humour s’avance à la fois masqué et démasqué. On sent le plaisir qu’a eu l’auteur en écrivant son roman et on ne peut que rester admiratif devant tant d’imagination.

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« Détachés de l’aspect purement matériel de la survie, ils redécouvraient l’art, s’en servaient comme ciment social, comme dose prophylactique de beauté contre la noirceur de la réalité. (…) L’utopie qu’ils avaient créée devait apporter du beau dans chaque acte de l’existence. »

« Combien de coups de tête, de coups de dés

Me reste-t-il encore à choisir ?

Sauvez une vie ou un souvenir ?

Risquer encore ma tête pour une idée »

Hugues Boulet – Les Gens des Hauts

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Livre en auto-édition – Date de parution : mars 2017 – 216 pages

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Un titre intriguant pour un roman de science-fiction qui se passe en Amérique du Sud, à Decamon. Cette ville – fictive – qui fait rêver les gens des Hauts. Nous sommes dans les années 90, après la révolution de janvier 1983 qui a soulevé la ville. Francisco et Ines s’apprêtent à partir. Dolores et Juan, quant à eux, rêvent de Decamon, dont ils n’ont cessé d’entendre parler depuis leur enfance. Nous suivons dans ce roman le destin de ces quatre personnages ; leur désir de fuite, leurs amours.

Un roman qui s’annonçait prometteur : une belle écriture ; des descriptions de Decamon et des alentours très évocatrices, on est immédiatement immergés dans une atmosphère singulière, sombre et énigmatique. Même si je ne suis pas une grande fan de science-fiction, j’aime les intrigues qui se déroulent en Amérique latine. Mais peu à peu, je me suis ennuyée et je ne suis pas parvenue à m’intéresser vraiment au destin de ces personnages – à les faire vivre en moi – ni à adhérer à l’intrigue, un peu décousue. Il m’a clairement manqué quelque chose, et c’est dommage !

Emily St. John Mandel – Station Eleven ****

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Éditeur : Rivages – Date de parution : août 2016 – 480 pages

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J’ai lu ce roman dans le cadre d’une lecture commune avec Fanny, du blog Pages versicolores, et ce fut un plaisir d’échanger et de partager cette lecture avec elle ! Pour retrouver son propre billet et découvrir son avis, c’est par ici !

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Un soir d’hiver à l’Elgin Theatre de Toronto, le célèbre acteur Arthur Leander s’écroule sur scène. Son cœur cesse de battre en pleine représentation du Roi Lear. Un des spectateurs, Jeevan, se précipite sur scène pour tenter de secourir l’acteur, mais il est trop tard. Dans l’ombre de la scène, une petite fille sanglote. En sortant du théâtre, Jeevan n’a pas le cœur à rentrer chez lui. Il erre dans les rues, sous les flocons de neige, lorsque l’appel d’un ami urgentiste lui apprend qu’une terrible pandémie de grippe, en provenance de Géorgie, se répand sur la ville de façon alarmante. Il le supplie de quitter immédiatement Toronto avec sa femme et son frère.

Vingt ans après le cataclysme, nous suivons La Symphonie Itinérante, une troupe d’acteurs et de musiciens qui déambule et voyage à travers la région du lac Michigan, dans des voitures transformées en caravanes. Envers et contre tout, ils jouent du Shakespeare et des morceaux de musique classique. Parmi cette troupe itinérante, cette seconde famille, se trouve Kirsten, l’enfant qui a assisté à la mort d’Arthur Leander. Elle a désormais vingt-huit ans et ne garde aucun souvenir de la première année qui a suivi la fin du monde. Construit sur ces échos d’un monde à l’autre, le roman alterne ainsi deux temporalités : ce qui s’est passé avant le cataclysme, et les années qui ont suivi dans ce monde post-apocalyptique.

Station Eleven est un roman difficile à classer et dont j’ai beaucoup de mal à parler tant il m’a remuée. C’est à la fois un roman de science-fiction, un roman d’aventures, nous faisant réfléchir sur l’homme et son devenir, l’art… Si au cours de ma lecture, j’ai pensé à Walking dead, la comparaison ne tient pas longtemps la route ; l’univers que nous dépeint Emily St John Mandel est particulièrement bien campé, et très réaliste : aucun détail n’est laissé au hasard.

L’intrigue dans laquelle on s’immerge complètement est tissée de multiples connexions entre l’avant et l’après cataclysme, elle met en scène des chassés-croisés entre les personnages, grâce à une plume sensible et incisive. Ce roman m’a littéralement enthousiasmée, émue, me transportant dans un Ailleurs qui nous questionne sur la fin possible d’un monde, le rôle de l’art et l’importance des souvenirs dans une vie, leur profonde subjectivité.

Un roman que je ne voulais pas refermer, que j’aimerais relire. ❤

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« L’enfer, c’est l’absence de ceux qu’on voudrait tant avoir auprès de soi. »

« Mes souvenirs d’avant le cataclysme ressemblent aujourd’hui à des rêves. Je me souviens d’avoir regardé par le hublot d’un avion, ce devait être dans le courant de la dernière année, et d’avoir vu du ciel la ville de New York. »

« Il est surprenant de voir la rapidité avec laquelle on en vient à trouver normal de vivre sur un banc, avec une simple valise, près d’une porte d’embarquement. »

Daniel Keyes – Des Fleurs pour Algernon ***

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Éditeur : J’ai Lu – Date de parution : 2011 [1966] – 542 pages

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J’ai enfin eu l’occasion de me plonger dans ce fameux roman de science-fiction dont tout le monde parle ! Et c’était aussi pour moi l’occasion de cocher un livre supplémentaire dans ma liste de 100 livres à avoir lu dans sa vie… Challenge que j’avais un peu délaissé ces derniers temps, ce qui est dommage.

Charlie Gordon est un simple d’esprit, retardé de naissance. Il a la trentaine, mais a le comportement d’un enfant vis à vis des autres et du monde qui l’entoure. Lorsque le professeur Nemur et le docteur Strauss lui proposent une opération capable de le rendre intelligent, il accepte tout de suite. Avant et après l’opération, Charlie tient un carnet de bord, sur la recommandation des scientifiques qui le suivent. Et on voit peu à peu l’évolution de son écriture et les progrès qu’il fait, après l’opération. Cette opération n’a jamais été testée sur les humains ; seulement sur Algernon, une souris blanche. On suit au plus près l’évolution psychique de Charlie ; son regard qui change sur le monde qu’il a toujours connu, sa compréhension qui s’éveille et s’aiguise et les connaissance qui s’accumulent de façon fabuleuse.

Ce roman, en regard de la description psychique du personnage, tient du génie ! Au début, l’écriture m’a un peu déstabilisée : Charlie décrit son quotidien, et son écriture est donc remplie d’inombrables fautes, sans virgule ; il écrit les mots de façon phonétique.

C’est un roman qui questionne l’intelligence : est-elle vraiment une condition du bonheur ? Ne faut-il pas au contraire envier les simples d’esprit, le fait de ne connaître qu’une partie de la vérité, de ne pas avoir accès à la connaissance. Tout au long du roman se déploie l’allégorie de la caverne de Platon. Charlie, simple d’esprit, tourne le dos à l’entrée de la caverne, et ne connaît de la réalité que les ombres projetées sur le mur. A la suite de son opération, la lumière se fait dans son esprit, pour le meilleur et pour le pire.

Une lecture que je ne regrette pas, que j’ai trouvé littéralement géniale et qui m’a hantée, longtemps après.

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« Maintenant, je comprends que l’une des grandes raisons d’aller au collège et de s’instruire, c’est d’apprendre que les choses auxquelles on a cru toute sa vie ne sont pas vraies, et que rien n’est ce qu’il paraît être. »

« Ton génie a détruit ta foi dans le monde et dans ton prochain. »

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Livre lu dans le cadre du Challenge des 100 livres !

9 / 71

Les 100 livres

Lois Lowry – Le Passeur ***

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Éditeur : L’Ecole des loisirs – Date de parution : 2016 [1992] – 219 pages

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Je vous présente ma nouvelle lecture commune avec Claire du blog La tête en Claire ; je ne les compte même plus, on commence à en avoir beaucoup à notre actif ! Cette fois-ci, il s’agit d’une LC particulière car, tandis que je lisais Le Passeur en VF, Claire le lisait en VO…! Je la remercie encore pour ce bouquin, que j’ai gagné grâce au concours qu’elle organisait pour l’anniversaire de son blog. Pour découvrir son billet, c’est par ici !

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Je dois dire que c’est un roman tout à fait fascinant, précurseur dans le genre de la dystopie pour la jeunesse, car publié au début des années 90, avant tous les Divergente, Hunger Game… Lois Lowry nous invite dans un monde contre-utopique, où l’on fait la connaissance de Jonas, un jeune adolescent. Dans cette société de L’Identique, tout est programmé et régulé au millimètre près : les enfants, le conjoint, la cellule familiale, le métier ; les choix n’existent pas. Les gens ne lisent pas. Jusqu’à l’âge de douze ans, chaque année, les enfants assistent à la cérémonie du passage à l’âge supérieur. C’est à douze ans qu’on leur attribue un métier, une fonction, qu’ils vont exercer toute leur vie. Jonas va bientôt avoir douze ans, il est anxieux car il ne sait absolument pas ce qui l’attend. Depuis quelques temps, il voit des choses étranges autour de lui, sa perception se modifie le temps de brefs instants.

Au fil des pages, on se rend compte que ce monde n’a rien d’idéal. Chaque étape de l’enfance est ritualisée. Si l’on contrevient aux règles de la société, il y a la menace de l’élargissement. Mais en quoi consiste-t-il vraiment ? Le bruit court que les personnes élargies partent vers l’Ailleurs. Et que certaines personnes sont parvenues à s’enfuir vers cet Ailleurs.

Il m’a fallu quelques dizaines de pages pour m’immerger complètement dans ce roman, que j’ai fini par trouver fabuleux et foisonnant, même s’il est très court. J’ai été hypnotisée par l’intrigue. Je ne vous en dévoilerais pas plus sur ce roman, car c’est son mystère qui lui donne tout son charme… Un dernier mot : j’ai particulièrement aimé la rencontre de Jonas avec le Passeur ; il se rend compte peu à peu de tout ce qui lui manque, et du monde qui existait avant… Il découvre les souvenirs.

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« Il voulait son enfance, ses genoux écorchés et son ballon. Assis seul dans son habitation, il regardait par la fenêtre et voyait les enfants jouer et les citoyens rentrer chez eux après une journée sans surprises ; des vies ordinaires débarrassées de toute angoisse parce qu’il avait été sélectionné, comme d’autres avant lui, pour porter leur fardeau. »

Cécile Coulon – Le rire du grand blessé ***

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Éditeur : Points – Date de parution : août 2015 – 135 pages

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1075 est un Agent chargé d’empêcher une population droguée aux Livres de se perdre dans son addiction, il a pour rôle de refréner leurs ardeurs ; il est surtout chargé d’assurer la sécurité lors des Manifestations à Haut Risque pendant lesquelles un Liseur offre cent-dix pages de mots à la foule parquée dans un stade… Les mots sont dotés d’un pouvoir stupéfiants, ils font ressentir une multitude d’émotions violentes à la foule, ce sont des armes chargées. Il y a les Livres Frisson qui font hurler d’angoisse, Livres Terreur qui inspirent une panique sans borne, les Livres Chagrin qui provoquent un flot de larmes… Les Livres Tendresse ont moins de succès. Les mots : une drogue publique, ils provoquent l’exacerbation des émotions.

Une seule exigence pour être Agent : être analphabète et faire le serment de ne jamais apprendre à lire. Les Agents sont surveillés à toute heure du jour et de la nuit ; ils vivent en vase clos. Cette fonction est la seule issue de secours, la seule planche de salut pour les oubliés de la société, les laissés-pour-compte.

Ce nouveau régime de terreur mis en place par un obscur gouvernement est le suivant : faire surveiller les lecteurs par ceux qui ne savent pas déchiffrer une lettre. Le pouvoir est donné aux analphabètes, ils deviennent l’élite du pays, tandis que les lecteurs sont considérés comme de vulgaires junkies. Mais un jour, au hasard des couloirs d’un hôpital, 1075 rencontre une institutrice…

Je n’en dirai pas plus car l’intrigue se dévoile petit à petit et ce court roman est très bien ficelé!

Dès les premières lignes, ce livre de pure science fiction m’a fait pensé à Fahrenheit 451 de Ray Bradbury, qui était pour moi un très beau coup de cœur, par rapport aux livres qui inspirent le danger. J’ai aussi pensé au roman d’Aldous Huxley, Le Meilleur des mondes.

On sent une maîtrise incroyable de l’écriture de Cécile Coulon. Le récit est fluide, les mots percutants tout autant que l’histoire en elle-même. J’avais déjà été saisie par l’écriture de l’auteure dans Méfiez-vous des enfants sages. Je ne suis pas déçue ici. J’ai été totalement captive et captivée par l’histoire.

J’ai été plongée littéralement cette histoire qui mêle avec brio des réflexions autour de la liberté, la lecture, la littérature et une évidente critique d’une certaine littérature commerciale.

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« Cinquante mille spectateurs pour un Livre Frisson. La Lecture à peine commencée, des passionnés s’évanouiraient au premier rang, pousseraient des hurlements d’angoisse à crever les tympans. »

« Aucun détail laissé au hasard : rien ne les poussait à apprendre à lire. On enlevait magazines, livres, jeux, calendriers, notices, étiquettes. Ce qui comportait mots, phrases ou paragraphes était banni. Les tubes de dentifrice ne portaient aucune mention, pas plus que les pots de moutarde. »