Riad Sattouf – L’Arabe du futur. Tome 1 ***

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Éditeur : Allary Editions – Date de parution : 2014 – 158 pages

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A travers cette BD autobiographique, Riad Sattouf met en scène son enfance au Moyen-Orient dans les années 80. Il a deux ans, de beaux cheveux blonds qui font l’admiration de tous. Ses parents, Clémentine une bretonne et Abdel-Razak un étudiant syrien, se sont rencontrés dans les années 70 à la Sorbonne. Son père, devenu docteur en Histoire, trouve un poste en Libye. Ils découvrent un pays sous le joug de Kadhafi, le Guide Suprême. Issu d’un milieu pauvre, féru de politique et obsédé par le panarabisme, Abdel-Razak Sattouf élève son fils dans le culte des grands dictateurs arabes, symboles de modernité et de puissance virile. En 1984, la famille déménage en Syrie – dirigée d’une main de fer par Hafez el-Assad – pour rejoindre les autres Sattouf, dans un petit village près de Homs.

 

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A travers l’histoire de son enfance, l’auteur nous raconte l’histoire politique arabe, évoque le conflit israélo-palestinien… Le trait de crayon de Riad Sattouf est très drôle, cocasse. Les bulles se dévorent. Même si je n’ai pas ressenti un enthousiasme débordant pour cette BD, à l’image de son succès retentissant, j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir à lire ce premier tome, le sourire aux lèvres.

 

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Donald Ray Pollock – Le diable, tout le temps ***

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Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : mai 2014 – 403 pages

4ème de couverture : « De l’Ohio à la Virginie-Occidentale, de 1945 à 1965, des destins se mêlent et s’entrechoquent : un rescapé de l’enfer du Pacifique, traumatisé et prêt à tout pour sauver sa femme malade ; un couple qui joue à piéger les auto-stoppeurs ; un prédicateur et un musicien en fauteuil roulant qui vont de ville en ville, fuyant la loi… La prose somptueuse de ce premier roman de D.R. Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages. Un univers qui rappelle ceux de Flannery O’Connor, Jim Thompson ou Cormac McCarthy. »

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Entre 1945 et 1965 et de l’Ohio à la Virginie-Occidentale, ce roman met en scène plusieurs personnages dont les destins vont se croiser petit à petit. Ces personnages ne sont pas des saints, loin de là : un père, rescapé de guerre, qui emmène son fils prier dans les bois et sacrifier des animaux pour sauver sa femme mourante, un couple qui s’amuse à piéger les auto-stoppeurs de façon particulièrement répugnante, un tandem en cavale composé d’un musicien en fauteuil roulant et d’un prédicateur coupable d’avoir assassiné sa femme à l’aide d’un tournevis, un pasteur qui prend plaisir à pervertir les jeunes filles pieuses… A travers les sept parties qui composent ce roman effrayant, nous suivons le parcours de ces individus sur une vingtaine d’années, leurs destins se croisent, s’entremêlent, jusqu’au moment où ils se rejoignent et les pièces du puzzle s’imbriquent les unes dans les autres à la toute fin.

C’est un roman extrêmement noir, où l’auteur nous donne à voir des personnages abjects, meurtriers, diaboliques, hantés par leur passé et leurs démons intérieurs. Un roman sans concession, à l’écriture âpre, où l’espoir s’étouffe à chaque page ; l’intrigue est captivante, rien n’est laissé au hasard et on ne peut lâcher le livre avant de l’avoir terminé.

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« En un triste matin de la fin d’un mois d’octobre pluvieux, Arvin Eugene Russell se hâtait derrière son père, Willard, le long d’une pâture dominant un long val rocailleux du nom de Knockemstiff, dans le sud de l’Ohio. Willard était grand et décharné, et Arvin avait du mal à le suivre. Le champ était envahi de plaques de bruyère et de touffes fanées de mouron et de chardon, et la brume sur le sol, aussi épaisse que les nuages gris, montait aux genoux du garçon de neuf ans. Au bout de quelques minutes, ils tournèrent dans les bois et suivirent une étroite coulée de cerf qui descendait la colline, jusqu’au moment où ils parvinrent à un tronc couché dans une petite clairière, vestige d’un grand chêne rouge qui était tombé bien des années auparavant. Une croix usée par les intempéries, faites de planches prises à la grange en ruines derrière leur ferme, penchait un peu vers l’est dans la terre meuble à quelques mètres en dessous d’eux. »