Benedict Wells – Presque génial **

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Slatkine & Cie – août 2020 – 416 pages

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Francis Dean a tout juste dix huit ans ; il vit avec sa mère dans un mobil-home délabré parmi d’autres, à la lisière de Claymont ; une ville qu’il considère comme un trou, sur la côte est des USA, au coeur du New Jersey. Sa mère jongle entre dépression, nouveaux mecs et internement en psychiatrie. En allant rendre visite à sa mère à la clinique, Francis amoureux d’une jeune fille, Anne-May, internée elle aussi.

Francis a toujours rêvé de quitter cette ville de misère, dans laquelle il sent qu’il finira par s’enliser s’il n’agit pas. Quand sa mère fait une tentative de suicide et lui laisse une lettre dans laquelle elle lui révèle la vérité sur son vrai père, Francis décide de le retrouver. Il embarque dans l’aventure son pote Grover – un peu loser sur les bords et complètement nerd – et Anne-May, qui en profite pour fuguer de la clinique. Ensemble, ils vont traverser les USA pour atteindre Los Angeles où se trouve peut-être le père de Francis.

Un road-trip aux USA, en direction de l’Ouest ? Ce synopsis avait tout pour me plaire ! Au début, je m’attache assez vite au personnage principal, qui ne peut qu’attirer la sympathie ; et je trouve ce road-trip tendre et cocasse. Et puis, quelques facilités me sautent aux yeux, certains passages m’apparaissent peu crédibles. Si j’ai aimé les références à Kerouac, les clichés m’ont un peu agacée. Presque génial demeure cependant une lecture agréable, qui se déguste avec plaisir, mais sans surprise.

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Salvatore Minni – Anamnèse *

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Slatkine & Cie – octobre 2019 – 288 pages

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Chaque nuit, Marie rêve d’une femme en sang, poignardée, qui la supplie. Chaque matin, elle se lève, en état de choc, pour aller travailler. Elle est psychanalyste, elle reçoit ses patients et analyse leurs rêves – des cas souvent complexes et délicats. Parmi eux, Jack Lee, un homme profondément torturé et versatile, traumatisé par la mort de sa femme et de sa fille. Quand Marie ne cauchemarde pas, elle reçoit des appels d’un homme qu’elle ne connaît pas et qui l’appelle Vanessa et réclame vengeance…

Un thriller étrange et tortueux qui distille l’angoisse petit à petit. Des personnages énigmatiques mais avec finalement assez peu de profondeur et une intrigue sombre et surprenante, qui nous égare beaucoup trop. Ajoutez à cela des dialogues un peu guindés… Quelle déception ! J’ai fini par trouver ce thriller complètement tiré par les cheveux avec un retournement de situation incompréhensible et une fin alambiquée. Bref, j’ai cru tout comprendre au bout de 100 pages pour finir par ne plus rien comprendre du tout.

Maria Pourchet – Champion ***

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Folio – novembre 2019 – 256 pages

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Sur des cahiers à petits carreaux, Fabien raconte à sa psychiatre son quotidien dans une pension catholique en 1992. Il noircit les pages de ces cahiers, les uns après les autres, depuis un centre de repos, dont il ne pourra sortir que lorsqu’il aura raconté les événements qui l’y ont conduit

Fabien nous livre aussi ses weekend chez ses parents ; sa mère qui passe son temps à l’engueuler et à le battre, son père toujours absent, qui se tue au boulot. Une ambiance familiale exécrable et violente ; des parents qui semblent n’avoir jamais voulu de cet enfant. Mais l’adolescent ne s’en formalise ; il a décidé de devenir un « crack » en anglais pour s’envoler jusqu’à Manhattan, loin de ce bled pourri. Son seul ami c’est Champion, un loup. Son ami imaginaire – son versant animal – sa part d’ombre.

Cahier après cahier, l’on découvre la personnalité de Fabien, un adolescent solitaire, subversif et moqueur, grossier et provocateur – très pince-sans-rire, ses écrits n’épargnent personne. Très vite, on se rend compte qu’il se donne un genre ; tout n’est qu’apparence. Fabien a choisi le rire pour ne pas chialer, comme il dit. Il écrit comme il parle, ne fait pas attention au style, aux mots grossiers qu’il emploie. Il écrit avec son coeur. Ses tripes, il les met sur la table.

Un roman aussi bluffant que poignant sur l’adolescence, le deuil et le refoulement

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« J’ai ricané, et on est pas passés loin que je réponde ‘quel coeur?’. Je me suis retenu. Ce sont des répliques à balancer droit dans ses bottes, la main sur le colt. En robe de chambre, ça vous ferait vite passer pour un con. »