Kavita Daswani – Mariage à l’indienne ***

Le Livre de Poche – 2006 – 320 pages

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Née à Bombay, Anju part à New York à l’âge de 26 ans, ne trouvant toujours pas de mari, lassée par cette recherche inlassable et la pression familiale, le regard des autres. À New York, elle découvre la liberté, fait des études et trouve un travail dans la mode. Mais la jeune femme n’a pas oublié son rêve de mariage traditionnel et espère encore et toujours trouver un mari.

Anju se retrouve écartelée entre son envie de vivre à l’américaine, libre de toute entrave, et son désir de rester fidèle à ses racines indiennes, de ne pas décevoir ses parents.

Mariage à l’indienne est un roman émouvant et plein d’humour. Mais c’est surtout un portrait de femme authentique – une héroïne entière à laquelle on s’attache indéniablement.

« Mon pays me manquerait. Mais je devais trouver un moyen d’en partir de telle façon que je ne prenne pas le risque de rompre avec ma famille. Ce que je voulais faire de ma vie était important, mais la bénédiction de mes parents l’était plus encore. »

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Gabriella Zalapì – Antonia. Journal 1965-1966 ***

Le Livre de Poche – août 2020 – 160 pages

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« Il paraît qu’un jour on se réveille affamé de ne pas avoir été ce que l’on souhaite. »

Palerme, années 60. Voici le journal d’une jeune femme qui n’a même pas 30 ans. Sur près de deux ans, Antonia tient son journal et lui confie, jour après jour, ses regrets, son mal-être, l’échec de son mariage avec Franco. Cette vie d’épouse ne lui va pas, elle est pleine de mondanités, de vacuité. Elle s’ennuie. « J’ai 29 ans. Mes désirs tombent, s’enfoncent dans l’insonore. Impossible d’envisager une vie de perfect house wife pour le restant de mes jours. J’aimerais abandonner ce corset, cette posture de femme de, mère de. Je ne veux plus faire semblant. »

Franco l’ignore ; il est froid, distant. Même son Vati, son grand-père adoré ne la comprend pas. Elle a une famille, vit dans l’opulence, elle a tout pour être heureuse, comblée. Pourquoi se plaindre.

Un journal criant de vérité. La vérité toute nue de cette femme qui étouffe dans sa vie. L’écriture est tranchante, implacable. « Le temps qui passe ressemble à du mercure. »

Parallèlement, Antonia rend compte de son enquête familiale ; à la mort de sa grand-mère Nonna – qui l’a prise sous son aile à l’adolescence – la jeune femme reçoit des cartons de lettres, de papiers, de carnets qui « dégagent une odeur d’éternité. » Au fur et à mesure de ses fouilles, les souvenirs refont surface. Antonia semble chercher dans le passé un sens à ce qu’elle vit au présent. Elle éprouve le besoin d’assembler les morceaux épars de son histoire familiale.

« Mon imagination demandait à féconder la réalité. »

Gabriella Zalapì nous livre le portrait émouvant et percutant d’une femme qui cherche à s’émanciper, à s’extraire du carcan de cette société patriarcale impitoyable. Un roman implacable et magnifique. Et cette beauté, cette poésie dans l’écriture…

Fabrice Caro – Le discours **

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Folio – février 2020 – 224 pages

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Lors d’un dîner en famille, Adrien apprend qu’il doit faire un discours pour le mariage de sa sœur Sophie, alors qu’il a encore du mal à se remettre de sa rupture avec Sonia, qui date du mois dernier. « C’est le plus beau cadeau que tu puisses faire à ta sœur » lui dit son beau-frère… 

Le problème d’Adrien, c’est qu’il n’ose pas dire non. Il n’ose pas, tout court. On peut très bien l’appeler Aurélien pendant deux ans sans qu’il nous corrige. 

Et puis, il faut dire qu’il n’arrive pas à se sortir de la tête son ex, à qui il a envoyé un sms à 17h24, et auquel elle n’a jamais répondu.

Adrien se retrouve pris au piège ; entre le gratin dauphinois et le gâteau au yaourt, il va tenter de sauver sa peau tout en essayant de renouer avec son ex. 

Le temps d’un dîner en famille, nous nous retrouvons plongés dans les pensées de ce quarantenaire à la personnalité un peu farfelue ; Adrien est un anti-héros lâche, peureux, hypocondriaque et superstitieux. 

C’est avec plaisir que j’ai retrouvé le style complètement absurde et cocasse qui m’avait pliée en deux dans Zaï Zaï Zaï Zaï. Certaines scènes m’ont vraiment fait exploser de rire, je me suis surprise à ricaner toute seule, mon livre à la main. Si j’ai passé un savoureux moment de lecture, je ne suis pas certaine que ce roman me reste autant en mémoire que la BD…

Nikki Gemmell – La Mariée mise à nu ***

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Le Livre de Poche – 2008 – 384 pages

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Une femme disparaît et c’est un membre de sa famille qui tombe sur son journal intime, le manuscrit sur lequel la jeune femme travaillait avant de mourir. Ces écrits, on a failli les effacer. Et puis finalement, on se ravise.

Dans ce journal, la jeune femme trentenaire raconte son mariage au quotidien, avec Cole. A travers 138 leçons/chapitres, elle y révèle le moindre de ses fantasmes et ses frustrations ; elle y analyse l’amour et le désir sous toutes leurs coutures, faisant voler en éclats son image d’épouse parfaitement heureuse, irréprochable.

Un journal écrit à la deuxième personne du pluriel – un « vous » qui cherche forcément à nous interpeller, à nous déranger et qui nous oblige à nous mettre à sa place, à se projeter en elle. Sans aucune censure, c’est l’intimité d’une femme, ses pensées les plus secrètes qui nous sont dévoilées – elle se met à nu. L’écriture est pour elle comme un miroir dans lequel elle se regarde, sans fard, sans artifice. « Personne n’a la moindre idée de ce qui bouillonne en vous, une vie secrète. »

Pour reprendre les mots de Vita Sackville-West, cette femme est comme un iceberg ; son mari et ses amis n’ont accès qu’à la partie émergée, ils n’ont pas la moindre idée de l’immensité qui se trouve immergée sous l’eau.

Un roman troublant et dérangeant, éminemment intelligent.

Une vraie claque.

Christelle Dabos – Les Disparus du Clairdelune ***

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Éditeur : Folio – Date de parution : mars 2018 – 704 pages

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Nous retrouvons la jeune et maladroite Ophélie. Avec son écharpe têtue qui ne veut plus lâcher sa jambe… et sa petite voix frêle. Fiancée de Thorn, ce grand échalas qui ne souhaite l’épouser que pour s’approprier son don de liseuse. Au début de ce deuxième tome, Ophélie rencontre enfin l’esprit de famille – Farouk pose ses yeux bleus presque blancs sur la jeune fille et la nomme vice-conteuse…

Son mariage avec Thorn approche à grands pas et des nobles se mettent à disparaître à la cour… Pour plus de sûreté, Ophélie est envoyée aux Sables-d’Opale pour se reposer et attendre l’échéance du mariage. Elle y reçoit sa deuxième lettre de menace, anonyme. Pourquoi son union avec Thorn est-elle autant crainte? Aux côtés d’Archibald, l’ambassadeur de la Citacielle, Ophélie va mener l’enquête

Un deuxième tome tout aussi addictif que le premier et qui, malgré ses presque 700 pages, se dévore avec délectation ! Je suis toujours aussi impressionnée par l’imagination incroyable de Christelle Dabos. Mais les derniers mots me laissent sur ma faim… il va falloir que je me procure rapidement le troisième tome afin de poursuivre les aventures de ces personnages toujours plus attachants… (même le ténébreux Thorn devient attachant et sympathique à mes yeux).