Sophie de Mullenheim – Léon et Gustave. Au coeur de la mine **

Fleurus – 2021 – 224 pages

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Nous sommes en juin 1888 dans le nord de la France. La tour Eiffel est en pleine construction. Dans quelques semaines, Léon aura passé son certificat de fin d’études. Il a douze ans et son père n’attend plus qu’une chose : qu’il travaille à ses côtés à la mine de charbon afin de pouvoir apporter un deuxième salaire à la famille. Les études pour lui n’ont aucune valeur.

Sauf que Léon, lui, n’a pas les mêmes projets… Il rêve de devenir apprenti dans les ateliers de Gustave Eiffel. Il dévore romans et journaux et il suit notamment avec assiduité les épisodes de la construction de la tour Eiffel.

Les parents de Léon le mettent en face d’un dilemme : soit Léon accepte de travailler à la mine après avoir passé son certificat de fin d’études, soit il accepte de vendre sa jument Cachou, sa meilleure amie, à la mine, permettant ainsi de rapporter le salaire manquant.

Léon et Gustave est un roman d’aventure qui se lit d’une traite, nous offrant un voyage au cœur d’une mine de charbon, à la fin du XIXème siècle. C’est un roman historique plein de rebondissements, à l’écriture fluide. C’est une histoire d’amitié aussi. C’est un roman qui m’est apparu plein de bons sentiments ; peut-être un peu trop à mon goût ! Mais sa simplicité m’a finalement charmée. C’est une lecture facile avec un jeune héros au destin tout tracé qui reste animé par le rêve de s’en sortir – on se prend d’affection pour cet enfant tiraillé entre son rêve et son devoir envers sa famille – leur extrême pauvreté qui les condamne à n’avoir d’autre avenir que la mine.

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Rachel Corenblit – Les enfants du Lutetia ***

Editions du Mercredi – 2021 – 136 pages

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Cela fait 3 ans que Léopold vit chez Juliette, la meilleure amie de sa mère. Il y a 3 ans, ses parents sont partis, laissant un enfant de neuf ans bouillonnant de rage. « C’est là que je me suis dit que ne pleurerai plus jamais. » Du jour au lendemain, Léopold est devenu le neveu de Juliette.

Aujourd’hui, nous sommes en mai 1945 et la guerre est finie. Le Général de Gaulle arrive. L’humeur est à la fête. Juliette et Léopold attendent le retour des parents ; leur réapparition. Ils font leur valise et sautent dans le premier train pour Paris. Ils ont entendu dire que les rescapés des camps de concentration atterrissaient tous à l’hôtel Lutetia.

Ils se mettent donc à passer leurs journées au Lutetia. Léopold reste sans voix devant les murs recouvert de photos des disparus ; puis ils en voit revenir, par vagues : les rescapés – les survivants, les fantômes, livides, hagards. Léopold semble jusqu’à présent avoir été protégé de l’abominable vérité. Il va la découvrir, petit à petit, notamment à travers ses échanges avec d’autres enfants qui attendent eux aussi des membres de leur famille : Marie-Antoinette, fille de magiciens, André, l’américain qui dit toujours « merde » et qui a des doigts d’or… Et Michel, dont la mère fut arrêtée en pleine rue. Ces enfants de disparus vont passer leurs journées ensemble au Lutetia, entre attente interminable, angoisse et confidences. Ils se partagent leur histoire, leur espoir et leur désespoir.

Les Enfants du Lutetia est un roman court et percutant, écrit à la première personne ; c’est le Je de Léopold, le Je d’un enfant qui prend conscience d’une des pires atrocités du monde. L’écriture de Rachel Corenblit est implacable. L’autrice nous offre un roman profondément humain, entre espoir et noirceur, qui se lit d’une traite, le cœur battant.

Rachel Corenblit – Un peu plus près des étoiles ***

Bayard Jeunesse – 2019 – 248 pages

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L’adolescent qui prend la parole dans ce roman en a marre. Son père, médecin généraliste, change de poste tellement souvent qu’ils sont obligés de déménager à chaque fois. Ils bougent de ville en ville, parfois le gamin ne peut même pas terminer une année scolaire dans le même établissement. De tous ces déménagements, il n’en peut plus.

Pour cet énième déménagement, Rémi et son père se retrouvent logés dans un centre de repos pour les grands brûlés, les accidentés, les amputés, ceux qui viennent de subir une chirurgie réparatrice.

Rémi est un ado solitaire, qui trouve du réconfort en écoutant des cassettes de chansons des années 80 avec le vieux walkman que lui a donné sa grand-mère. Ces cassettes ont été enregistrées par sa mère, qui était ado à l’époque. Sa mère, dont l’absence est devenue une habitude dont il s’est accommodée.

Dans ce centre de repos, il fait la connaissance d’un groupe d’enfants et adolescents défigurés. Petit à petit, une amitié hors du commun va se nouer entre Rémi et ces gueules cassées. Il y a Sara, cynique à souhait, avec ses grands yeux bleus au milieu d’un visage dévasté ; Adonis, l’éternel gentil…

Un peu plus près des étoiles est un roman poétique, sans pathos. Si on début, je commence ce roman sur mes gardes, un peu dubitative, je suis vite rattrapée par l’émotion ; elle est brute, elle monte crescendo. Quant à l’écriture de Rachel Corenblit, que je découvre, elle est saisissante. Chaque chapitre porte le titre d’une chanson. Un roman musical sur la folie et la différence, la beauté et la laideur, qui prend aux tripes.