Richard Adams – Watership Down ***

watershipdown

Éditeur : Monsieur Toussaint Louverture – Date de parution : septembre 2016 – 540 pages

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Une histoire de lapins sur 550 pages ? J’avoue qu’au début de ma lecture, je ne savais pas à quoi m’attendre avec ce drôle de roman, best-seller dans les années 70 et encensé par la critique. D’entrée de jeu, nous faisons la connaissance de Fyveer et Hazel, deux frères lapins qui vivent dans une grande garenne dirigée par le Padi-Shâ. Depuis le matin, Fyveer a comme une étrange impression ; un grave danger pèse sur leur communauté. En se baladant à la recherche de primevères, les deux lapins tombent sur un mégot tout juste éteint et une pancarte, qu’ils ne peuvent évidemment pas déchiffrer.

Face au pressentiment de ce danger, ils parviennent à rassembler quelques uns de leurs congénères et Fyveer, Hazel, Bigwig et compagnie se mettent en route vers la terre promise, la colline de Watership Down, bravant les menaces qui se mettent en travers de leur chemin…

Un récit à hauteur de lapins, qui leur donne une voix, des sentiments et leur fait même réciter des poèmes et raconter des histoires mais, dans leur faits et gestes ne les humanise pas.

Je me suis retrouvée plongée dans ce roman touffu, empreint d’un mystère diffus, captivée par leurs aventures alors que ce ne sont que des lapins. Un univers incroyable prend vie sous nos yeux. L’auteur parvient à créer un langage propre aux lapins, un univers particulier : faire raka, farfaler, krik-zé… Il déploie savamment une mythologie lapine, à travers des légendes racontées de générations en générations : le grand Krik, Shraavilshâ et les légendes autour du Lapin Noir.

L’histoire m’a fait penser au dessin animé si cher à mon enfance, Les animaux du bois de Quat’sous. Les dimensions religieuses et philosophiques sont très présentes, on sent un texte nourri de multiples références, ne serait-ce qu’avec les citations qui introduisent chaque chapitre. Une lecture riche malgré de nombreuses longueurs.

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« Les lapins, dit-on, ressemblent aux humains par bien des aspects. Ils savent surmonter les catastrophes et se laisser porter par le temps, renoncer à ce qu’ils ont perdu et oublier les peurs d’hier. Il y a dans leur caractère quelque chose qui ne s’apparente pas exactement à de l’insensibilité ou de l’indifférence, mais plutôt à un heureux manque d’imagination mêlé à l’intuition qu’il faut vivre dans l’instant. »

« Ils ressentaient le doute et l’appréhension de ceux qui arrivent par hasard en des lieux fascinants où leur existence semble dérisoire. En des lieux où ils sentent leur cœur défaillir en prenant conscience que tout cela existait bien avant qu’ils ne naissent et sans qu’ils en aient jamais rien su. En des lieux qui n’attendent rien de leurs visiteurs et les renvoient à leur insignifiance. Ils éprouvèrent cela comme n’importe quel voyageur débarquant en terre étrangère sans savoir ce qu’il va y trouver. »

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