Mercedes Helnwein – La Ballade d’Hester Day ***

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Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : juin 2015 – 323 pages

4ème de couverture : « C’est l’histoire d’une fille qui ne voulait pas aller à son bal de promo, d’un apprenti poète qui l’a épousée pour trouver l’inspiration, et d’un petit garçon rondouillard qui, à défaut de devenir cow-boy de l’espace, est ravi de tracer la route en camping-car avec eux. L’équipée sauvage d’Hester Louise Day promet un voyage épique. la famille, même bricolée, ce n’est jamais un long fleuve tranquille, surtout quand on est recherché par la police et le FBI. Hester, ça ne la dérange pas d’être rattrapée, seulement, pas tout de suite, pas trop vite… »

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Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Hester Louise Day est une adolescente de dix-sept ans bien peu conventionnelle, qui a une façon de penser et de parler bien à elle. Elle n’a en effet pas sa langue dans sa poche, et compte bien mener la vie qu’elle s’est choisie ; elle refuse le destin que ses parents lui imposent – sa mère passe son temps à lui crier son inquiétude et son père ne sait que se saouler aux boissons énergisantes.

Souhaitant adopter un « môme », Hester se marie le jour de ses dix-huit ans avec « Philosophie-Man » alias Flenton Flaherty, un hypocondriaque qui passe ses journées à la bibliothèque à composer d’obscurs poèmes. Elle fait ensuite la rencontre de Jethro, son cousin rondouillard de dix ans qui rêve de devenir astronaute et se lève aux aurores pour dessiner le plan d’un vaisseau spatial… Tous les trois sautent dans Arlène (le camping car de Fenton) et partent en vadrouille à travers les Etats-Unis, sans but ni destination précise.

J’ai adoré ce roman! La façon qu’a Hester de parler m’a vraiment énormément fait rire à certains passages. Elle a un langage tout à fait caustique et mordant. On s’en délecte! Beaucoup d’humour donc dans ce récit d’une échappée farfelue sur les routes américaines. J’ai ri tout haut à de nombreuses reprises. Les personnages sont drôlement décrits et on s’attache beaucoup à Jethro et au couple mal assorti et délicieusement farfelu que compose Hester et Fenton. Le regard que porte Hester sur le monde est tellement insolite et décalé…

Ce livre, dont chaque chapitre est composé de paroles de chansons, de Bob Dylan à Tom Waits, est un concentré d’oxygène et d’éclats de rire! Je me suis prise d’affection pour cette adolescente qui cherche à tout prix à échapper au carcan familial et n’est éprise que de liberté.

L’auteur se serait inspiré du personnage d’Huckleberry Finn, qu’elle admirait énormément quand elle était jeune… Hester Louise Day serait donc sa version féminine. Hélas, honte à moi, je n’ai jamais pas encore lu cet opus de Mark Twain 😦

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« J’ai toujours eu ce défaut : quand je suis dans la merde jusqu’au cou, je dois savoir jusqu’où il est possible de s’enfoncer. »

« Le tête de Fenton était écrasée contre sa vitre. Ses yeux étaient fermés comme si ça lui demandait un effort. Avec lui, il était toujours impossible de savoir à son expression s’il dormait ou s’il venait de décéder de mort violente. »

« Ma mère et moi n’avions pas grand-chose à nous dire. Non pas que nous ayons jamais vraiment beaucoup communiqué, mais depuis mon retour nos conversations prenaient des airs de théâtre d’avant-garde où il est strictement défendu que quoi que ce soit ait du sens. J’irais même jusqu’à dire que nous interagissions à un stade amibien. »

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Vincent Delecroix – La chaussure sur le toit ****

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Éditeur : Folio – Date de parution : 2007 – 256 pages

4ème de couverture :  « Au centre du roman, une chaussure abandonnée sur un toit parisien. Tous les personnages du livre fréquentent le même immeuble, à proximité des rails de la gare du Nord. On rencontrera un enfant rêveur, un cambrioleur amoureux, trois malfrats déjantés, un unijambiste, un présentateur vedette de la télévision soudain foudroyé par l’évidence de sa propre médiocrité, un chien mélancolique, un immigré sans papiers, une vieille excentrique, un artiste (très) contemporain, un narrateur au bord du suicide… et une chaussure pleine de ressources romanesques. »

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Ce roman est un vrai petit bijou littéraire. L’idée de départ est tout à fait originale et intrigante : raconter plusieurs histoires, en incluant toujours une chaussure abandonnée sur le toit de l’immeuble comme objet/sujet périphérique de chaque histoire. En dix chapitres, l’auteur nous raconte l’histoire de gens plus ou moins ordinaires, avec leurs tracas quotidiens, leurs petites lubies, leurs espoirs… Ces dix chapitres se passent dans les appartements d’un même immeuble, et la chaussure se retrouve au cœur de chaque récit. Comment est-elle arrivée là ? Quelle est son histoire ? Le motif de la chaussure permet de développer toute une série de récits expliquant la présence insolite de cet objet à un tel endroit ; cet objet devient le lieu de nombreuses interprétations, il est le terreau littéraire et imaginaire de ce roman proprement singulier. De fait, la chaussure devient l’objet d’une rencontre entre un pompier homosexuel et une vieille femme, le souvenir d’un amour perdu pour une adolescente… Entre autres.

Ce roman fourmille d’imagination, et je me suis vraiment délectée de cette lecture à chaque page! Les récits s’imbriquent les uns dans les autres avec finesse, légèreté et beaucoup d’humour. On rit, on sourit, de ces personnages solitaires, amoureux, mélancoliques et souvent excentriques. Le fait qu’ils habitent tous le même immeuble permet de créer des effets d’écho et des clins d’œil d’un récit à l’autre, ce qui en fait une lecture réjouissante et pleine de surprises.

Jean-Paul Didierlaurent – Le liseur du 6h27 ****

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Éditeur : Le Diable Vauvert – Date de parution : mai 2014 – 217 pages

4ème de couverture : « Employé discret, Guylain Vignolles travaille au pilon, au service d’une redoutable broyeuse de livres invendus, la Zerstor 500. Il mène une existence maussade mais chaque matin en allant travailler, il lit aux passagers du RER de 6 h 27 les feuillets sauvés la veille des dents de fer de la machine… »

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Un roman étonnant, drôle, savoureux, qui se lit d’une traite ! Cela faisait longtemps qu’un livre ne m’avait fait autant rire. Un véritable bonheur de lecture.