Constance Joly – Le matin est un tigre ***

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J’ai Lu – janvier 2020 – 160 pages

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« Le matin est un tigre qui rampe doucement, en attendant de vous sauter à la gorge. »

Depuis quelques temps, Alma a la désagréable impression que sa vie lui échappe, lui file insidieusement entre les doigts. Depuis six mois, sa fille Billie va mal. Depuis le jour de ses quatorze ans, elle tousse, maigrit et se plaint de douleurs au thorax, « comme si une plante vénéneuse poussait dans sa poitrine. » Son instinct de mère le lui souffle, sa fille a un chardon dans le corps, elle en est certaine.

Depuis que le chardon s’est emparée de sa fille, Alma n’a plus de désir ; son corps est une une carcasse vide. Elle ploie sous le poids des problèmes qui prennent la forme de valises plus ou moins lourdes et encombrantes. Bouquiniste sur les quais de Seine et mélancolique de nature, Alma trouve refuge dans la rêverie pour s’extraire du réel, l’annihiler. Les passants ont des visages d’enfants et le bruit de la ville se transforme en brise marine.

D’entrée de jeu, j’ai été saisie par la beauté de l’écriture, métaphorique et très imagée. Constance Joly utilise une plume poétique et brute qui rend l’émotion palpable. Je n’ai pas résisté à ce surréaliste roman d’apprentissage maternel et l’ai dévoré le temps d’une journée… J’ai tout aimé de ce roman porteur d’espoir que je relirai à l’occasion…

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« Les mots sont de pauvres choses, se dit-elle. Ils sont pratiques et incomplets, incapables d’exprimer la complexité de nos vies, la subtilité de ses nuances. Il faudrait les décrasser, les lessiver, les essorer pour leur faire dégorger un sens nouveau. »

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Mathias Malzieu – Journal d’un vampire en pyjama ***

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Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : 2017 – 324 pages

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Mathias Malzieu commence à tenir son journal lorsqu’il apprend qu’il est atteint d’une maladie rare : sa moelle osseuse s’est liguée contre lui. Il est son propre ennemi. Chaque jour, il est obligé de se faire transfuser, en attendant une greffe de moelle osseuse, à laquelle il n’est même pas sûr de survivre… Comme il a besoin de sa dose de sang tous les jours, il devient un vampire – en pyjama, c’est plus sexy. Il fait la connaissance de Dame Oclés qui surgit un soir dans sa baignoire, les lèvres ourlées de rouge sang et l’épée pointée vers lui. Heureusement, il garde le sens de l’humour et de la poésie et les vers de Walt Whitman lui tiennent compagnie dans ses heures les plus sombres.

Sans jamais se départir de son sens de l’autodérision, Mathias Malzieu nous raconte son combat contre la maladie dans un style métaphorique et sensible – l »artiste se réfugie dans les mots et l’écriture. Un journal poétique, drôle et touchant, empreint d’une curieuse douceur alors que le sujet devrait pourtant nous plomber le moral.
Le récit de sa survie est suivi de son carnet de board – ou comment réaliser son rêve de voyager en skate board électrique à travers l’Islande.

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« Puisque je suis prisonnier de mon propre corps, je dois plus que jamais apprendre à m’évader par la pensée. Organiser ma résistance en mobilisant les ressources de l’imagination. »

« J’ai la rage de créer. Mettre à distance la réalité pour mieux l’affronter m’est aussi vital que les transfusions de sang. »

Rita Falk – Très vite ou jamais ***

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Éditeur : Magnard Jeunesse – avril 2016 – 224 pages

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Lorsque l’on tombe dans le coma, soit l’on en sort très vite, soit jamais… Ce sont les mots que Jan entend, lorsque Nils, son ami d’enfance, se retrouve dans le coma à la suite d’un accident de moto à l’âge de vingt-et-un ans – à cet âge-là, on est censé avoir la vie devant soi… Alors, chaque jour, Jan se rend au chevet de son ami et lui parle. Il va également se mettre à lui écrire des lettres, qu’il projette de lui faire lire à son réveil.

Dans ses lettres, Jan raconte son quotidien au Nid de coucous, l’hôpital psychiatre dans lequel il travaille, sa petite routine, la vie qui continue. Les mots de Jan sont teintés d’une bonne dose d’auto-dérision et d’humour, sans pour autant nuire à l’émotion du lecteur. On se prend peu à peu d’affection pour ce personnage qui garde espoir malgré tout et qui reste fidèle à son ami, alors même que ses proches semblent se déchirer et venir de moins en moins. Un roman jeunesse écrit avec simplicité dont la fin est prévisible, mais qui m’a faire sourire et m’a touché. *Mention spéciale pour le personnage de Sœur Barbara, extra !

Merci à Claire, du blog La tête en Claire, pour m’avoir fait découvrir ce roman !