Bérengère Cournut – De pierre et d’os ***

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Le Tripode – octobre 2020 – 198 pages

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Prise de crampes au ventre, Uqsuralik se glisse dans la nuit du dehors. De façon soudaine et inattendue, la banquise se fracture et sépare la jeune fille inuit de sa famille, endormie. Uqsuralik se retrouve seule face à l’immensité blanche de la banquise, avec quelques chiens affamés et une dent de requin que son père lui jette avant d’être englouti dans le brouillard. La toute jeune adolescente n’a d’autre choix que de marcher, et de survivre, coûte que coûte. Elle se retrouve à affronter les éléments, la famine, à devoir faire des choix… Afin d’aller au devant de son destin et des êtres qu’il mettra sur sa route.

Je mets un peu de temps à me glisser dans cette lecture.

Et puis je me laisse saisir par la beauté de l’écriture, la pureté des paysages, leur dénuement le plus total. Je me retrouve plongée dans un roman onirique et poétique, où la nature et les éléments sont sacrés. Je me laisse séduire par ce monde peuplé de rêves, de chants, de symboles et d’esprits – l’homme-lumière, le géant.

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Ce monde dans lequel il faut chasser et pêcher pour se nourrir, réciter des formules de protections, où la vie et la mort des êtres sont étroitement liées, tout comme l’animal et l’humain.

De Pierre et d’os est un roman empreint de beauté, dont j’ai aimé jusqu’aux dernières pages et ses photographies, qui prolonge l‘immersion dans le monde des Inuits.

« Durant ma longue vie d’Inuit, j’ai appris que le pouvoir est quelque chose de silencieux. Quelque chose que l’on reçoit et qui – comme les chants, les enfants – nous traverse. »

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Juliana Léveillé-Trudel – Nirliit ***

Nirliit

La Peuplade – octobre 2015 – 184 pages

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Québec. La narratrice divague en s’adressant à Eva, la disparue – l’absente qui hante ces lignes. La narratrice nous décrit la toundra qui émeut et donne envie de brailler. Elle nous raconte ce besoin qu’elle a de se donner aux autres et de venir en aide aux plus démunis du Nord. Chaque été, elle fait le voyage vers le Nord et ses peuples inuits. Irrésistiblement attirée par ces terres et leurs aurores boréales. Chaque été elle répond à son irrésistible besoin de réparer les injustices du monde. Elle n’en a jamais assez, malgré, la fatigue, malgré le manque d’un mari et d’enfants, le manque d’une famille à elle. Elle se confronte ainsi au froid du Nord, et à son extrême pauvreté, son alcoolisme, son délitement.

Ce Nord qui brise des cœurs, ce Nord où il fait 5 degrés en plein mois de juillet… L’Arctique canadien où les caribous envahissent les pistes d’atterrissage. La narratrice cette année y cherche désespérément son amie Eva, portée disparue. Que personne ne cherche.

Nirliit est un récit plutôt court, écrit dans une langue poétique et rugueuse, mêlant québécois et français. Une langue qui m’a dépaysée et happée.