Moka – Possession ***

école des loisirs – Collection Médium – Janvier 2022 – 188 pages

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Moka. Je me rappelle, adolescente, mes amours de lectures horrifiques. Chair de poule, Peur bleue… Et Moka. L’enfant des ombres. J’en garde de terribles souvenirs. Alors quand j’ai vu cette nouvelle parution, j’ai sauté dessus. Une fois commencée, je n’ai pu me défaire de cette lecture!

Au 24 rue de la Roue d’Abandon se trouve une curieuse demeure, qui ne passe pas inaperçue. La famille Vendôme y a emménagé, séduite par les lieux. Mais une nuit, leur fille Lutèce se jette du toit, sous les yeux de son petit frère Malo. Ce dernier devra rester deux mois en maison de repos, sous calmant, pour se remettre.

En rentrant de son séjour, Malo retrouve ses parents et sa sœur Clélia.Il se rend compte tout de suite que quelque chose ne tourne pas rond. Sa mère est étrange, constamment obsédée par l’entretien de la maison, elle ne sort plus et passe ses journées à ranger, trier, nettoyer. Quant à son père, il est devenu mutique, il passe de longues heures à fixer son écran d’ordinateur d’un regard vide. Clélia ne va plus à l’école, elle suit des cours sur Internet. Malo retrouve son smarphone au fond de la poubelle.

Mais le pire, ce sont les phénomènes étranges qui de déroulent dans sa chambre la nuit… Ce mur qui a un angle aigu… Ces murmures qui semblent l’inciter à sortir par la fenêtre…

Possession est un roman d’horreur sur une maison qui a décidé de dévorer ses habitants – un roman aux airs d’Amithyville. Frissons garantis pour cette lecture absolument addictive! Les personnages secondaires sont très attachants. Un roman d’horreur que j’ai trouvé très original, avec cette maison fantôme qui ne laisse plus ses habitants sortir – habile métaphore de ce monde de fous dans lequel nous avons plongé depuis 2 ans ?

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Antoine Philias & Alice Zeniter – Home Sweet Home ****

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l’école des loisirs – Medium + – mars 2019 – 298 pages

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Cleveland, Ohio. Nous sommes en 2008 et c’est la crise des subprimes. En quelques mois, des milliers de familles se retrouvent à la rue, obligées de déménager, au chômage et endettées jusqu’au cou… Le Vaste Bordel a commencé. Anna, dix-sept ans, fuit sa famille polonaise en faillite. Avec ses frères jumeaux, ils trouvent refuge dans un lycée désaffecté, le Winston High et sont bien vite rejoints par une dizaine de gamins qui ont aussi fuit leurs incapables parents. Elijah est le dernier à rejoindre leur abri anti-adultes, adolescent des quartiers bourgeois, fuyant son père divorcé, à la veille de leur déménagement…

Home Sweet Home m’a tout de suite plu. D’instinct je les ai aimés, ces gamins perdus au sein d’une ville en crise, ces gamins blessés par les adultes. « Est-ce qu’ils sont allés arrêter les compagnies de crédit qui ont ruiné la ville ? Est-ce qu’on est plus dangereux pour Cleveland que tous les autres ? C’est toujours plus facile d’écraser les plus faibles que de s’attaquer aux vrais coupables. »

On s’attache à cette bande d’enfants qui a cessé de faire confiance aux adultes et de croire à leur monde bâtit sur des mensonges. Ensemble, ils décident de construire les bases d’un monde nouveau. Ils apprennent à vivre sans les adultes ; ils mettent en place des ateliers, des temps de paroles, répartissent les rôles et organisent au fil des jours et des mois une micro-société autonome – une belle utopie le temps d’une année.

Ce roman ado est une vraie pépite. Il aborde de front les injustices raciales, la crise des subprimes et la révolte de l’enfance, leur fougue et leur amour, avec une justesse, une émotion et une férocité salutaire. Un roman sombre et pourtant profondément lumineux, à mi-chemin entre Peter Pan et Sa Majesté des mouches et un coup de cœur. ❤

 

Éric Pessan – L’homme qui voulait rentrer chez lui ****

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école des loisirs – janvier 2019 – 192 pages

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Jeff et son frère Norbert trouvent un fugitif dans leur cave. Un homme très étrange qui semble être traqué… « Norbert ne m’a pas menti : sa peau est d’une blancheur surnaturelle. Son visage n’exprime rien : ni colère, ni effroi, ni tension, ni surprise. » Il ne sait parler autrement qu’en faisant claquer sa langue. Pourquoi cet homme s’est-il réfugié ici ? Est-ce un migrant ? Un malade mental échappé d’un asile ? Un criminel en cavale ?

Norbert se lève tôt tous les matins et enfourche son vélo sans que personne ne sache où il va. Le père est au chômage, il ne se lève qu’à midi et ne fait rien de ses journées. La mère trime toute la journée dans un immense entrepôt pharmaceutique. L’immeuble dans lequel ils vivent sera bientôt évacué ; il est voué à la destruction, dans le cadre de la rénovation de la cité. Il sera dynamité à la fin de l’été. Pour soutenir les habitants, un atelier d’écriture est organisé, où chacun dépose des mots sur ce qu’il ressent face à l’imminence de la destruction et de la restructuration du quartier.

Jeff évolue dans un quotidien morne, où la violence des mots est aussi prégnante que celle des coups. Chômage, misère, petits trafics et harcèlement ne sont jamais loin. Et cette image qui le hante : ses parents plantés devant la télévision, le regard vide… Jeff se sent différent d’eux ; il ne se reconnaît pas dans sa famille – cette famille dont le climat me rappelle celui de Comment tout a commencé.

Sa rencontre avec l’étranger va lui apprendre des choses sur son frère, sur ses parents. Il va les voir sous un nouvel angle. Finalement, il suffit de l’irruption d’un étranger dans sa vie pour que la révélation de ce qu’il a sous les yeux s’opère.

Un roman, dont les chapitres sont numérotés à rebours, qui nous offre une réflexion forte sur l’altérité. Un roman où l’on croise des personnages qui apparaissent dans d’autres récits d’Eric Pessan, comme l’adolescente perdue Dans la forêt de Hokkaido

Un roman lumineux et magique, qui nous pousse à croire à une vie qui viendrait d’ailleurs et qui fait voler en éclats certains préjugés. L’univers et la prose d’Eric Pessan sont toujours aussi oniriques et exultants. Ses mots m’ont transportée ailleurs, littéralement. ❤

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« Je me demande si l’étranger est l’altérité absolue, l’autre qui est tellement différent de nous qu’il est impossible de le connaître… »

Dans la bibliothèque de Kamilichat : TOP lectures 2018

Petite nouveauté cette année pour mon bilan… Je consacre une chronique entière aux lectures préférées de Kamilia en 2018 : autrement dit, je vous présente les livres qu’on lui a lu le plus souvent cette année…! Voici donc les 24 livres qui arrivent en tête de lecture chez nous.

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  • Parmi ses lectures fétiches, on retrouve les aventures de l’indétrônable Petit Ours Brun : les livres sonores ont sa préférence, ainsi que les imagiers représentant l’univers et les objets familiers de Petit Ours Brun (par contre, ils pourraient faire des livres plus solide, l’imagier de la maison commence à partir en lambeaux…)
  • On retrouve également toutes les aventures de Petit Lapin de Jörg Mülhe, qu’on A-D-O-R-E ! A chaque épisode, il s’agit d’accompagner Petit Lapin dans son activité : le mettre au bain, le préparer pour le coucher et lui soigner sa blessure. Kamilia connaît maintenant les gestes par cœur ! Elle fait plein de bisous au livre, souffle, tapote, caresse et compatis…
  • Chapacha, de Anaïs Massini. Un livre poétique, tout en jeux de mots, en sonorités…
  • Pip et Prune, de Axel Scheffler. « La Petite flaque » est la première aventure que nous découvrons ; les dessins sont adorables ils fourmillent de détails et on s’arrête un moment sur chaque double page.

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  • Fantou à la ferme, de Sophie Motte. Un collector, retrouvé dans mes propres livres d’enfant et que Chaton aime beaucoup : plein d’animaux à nommer et pointer du doigts, douceur des dessins et forcément, un chat.
  • A ce soir, de Jeanne Ashbé. L’auteure nous décrit, page après page, le quotidien de deux bébés à la crèche, le temps d’une journée. C’est devenu un classique, c’est LE favori de tous les temps, dont elle ne se lassera jamais. Et j’en suis aussi complètement amoureuse, il est empli de douceur, que ce soit dans le trait de crayon, les couleurs ou les mots. Chaque paragraphe est composé de rimes. Un vrai plaisir.
  • Emile a la grosse patate, de Vincent Cuvellier. Un album qui nous fait mourir de rire. La tronche d’Emile vaut son pesant de cacahuètes. Je craquerai certainement pour les autres tomes!
  • Regarde dans la nuit, de Catherine Graindorge & Regarde dans la neige, de Emiri Hayashi. Une série d’albums à tomber! Dans chacun des albums on suit un petit chat ou un petit lapin, doux au toucher, à travers le paysage. Certaines images sont argentées, en surimpression. De vrais bijoux visuels.
  • L’imagier Montessori de Balthazar. Un imagier incontournable, qui fait défiler les objets du quotidien, de la maison à l’univers tout entier.
  • Mon amour, de Astrid Desbordes et Pauline Martin. Un message bienveillant et universel. Page après page, la maman d’Archibald lui explique l’amour qu’elle ressent pour lui ; un amour infini. Pour le lire, Kamilia me le tend en disant « Monamou »
  • Les Bêtes en couleurs, de Rod Campbell. Exemplaire trouvé en vide-grenier. On lui lit depuis ses 6 mois ; elle adore toucher les petites bêtes, qu’elles soient velues comme la grosse araignée, brillantes ou rugueuses.

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Livres chaton-2018

  • Mon rayon de soleil. Un album sur une journée d’été dont les pages sont à tourner en tirant sur les languettes de ruban.
  • Petit Pois, de Davide Cali. Tellement de mignonitude pour cet album qui nous raconte l’histoire de Petit Pois, un tout petit bonhomme qui est né trop petit
  • Mon imagier-jeu des couleurs. Grand grand plaisir de pointer du doigt et de nommer couleur après couleur, tous ces objets et animaux.
  • Oh! C’est cassé, de Jeanne Ashbé. Une aventure, tout en bienveillance, de Lou et Mouf.
  • Tout le monde dort ? de Audrey Poussier. J’en avais fait une chronique, juste là.
  • Bonne nuit ! De la collection Kididoc. Un livre à rabats qui nous parle beaucoup.
  • Délivrez-moi ! de Alex Sanders. Un livre tout cartonné qui a beaucoup de succès et qui la fait glousser du début à la fin, surtout quand le « clac » retentit !
  • Mes comptines du monde. Livre sonore de chez Gallimard, notre collection préférée. Les sons de ce livre ont rythmé notre voyage à Istanbul. On ne pouvait plus s’ôter de la tête les paroles de comptines grecque, russe, mexicaine…

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Bon, j’espère ne pas vous avoir perdus avec cette liste longue comme le bras !!! Il semblerait que ma fille soit déjà accro aux livres et à la lecture. Je suis tellement heureuse de lui avoir transmis ce merveilleux virus.

Et vous, que lisent vos bouts de choux ?

 

 

Mathieu Pierloot – Summer Kids ***

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Éditeur : école des loisirs – Date de parution : août 2018 – 153 pages

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Antoine s’est fait larguer par Hannah. Mais la pilule a du mal à passer. Les jours passent et il ne fait que penser à elle, ne comprenant pas ce qui a pu foirer. « Il fallait que j’apprenne à exister sans elle ». Le lycée touche à sa fin et l’adolescent ne sait pas où s’inscrire à la rentrée. Les vacances d’été s’étendent devant lui, incertaines. Son beau-père écolo-ringard lui dégote un job dans une maison de retraite.

Antoine est un personnage un peu – carrément – paumé. L’avenir pour lui est un concept abstrait. Le cœur blessé, il passe l’été à naviguer de soirées en soirées, toutes plus arrosées les unes que les autres, avec Medhi et Alice, ses amis de toujours.

Un court roman ponctué de playlists que j’ai dévoré le temps d’une soirée ; il s’en dégage une fraîcheur et une mélancolie spéciales. Le temps d’un été, Antoine fait le point sur sa vie. Dix-huit ans et la vie devant soi : qu’en faire ? Quel est le bon choix ? Y en a-t-il un?

Après ma lecture, je ressens un indéfinissable sentiment d’attachement pour ce roman, bref mais intense. Justement dosé. Touchant.

Pessan & Solminihac – Les étrangers ***

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Éditeur : école des loisirs – Date de parution : avril 2018 – 127 pages

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Un soir après les cours, Basile ne rentre pas directement chez lui. Il erre près de la gare désaffectée et rencontre un ancien camarade de classe. Tout à coup, sortent de l’ombre quatre jeunes. Basile apprend qu’ils viennent de loin, qu’ils ont franchi des frontières, traversé des océans et souvent côtoyé la mort pour se retrouver ici. Ce sont des migrants, comme ceux dont il entend parler à la télévision. Chaque nuit, ils tentent de passer en Angleterre. Le soir même, l’un d’entre eux, Nima, se fait enlever par des passeurs.

Un court roman qui se déroule le temps d’une nuit. Une nuit qui s’écoule à la façon d’un rêve éveillé, un rêve étrange et envoûtant, entre angoisse et stupeur. Après coup, Basile n’en reviendra pas, il aura l’impression que « Cette nuit a duré mille ans au moins. »

Basile est un personnage troublant, attachant et en même temps fuyant ; poète à ses heures perdues, il aime écrire des vers, recopier des citations et des bribes d’articles qui le touchent. Son histoire familiale le torture, avec ce père qui s’est mis à fuir le foyer, à prendre l’autoroute pour engranger les kilomètres vers le sud, sans but précis, sans savoir vraiment pourquoi.

Un court roman où l’écriture d’Eric Pessan et d’Olivier de Solminihac fait mouche. Un texte dont l’atmosphère onirique par moment m’a séduite, un texte que j’ai trouvé humain et poétique dans sa façon d’aborder le thème des migrants.

 

Eric Pessan – Dans la forêt de Hokkaido ***

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Éditeur : l’école des loisirs – Date de parution : août 2017 – 132 pages

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Quand elle s’endort, Julie se retrouve dans la peau d’un petit garçon perdu dans une forêt sur l’île d’Hokkaido, au Japon. À 10000 km de chez elle. A son réveil, des mots en japonais lui viennent naturellement en tête alors qu’elle n’a jamais appris cette langue.

Et si ce n’était pas qu’un simple rêve ? Quel lien existe-t-il entre ces deux êtres ?

Julie est une adolescente de quinze ans, à l’existence à peu près banale, si ce n’est qu’elle a quelques dons : elle parvient à retrouver les objets perdus et à deviner les notes de ses contrôles à l’avance.

Le je de Julie devient le il du petit garçon perdu en pleine forêt, puis ils fusionnent pour donner le nous – deux êtres dans un même corps. De façon très habile, le texte bascule de la réalité au rêve, d’un monde à l’autre, de la chambre de l’adolescente à la forêt japonaise… « Nous sommes un pauvre garçon famélique et sans force qui vient de voir un ours. »

Un court roman poétique qui mêle réel et surnaturel de façon hypnotique, nous entraînant dans une quête singulière. La forêt, lieu fantasmagorique, cristallisation de toutes les peurs, semble être un personnage privilégié de l’univers d’Eric Pessan, découvert avec son recueil de textes sur la chasse La Hante.

Gary D. Schmidt – Jusqu’ici, tout va bien ****

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Éditeur : école des loisirs – Date de parution : octobre 2017 – 365 pages

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Attention : ne vous fiez surtout pas à la couverture que je trouve assez mal choisie, vous passeriez à côté d’un GRAND roman.

Nous sommes en 1968. La guerre du Vietnam fait des ravages et débat ; l’Homme n’a pas encore marché sur la Lune. Doug est un petit adolescent maigrichon, qui idôlatre Joe Pepitone, son joueur préféré de baseball – son idôle inaccessible. Il vient d’arriver à Marysville, une petite bourgade au nord de l’État de New York. Issu d’une famille très modeste, sa vie n’est pas facile tous les jours, entre un père violent, un frère qui passe son temps à le frapper et lui voler ses affaires, et un autre qui est parti au Vietnam. Il pourrait se laisser gagner par l’abattement, mais c’est sans compter les rencontres qu’il va faire…

Celle de Lil Spicer devant la bibliothèque, qui n’ouvre que le samedi. Bibliothèque dans laquelle il découvre un immense livre, contenant des peintures d’oiseaux réalisées par Audubon… Il se retrouve fasciné devant la sterne arctique.

…. Celle de M. Powell, le directeur de la bilbiothèque, qui va révéler jour après jour le talent de Doug pour le dessin. Chaque samedi, l’adolescent se précipite à la bibliothèque ; il découvre peu à peu la disparition des oiseaux ; face à cette collection qui s’éparpille entre les mains des collectionneurs, Doug se fait la promesse de retrouver chaque planche.

…… Celle de Mme Windermere, la dramaturge dans sa robe d’opéra qui fait furieusement crépiter sa machine à écrire lorsque le dieu de la Créativité a replié ses ailes à côté d’elle.

…….. Celle de Jane Eyre.

Doug est un gamin attachant, qui va nous interpeller tout le long du roman. « Vous vous souvenez quand je vous ai dit que, quand tout va assez bien, cela signifie en général qu’un truc nul va arriver ? C’est vrai. Demandez au goéland marin. » J’ai aimé ce gamin, cette voix à la fois naïve et butée, insolente et revancharde – qui parfois m’a fait penser au ton du héros de Salinger, dans L’Attrape-coeur. Ce genre de personnage qu’on ne peut oublier.

Gary D. Schmidt a une écriture tout simplement géniale et nous révèle une intelligence et un génie narratifs. Doug est un personnage qui marque les esprits par son humour, son impertinence, et comme le dit si bien la 4ème de couverture « sa furieuse envie d’en découdre avec la vie ».

Jusqu’ici tout va bien est une lecture qui m’a émue, profondément, et fait rire, énormément – je me suis surprise à glousser à certains passages. Une lecture qui révolte également. Je ne m’étais pas pris d’affection pour un personnage comme ça depuis un moment… Véridique. Ce bouquin, donc chaque chapitre est orné d’un oiseau, est une PEPITE, un concentré d’émotions. Je ne sais pas vous, mais on se sent bien après avoir lu un tel roman.

Coup de  ❤

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« Vous savez, quand on pleure, quelque chose reste dans l’air. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut voir, ou humer, ou sentir. Ou dessiner. Mais c’est là. C’est comme le hurlement du goéland marin, qui crie dans l’espace vide et immaculé qui l’entoure. Vous ne pouvez pas l’entendre quand vous regardez ma peinture. Mais cela ne veut pas dire que cela n’existe pas. »

Kitty Crowther – Petites histoires de nuits ****

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Éditeur : l’école des loisirs – Date de parution : novembre 2011

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Ourson réclame à Maman Ours trois histoires de sommeil dans lesquelles on y croise une gardienne de nuit qui ne manque pas d’humour et qui, chaque soir sonne le gong à la tombée de la nuit ; l’heure de se mettre au lit pour chaque habitant de la forêt. Dans ces histoire de sommeil, on y fait également la connaissance de Zhora, la petite fille à l’épée, qui cueille la plus belle mûre de toute la forêt pour sa maman. Sans oublier Bo, ce curieux personnage toujours vêtu d’un manteau, qui se balade à la recherche d’une miette de sommeil…

Ces trois histoires aux allures de contes déploient un univers onirique singulier, aux dessins naïfs et psychédéliques, réalisés aux crayons de couleurs – des dessins emplis de douceur, aux couleurs vives. La forêt des contes se pare d’une explosion de couleurs, à l’image du jupon arc-en-ciel de Maman Ours.

Cet album jeunesse est un trésor, une pépite tendre, drôle et douce, à découvrir, dévorer, lire et relire au fil des soirs, avant de plonger dans les bras de Morphée.

A lire aussi, la belle chronique de Nadège.

Martin Blasco – La Noirceur des couleurs ****

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Éditeur : l’école des loisirs – Date de parution : octobre 2017 – 256 pages

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Buenos Aires, 1885. Cinq bébés sont enlevés en pleine nuit. Vingt-cinq ans plus tard, un des bébés, devenu une ravissante jeune femme, revient chez ses parents. Alejandro, un jeune journaliste, est contacté pour enquêter sur ces disparitions et pour aider la jeune femme à retrouver sa mémoire perdue…

Parallèlement à l’enquête du journaliste, nous découvrons page après page le journal intime de J.F. Andrew, l’homme à l’origine de la disparition de ces bébés – un homme épris de sciences au mépris de l’humain ?

Un roman argentin captivant dès les premiers mots, qui provoque en nous de l’effroi, qui nous glace et nous émeut… Sombre et énigmatique, il offre matière à réflexion sur l’humain, l’âme, les limites de la science et la folie humaine, le destin. Un roman saisissant qu’on ne peut lire qu’en apnée, et qui, une fois terminé, ne cesse de nous hanter.