Marie-Aude et Lorris Murail – Angie! ***

École des loisirs – février 2021

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Avec Camille de La Fabrique des livres, nous avons fait une lecture commune du nouveau roman que Marie-Aude Murail a écrit avec son frère Lorris. Et voici notre chronique commune !

Le Havre, mars 2020… Alors que le confinement pointe le bout de son nez, le capitaine de police Augustin Maupetit se retrouve piégé dans un fauteuil roulant avec une drôle d’enquête sur les bras… Accompagné de la jeune et futée Angie, il va résoudre de vieux mystères…
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Tous les ingrédients étaient réunis pour que cette lecture soit un régal… Suspense, humour et mystère ; ambiance au top pour ce roman écrit à 4 mains par Marie-Aude et Lorris Murail ! 
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Même si la ville du Havre ne m’a pas laissé un bon souvenir de jeunesse et qu’on y parle confinement, ce roman est un pur régal à lire… Entre le polar, le roman de société et d’humour, les 441 pages se dévorent très vite (ou presque n’est-ce pas @lfolavril) ! Un roman dévoré avec délectation, entre deux tétées et malgré des nuits sans sommeil… !
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Les personnages sont charismatiques et originaux… Un flic boudeur et fouineur qui a piraté le système de vidéo surveillance et reste des nuits entières à espionner la ville. Une gamine curieuse et hypermnésique, qui n’a pas sa langue dans sa poche et adore fouiner, dont le père demeure un inconnu sans visage. Flanqués de Capitaine, fidèle soldat et compagne canine d’Augustin. Sans oublier la tante Thérèse qui ne se sépare jamais de son pendule.
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Le capitaine de police m’a fait un peu penser au Adamsberg de Fred Vargas… Les personnages secondaires ne sont pas en reste avec la tante Thérèse et ses auras ! 
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C’est un roman que je n’avais pas envie de finir tellement j’étais bien avec ces personnages ! Je recommande à fond cette lecture commune pour les ados dès 15 ans !

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Tess Sharpe – Mon territoire ***

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Pocket – octobre 2020 – 592 pages

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Harley n’a que 8 ans lorsqu’elle perd sa mère et voit son père assassiner un homme de sang froid. Son père n’est autre que Duke McKenna, un des barons de la drogue les plus brutaux de la côte californienne, toujours en guerre contre les Springfield, eux aussi plongés jusqu’au cou dans le trafic des précieux cristaux.

Harley aime passer des heures en forêt ; son enfance est parsemée de fusillades et règlements de compte – à 12 ans elle sait déjà tenir un revolver pour se défendre, et quelques années plus tard, elle apprend à se débarrasser d’un corps. Son père l’a élevée de façon à ce qu’elle lui ressemble ; il lui apprend à survivre dans n ‘importe quelle situation.

Devenue jeune femme, Harley vadrouille, fusil en main, afin de collecter les recouvrements de dettes ; elle possède un don inné pour le tir, ne ratant jamais sa cible. Elle tient de son père, pour sa force de caractère et son instinct de chasseur, mais aussi de sa mère, pour son implication et son dévouement dans la lutte contre les violences faites aux femmes ; elle dirige le Ruby, une maison qui vient en aide aux femmes battues.

Harley n’a pas vraiment eu d’adolescence et n’a pas la même jeunesse que les gens de son âge. Son destin est tout tracé par son père, par son clan. La vengeance, elle l’a reçue en héritage. Bien décidée à ne jamais devenir comme son père, elle est prête à tout pour sauver ceux qu’elle aime et pour prendre son destin en mains.

Mon Territoire est un thriller à l’écriture aussi acérée que la lame d’un couteau ; l’intrigue est habilement ficelée et la narration possède un rythme soutenu – alternant souvenirs et présent – sans fausses notes. Je me suis rapidement attachée à cette héroïne au caractère incroyable, qui n’a pas froid aux yeux. Gros coup de coeur pour ce thriller féministe intelligent et ébouriffant ! Une lecture excellente du début à la fin, dont je suis sortie conquise.

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« Et je le vois dans ses yeux, le moment où il se rend compte qu’il est foutu. Qu’il n’est rien. Qu’il n’y a rien de plus fort qu’une femme qui s’est relevée des cendres du feu allumé par un homme. »

Luis Miguel Rivas – Le Mort était trop grand **

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Grasset – avril 2019 – 432 pages

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Villeradieuse est une petite ville de Colombie contaminée jusqu’à la moelle par la mafia ; le terrible don Efrem règne sur la région. Chepe s’est fait assassiné il y a deux mois, dans des circonstances obscures. Un soir, alors que son ami Miguel prend un verre dans un bar, il croise un homme qui porte les bottes que Chepe avait aux pieds lorsqu’il est mort. Il en est certain, ce sont les mêmes. L’homme lui avoue qu’elles appartiennent en effet à Chepe… Mais il ne l’a pas tué ! Il les a achetées à un homme qui revend les vêtements des morts, grâce à un trafic entretenu avec les morgues…

Pour gagner du temps, les deux jeunes se rendent directement à la morgue acheter des vêtements. Miguel se retrouve avec une tenue de marque complète ; celle que portait Martel lorsqu’il est assassiné. Petit problème : il s’agit du pire ennemi de don Efrem. Miguel se retrouve poursuivit par deux hommes de main particulièrement abrutis qui pensent avoir affaire au revenant de Martel… Don Efrem est bien trop occupé à tout mettre en oeuvre pour séduire la sublime Lorena pour s’occuper de ces histoires…

Un roman tragi-comique, cocasse à souhait, mettant en scène des personnages tous plus ridicules les uns que les autres. Une comédie bien menée, que j’ai trouvée plaisante à lire – certains passages m’ont fait glousser – mais que j’oublierai certainement vite, n’étant pas une adepte de ce genre de romans.

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« Vers 5h du mat, je commence à avoir sommeil, logique, j’ai pas pris de coke. J’aime bien la coke, mais ça me détraque. Le lendemain je me réveille avec une culpabilité monstrueuse, comme si javais buté un curé et quatre bonnes sœurs. »

Richard Lange – La dernière chance de Rowan Petty ***

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Albin Michel – février 2019 – 416 pages

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Rowan Petty est un escroc en fin de parcours : ses arnaques commencent à s’essouffler. Quand il n’arnaque pas les petits vieux et les veuves esseulées, il triche au poker pour joindre les deux bouts. Sa femme l’a quitté pour un autre il y a dix ans, sa fille ne lui adresse plus la parole depuis des années…

Et puis un jour, il reçoit l’appel de Don, un vieil ami de son père qui lui propose une mission de la dernière chance : filer à Los Angeles où seraient planqués 2 millions de dollars détournés en Afghanistan par des soldats américains. Le souci, c’est que l’info provient d’un détenu complètement camé… Alors y croire ou pas ?

Los Angeles, ville de tous les fantasmes, ville qui miroite dans ses yeux… C’est aussi celle de tous les camés et paumés. Mais Los Angeles, c’est surtout la ville où vit sa fille, Sam. Alors Rowan accepte de se lancer dans l’aventure, avec l’aide de Tinafey, une prostituée black croisée dans la rue, et en profite pour revoir sa fille. Il ne sait pas encore que c’est sa vie qu’il engage.

Le dernier roman de Richard Lange réunit tous les ingrédients pour en faire une lecture addictive. Une intrigue parfaitement menée qui tient en haleine, un escroc attachant pour lequel on ressent énormément d’empathie et un roman aux forts accents de thriller. La dernière chance de Rowan Petty, c’est aussi un roman sur la parentalité ; Rowan et le sentiment de honte qu’il le hante face à l’abandon de sa fille, sa culpabilité, ses petites trahisons mesquines. La relation de Rowan et Sam met aussi en lumière le système de santé américain catastrophique.

Lecture faite dans le cadre du #PicaboRiverBookclub

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« Ils n’en finissaient plus de monter quand, brusquement, ils sortirent du canyon et se retrouvèrent sur une route où chaque virage révélait une vue différente sur Los Angeles et son quadrillage orangé s’étalant à l’infini. Le spectacle de la ville tentaculaire enchanta Petty. Tant de rues, connectant tant de gens. »

Carmen Bramly – Hard de vivre **

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Éditeur : JC Lattès – Date de parution : janvier 2015 – 303 pages

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Je me rappelle avoir été touchée par le premier roman de Carmen Bramly, Pastel Fauve, empreint d’innocence et à l’écriture poétique. J’avais donc envie de découvrir ce nouvel  opus, mais les avis mitigés me refroidissaient un peu. Et finalement…

Thomas, Henri, Pop & Bethsabée, frère et sœur de cœur, et Sophie, la plus jeune, encore au Lycée. Ils ont entre seize et dix-neuf ans, et se sont tous les cinq rencontrés à la suite de circonstances particulières. Tous présents à une soirée, à la fin de l’été, où une adolescente aux cheveux arc-en-ciel est morte d’une overdose. Pour échapper aux flics, ils se retrouvent enfermés dans une cave. Quelques jours plus tard, ils éprouvent le besoin de se revoir. À eux se mêle Johannes, le cousin de Thomas, la vingtaine, étudiant en psychologie. Il était aussi à la soirée, mais il est parti avant le drame.

Chacun à leur façon, ils réagissent à cette soirée, et à l’événement traumatique auquel ils ont assisté. La mort de « la fille arc-en-ciel » va provoquer tout un enchaînement de hasards et de rencontres, d’amours et d’amitiés qui n’auraient a priori jamais dû voir le jour. Sa mort va bouleverser et mettre sens dessus dessous leurs petites vies.

Un livre à la saveur douce-amère, qui m’a finalement surprise dans le bon sens, même si le manque de réalisme à certains moments m’a fortement agacée. C’est un roman torturé, porté par une écriture à la fois désabusée et naïve, qui se laisse lire et qui a su me toucher malgré tout.

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« Alors c’était ça, la vie ? Une fille de dix-sept ans mourait, et au bout de la chaîne des causes et des effets, Pop publiait son premier roman et elle découvrait l’amour et l’amitié pour la première fois ? »