Sandro Veronesi – Le Colibri ****

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Grasset – janvier 2021 – 384 pages

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Marco Carrera est ophtalmologue ; il est marié à Marina depuis plusieurs années et père d’une petite Adele de dix ans. Un matin, le psychanalyste de sa femme débarque dans son cabinet, lui annonçant qu’il court un grand danger ; cette première scène nous offre le portrait du personnage principal et donne le ton du nouveau roman de Sandro Veronesi.

Le colibri, c’est Marco adolescent, plus petit que la norme, ce qui inquiète son père. C’est son amour secret pour Luisa depuis plus de vingt ans ; un amour par correspondance, un amour à distance, un amour chaste, un amour fou. C’est sa fille qui, enfant, affirme avoir un fil dans le dos. C’est le destin tragique de sa sœur Irene. C’est le silence de son frère Giacomo, parti refaire sa vie aux Etats-Unis.

Je retrouve le style qui m’avait plu à la lecture de Chaos Calme ; Sandro Veronesi incorpore à son roman tous les ingrédients permettant d’en faire une belle pépite, sans fausse note : un anti-héros furieusement attachant dont la vie est jalonnée par la perte, la rupture, la douleur. Une plume drôle, vive, bavarde et chargée d’humanité, d’émotion brute et poétique. Une chronologie éclatée qui donne un certain tempo au roman, une matière.

La narration nous entraîne dans le passé et le futur de Marco ; enfance, adolescence, âge adulte. Voyages temporels ponctués par les lettres que Luisa et Marco s’échangent et les lettres qu’il envoie à son frère et demeurent sans réponse. On découvre au fil des pages un passé criblé de lézardes, de cicatrices.

Le Colibri est un roman qui dégage une aura singulière, dont j’ai profondément aimé les réflexions sur le temps qui passe, la culpabilité, l’amour et les liens familiaux.

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Laurent Gaudé – Le soleil des Scorta ****

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Actes Sud Babel – 2013 – 288 pages

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Tout commence en 1875. Après quinze ans d’absence, Luciano Mascalzone revient à Montepuccio, petit village du sud de l’Italie, pour réclamer son dû ; le bandit s’est juré qu’à sa sortie de prison, il assouvirait son désir pour Filomena Biscotti envers et contre tout. Mais les Montepucciens l’ont prévenu : s’il revient, il est mort. Luciano frappe à la porte des Biscotti ; ce n’est pas Filomena qui lui ouvre, mais sa sœur, Immacolata. Le vaurien ne se rendra compte de son erreur que quelques minutes avant de périr sous les pierres lancées par les villageois. Quant à Immacolata, elle tombe enceinte… Et c’est le destin des Mascalzone Scorta qui se retrouve scellé ce jour-là, sous un soleil brûlant.

C’est la vieille Carmela Scorta qui va prendre la parole en se confiant à don Salvatore, le prêtre du village. La vieille femme sent qu’elle perd la tête, que sa mémoire va bientôt se faire la malle alors, après des années de silence, elle se met à raconter l’histoire de sa famille, les Scorta Mascalzone.

Le Soleil des Scorta est un roman solaire sur le destin d’une famille qui, de génération en génération, va tenter d’endiguer la malédiction qui semble peser sur elle. Les Scorta se trouvent irrémédiablement attachés à la terre aride des Pouilles et au soleil. « Jamais un Scorta n’échapperait au soleil des Pouilles. Jamais. » Les Scorta se battent pour vivre, ils ont la sueur au corps comme on a le diable au corps.

Au rythme de la tarentelle et sous un soleil de plomb, Laurent Gaudé brosse le portrait de personnages au sang chaud, emplis de fureur, d’orgueil et de fougue, de folie. La lignée des « mangeurs de soleil » a la fierté chevillée au corps. « Rien ne rassasie les Scorta. Le désir éternel de manger le ciel et de boire les étoiles. »

Quelle écriture ! Quelle atmosphère ! J’ai été saisie par la fulgurante beauté de l’écriture de Laurent Gaudé – ample, poétique, envoûtante – et par son talent de conteur fabuleux. Ce roman m’a littéralement subjuguée et je n’oublierai jamais Carmela, les frères Scorta, Elia, Donato, Rocco… Un grand roman

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« Il glissait sur les flots. En silence. Allongé au fond de sa barque, il ne se dirigeait qu’à la vue des étoiles. Dans ces moments-là, il n’était rien. Il s’oubliait. Plus personne ne le connaissait. Plus personne ne parlait. Il était un point perdu dans l’eau. Une minuscule barque de bois qui oscillait sur les flots. Il n’était rien et laissait le monde le pénétrer. Il avait appris à comprendre la langue de la mer, les ordres du vent, le murmure des vagues. »

 

Kevin Powers – L’écho du temps ***

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Delcourt – 9 octobre 2019 – 264 pages

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« Nous naissons en oubliant, et bientôt notre naissance et notre enfance deviennent des rêves dont nous ne pouvons plus nous souvenir. C’est une grâce que la nature nous accorde, l’un de ses rares cadeaux, parce qu’elle nous laisse croire que nous ne sommes pas faits d’un bloc, que nous aurons notre mot à dire, quand, en réalité, notre fin est écrite longtemps avant notre début. »

L’Echo du temps se déploie autour de trois personnages dont le destin s’est scellé sur les ruines de la Plantation Beauvais, aux abords de Richmond, en Virginie. Nul n’a jamais su ce qu’il est advenu d’Emily Reid Levallois. A-t-elle péri en 1865 dans l’incendie criminel de la plantation, qu’elle aurait provoqué pour se débarrasser d’un mari tyrannique et esclavagiste ? Ou s’est-elle réinventée une vie ailleurs, comme le prétend la rumeur ? Rawls et Nurse, couple d’esclaves en fuite, ont-ils disparu dans les marais de Great Dismal ? Sont-ils parvenu à s’échapper sains et saufs ?

Près d’un siècle plus tard – en 1956George Seldom tente de démêler l’énigme de ses origines. Le vieil homme de plus de quatre-vingt-dix ans vit à Richmond. Du début de sa vie il ne se souvient de rien avant ce jour où il se retrouve, petit garçon, devant la porte d’une maison, en Caroline du Nord, avec rien d’autre qu’un morceau de papier portant cette inscription : « 1866. Je m’appelle George. J’ai presque trois ans. Prenez soin de moi. Je vous appartiens maintenant. » Le passé et la mélancolie viennent le visiter. Il saute dans un train, avec comme seul bagage, l’espoir de trouver les pièces manquantes de sa mémoire.

De la guerre de Sécession à l’Amérique contemporaine avec la guerre du Vietnam, la plume de Kevin Powers explore les tréfonds de l’âme humaine à travers des personnages en proie à la violence de leur époque ; l’auteur nous livre le portrait sanglant d’une Amérique torturée par son passé.

Un roman puissant, coup de poing, porté par une écriture flamboyante et maîtrisée, brute et poétique. La vie et l’humain, dans toute sa violence. La mort, le rêve d’une autre vie. Des destins brisés. Quelle empreinte laissons-nous sur terre ? Quelles répercussions le passé peut-il avoir sur le présent ?

 

Barbara Kingsolver – L’Arbre aux haricots ****

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Rivages – 1995 – 288 pages

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Marietta Greer saute dans la voiture offerte par sa mère et quitte son Kentucky natal un matin. Elle quitte cette région où les filles commencent à faire des bébés avant même de connaître leurs tables de multiplication.

Au volant de sa vieille coccinelle Volkswagen, la jeune femme ne désire qu’une seule chose : rouler vers l’ouest jusqu’à ce que sa voiture rende l’âme. Gardant en tête le 1-800-Seigneur, la ligne d’appel de secours qu’elle se remémore comme un mantra, juste au cas où.

Elle se choisit un nouveau nom aussi, au hasard des hameaux qu’elle traverse : ce sera Taylor. À cause de l’arbre de transmission de sa voiture qui tombe en rade, Taylor se retrouve dans un petit coin paumé de l’Oklahoma, en plein milieu des Grandes Plaines. Sur le parking d’un bar miteux, une femme lui dépose un bébé sur le siège passager de la voiture… une petite indienne. A qui elle donnera le nom de Turtle. Et qu’elle va finir par considérer comme son enfant.

C’est un pneu crevé qui les amène à s’arrêter en Arizona, à Tucson, au petit garage Seigneur Jésus, Pneus d’occasion. Elle y rencontre la douce Mattie, garagiste au grand cœur qui héberge des clandestins. Et Lou Ann, originaire du Kentucky comme elle, larguée par son macho d’Angel alors qu’elle était enceinte de son fils, Dwayne Ray. Elles partagent ensemble une maison.

L’Arbre aux haricots est un roman doux et drôle à l’écriture sensitive et magnétique. Comme je l’ai aimé ; émouvant juste ce qu’il faut. Je me suis prise d’affection pour Turtle et Taylor avec son ton toujours à moitié moqueur et bravache ; un délice. Je n’avais pas la moindre envie de les quitter. En fait, tous les personnages de ce roman sont attachants ; ces amitiés, ces liens indéfectibles qui naissent. Ce livre est une douceur ; il nourrit nos réflexions sur la vie, la mort, le destin et la filiation. La perte, aussi. Une petite pépite de littérature américaine que je range sur l’étagère des indispensables.

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Laetitia Colombani – La Tresse ****

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Editeur : Grasset – Date de parution : mai 2017 – 224 pages

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Ce roman tisse entre eux le destin de trois femmes issue de trois régions du monde aux antipodes les unes des autres.

En Inde, dans le village de Badlapur, Smita est une Dalit, une Intouchable. « Hors caste, hors système, hors tout. Une espèce à part, jugée trop impure pour se mêler aux autres, un rebut indigne qu’on prend soin d’écarter ». Comme sa mère avant elle, Smita est scavenger, elle doit ramasser les excréments des Jatts. Chaque matin, c’est le même rituel. Elle rêve que sa fille ne connaisse pas le même destin et puisse un jour aller à l’école.

…..En Sicile, à Palerme, Giulia travaille dans l’atelier de son père, spécialisé dans la fabrication de postiches et perruques avec de vrais cheveux. Lorsque son père se retrouve entre la vie et la mort après un accident de la route, Giulia découvre que l’entreprise familiale est ruinée.

…….Au Canada, à Montréal, Sarah a la quarantaine, c’est une avocate réputée. Mère de famille, elle élève seule ses trois enfants. Sa vie est milimétrée et chronométrée, aucune place n’est laissée à l’improvisation, son temps est minutieusement orchestré. Surmenée par son travail, elle voit rarement ses enfants et la culpabilité lui pèse. Jusqu’à l’annonce de sa maladie.

Ces trois femmes vont voir leur vie se transformer. Elles vont devoir quitter ce qu’elles ont connu, faire le deuil de ce qu’elles avaient, de ce qu’elles étaient. De leur passé, de leurs héritages.

Ce sont également trois féminités en prise avec le machisme, les violences faites aux femmes, que ce soit dans l’Inde des castes, dans une entreprise où sévit la discrimination ou au sein du cercle familial qui exige des sacrifices…

Au fil des mots et des chapitres, la romancière tisse des liens entre ces trois femmes, les relie les unes aux autres. J’ai aimé la façon dont la tresse est utilisée comme une métaphore de l’écriture. Les cheveux, ce symbole de la féminité ; il y a ceux que l’on donne en offrande, ceux que l’on perd à cause du cancer, ceux que l’on tisse dans un atelier sicilien…

Un très beau roman, à la fois simple et poétique, élégant et émouvant.

Découvrez les avis de My pretty books, Johanna, Bric à Book, et beaucoup d’autres.

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« J’aime ces heures solitaires, ces heures où mes mains dansent. C’est un étrange ballet que celui de mes doigts. Ils écrivent une histoire de tresse et d’entrelacs. Cette histoire est la mienne. Pourtant elle ne m’appartient pas. »

 

John Updike – Brésil ***

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Éditeur : Points – Date de parution : 1997 – 327 pages

4ème de couverture : « A la fin des années soixante, Tristão, jeune noir des favelas de Rio, rencontre Isabel, jeune blanche de la riche bourgeoisie, sur la plage de Copacabana. leurs amours contrariées par la malédiction d’une mère et l’acharnement implacable d’un père puissant les entraînent toujours plus loin, jusqu’aux confins inexplorés du Mato Grosso. Ils connaîtront la pauvreté, la faim, la violence, la captivité, et de leurs épreuves ils sortiront changés. Pourtant, malgré le doute et les infidélités, ils garderont intacte leur foi en l’amour, la certitude que chacun est, pour l’autre, son destin. »

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En commençant ce roman, j’ai pensé à La Salamandre, de Jean-Christophe Rufin… Seulement parce qu’il se passe aussi au Brésil, mais c’est en fait leur seul point commun. A la fin des années 60, Tristão, rencontre Isabel, sur la plage de Copacabana. Il en tombe tout de suite amoureux et l’aborde en lui offrant une bague volée.

Tout les sépare : Isabel, petite bourgeoise blonde à la peau claire et aux yeux bleus, est issue d’une famille richissime et Tristão est un jeune Noir des favelas ; l’endroit où il vit se résume à un réduit de quelques mètres carrés que se partagent les huit membres de sa famille. Malgré les innombrables obstacles, les deux jeunes amants feront tout pour rester ensemble, puis se retrouver après l’éloignement imposé par leurs familles respectives.

On se retrouve plongé au cœur du Brésil, admirablement bien décrit et raconté par John Updike. Sur la plage de Copacabana, dans les favelas de Rio, au cœur de la fourmilière de São Paulo ou de Brasilia… Les deux amants vivent un temps à Serra do Buraco, ville minière agitée par la fièvre de l’or ; plus tard, ils se retrouvent en fuite dans les entrailles du Mato Grosso là où « l’homme retrouvait son humble place dans le bouillonnement de la lutte pour la vie, cet océan de protéines affamées, cet écumant délire prédateur… »

C’est un roman dense, sans concession, qui explore tour à tour les thèmes du couple, de l’amour, des Noirs issus des favelas, de l’esclavagisme, des Indiens du Mato Grosso, leur condition, sans oublier la vague communiste qui déferle sur le pays… Dans une langue tout à la fois poétique et brutale, incisive, l’auteur nous conte l’histoire – sur une vingtaine d’années – d’un amour peu commun, sauvage, qui décide de vivre envers et contre tout, et à travers lui, l’histoire d’un pays aux multiples facettes.

Au début un peu distante, je me suis vite attachée aux deux personnages : on les suit dans leur évolution, leur fuite, leurs nombreuses remises en questions, et dans leur lutte incessante pour vivre… « La vie nous vole de nous-mêmes, morceau par morceau. Et ce qu’il en reste est quelqu’un d’autre. » C’est pour moi une très belle lecture qui m’a transportée ailleurs et a fait germé en moi une multitude d’émotions et de réflexions.

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« En pleine nuit, vues du ciel, les lumières de Brasilia dessinent sur la vaste ardoise du Brésil intérieur un avion aux grandes ailes courbes. La ville semble flotter dans le vide, telle une constellation, avant de s’incliner pour prendre son envol alors que vous gardez la même position dans l’espace. »

« L’enfance est triste, tenta-t-elle, quand on veut nous rendre impatients d’être adultes. »

« Nous changeons de peau, dans la vie, pour continuer à vivre. »

« Pourquoi le monde serait-il aussi complexe si c’était en vain ? Pense au soin que suppose l’organisation du plus petit insecte, de la moindre graine ! Tu dis que tu m’aimes, alors tu dois aimer la vie. La vie est un don pour lequel nous devons donner quelque chose en échange. Tu es mon destin et je suis le tien. Si nous nous laissons mourir sans lutter, nous n’accomplirons jamais notre destinée. »

« Comme ils avaient peu de nourriture, l’amour devint leur nourriture. Comme ils étaient perdus, leur corps devint leur destination mutuelle, leur unique refuge. »

Donald Ray Pollock – Le diable, tout le temps ***

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Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : mai 2014 – 403 pages

4ème de couverture : « De l’Ohio à la Virginie-Occidentale, de 1945 à 1965, des destins se mêlent et s’entrechoquent : un rescapé de l’enfer du Pacifique, traumatisé et prêt à tout pour sauver sa femme malade ; un couple qui joue à piéger les auto-stoppeurs ; un prédicateur et un musicien en fauteuil roulant qui vont de ville en ville, fuyant la loi… La prose somptueuse de ce premier roman de D.R. Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages. Un univers qui rappelle ceux de Flannery O’Connor, Jim Thompson ou Cormac McCarthy. »

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Entre 1945 et 1965 et de l’Ohio à la Virginie-Occidentale, ce roman met en scène plusieurs personnages dont les destins vont se croiser petit à petit. Ces personnages ne sont pas des saints, loin de là : un père, rescapé de guerre, qui emmène son fils prier dans les bois et sacrifier des animaux pour sauver sa femme mourante, un couple qui s’amuse à piéger les auto-stoppeurs de façon particulièrement répugnante, un tandem en cavale composé d’un musicien en fauteuil roulant et d’un prédicateur coupable d’avoir assassiné sa femme à l’aide d’un tournevis, un pasteur qui prend plaisir à pervertir les jeunes filles pieuses… A travers les sept parties qui composent ce roman effrayant, nous suivons le parcours de ces individus sur une vingtaine d’années, leurs destins se croisent, s’entremêlent, jusqu’au moment où ils se rejoignent et les pièces du puzzle s’imbriquent les unes dans les autres à la toute fin.

C’est un roman extrêmement noir, où l’auteur nous donne à voir des personnages abjects, meurtriers, diaboliques, hantés par leur passé et leurs démons intérieurs. Un roman sans concession, à l’écriture âpre, où l’espoir s’étouffe à chaque page ; l’intrigue est captivante, rien n’est laissé au hasard et on ne peut lâcher le livre avant de l’avoir terminé.

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« En un triste matin de la fin d’un mois d’octobre pluvieux, Arvin Eugene Russell se hâtait derrière son père, Willard, le long d’une pâture dominant un long val rocailleux du nom de Knockemstiff, dans le sud de l’Ohio. Willard était grand et décharné, et Arvin avait du mal à le suivre. Le champ était envahi de plaques de bruyère et de touffes fanées de mouron et de chardon, et la brume sur le sol, aussi épaisse que les nuages gris, montait aux genoux du garçon de neuf ans. Au bout de quelques minutes, ils tournèrent dans les bois et suivirent une étroite coulée de cerf qui descendait la colline, jusqu’au moment où ils parvinrent à un tronc couché dans une petite clairière, vestige d’un grand chêne rouge qui était tombé bien des années auparavant. Une croix usée par les intempéries, faites de planches prises à la grange en ruines derrière leur ferme, penchait un peu vers l’est dans la terre meuble à quelques mètres en dessous d’eux. »