Tommy Orange – Ici n’est plus ici ***

Le Livre de Poche – mars 2021 – 352 pages

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Tony Loneman – le Drome – avec sa tronche de traviole, à cause de sa mère qui buvait comme un trou en étant enceinte. Tony Loneman qui n’est pas très fute fute et qui se retrouve un peu malgré lui dans l’organisation d’un braquage de Pow Wow….

Den Oxenden qui a 13 ans lorsque son oncle Lucas est en train de se tuer à l’alcool. C’est de lui que lui vient son idée de filmer des Indiens d’Oakland, racontant leur histoire.

Dans les années 70, Opale Viola Victoria Bear Shield et sa sœur Jacquie – elles passent un non Thanksgiving sur l’île d’Alcatraz, juste avant d’apprendre que leur mère se meurt d’un cancer.

Edwin Black qui passe ses journées devant son ordinateur, à surfer sur Internet, à s’empifrer. Un jour, il découvre qui est son père et apprend qu’il a des origines cheyennes.

Chaque chapitre met en lumière un personnage amérindien, originaire d’Oakland. Un Indien des villes. Une âme qui porte tant d’histoires en elle. Autant de visages pour raconter l’Indien et ses blessures.

Un roman où les destinées se croisent. Ce sont des femmes et des hommes – autochtones – alcooliques, désespérés. Meurtris. Qui vont tous se retrouver à l’occasion d’un grand Pow-Wow.

« Elle m’a dit que le monde était fait d’histoires et de rien d’autre. »

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Joseph Boyden – Dans le grand cercle du monde ***

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Le Livre de Poche – 2015 – 687 pages

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Joseph Boyden nous offre une immersion spectaculaire dans les grands espaces sauvages du Canada au XVIIème siècle. A cette époque, les Français commencent à s’installer dans la vallée du Saint-Laurent alors que  les Iroquois et les Hurons se livrent une guerre sans fin. L’arrivée des Blancs ne va faire qu’exacerber les tensions entre eux.

Au fil des pages, trois voix se font entendre : celle du Corbeau, un jeune jésuite français, envoyé par l’Église pour convertir ceux qu’il appelle les Sauvages. On le surnomme Corbeau à cause de son ample robe noire dont les Indiens se moquent. Celle d’Oiseau, un chef de guerre huron qui désire ardemment venger la mort de sa famille, assassinée par les Iroquois. Et celle de Chutes-de-Neige, une captive iroquoise dont les parents ont été assassinés sous ses yeux par les Hurons et qu’Oiseau a décidé d’adopter, comme compensation pour la mort des siens.

Ces trois êtres sont réunis par les circonstances, mais divisés par leur appartenance. Chacun mène une guerre ; le Corbeau souhaite à tout prix convertir les Indiens – il consigne ses observations dans son journal afin de faire connaître ce Nouveau Monde aux Européens ; Oiseau ne vit que pour venger sa famille assassinée et se méfie de ces Corbeaux qui débarquent sur leurs terres, les soupçonnant d’apporter les maladies qui déciment leurs peuples. Quant à la jeune Iroquoise, elle est au début comme un animal sauvage, hargneuse et hostile…  Elle finira cependant par se laisser apprivoiser et accepter sa nouvelle famille.

Le Grand cercle du monde est un sacré pavé pour lequel j’ai pris mon temps. Je me suis plongée dans cette fresque foisonnante et fascinante sur l’histoire des Indiens… Mais aussi tragique. En effet, c’est l’histoire du début de leur fin ; la fin d’une civilisation, la fin d’un monde.

Les voix se succèdent au fil des courts chapitres, à un rythme soutenu. L’écriture de Joseph Boyden, poétique et évocatrice, nous transporte, entre émotion et frissons – je demeure captivée par les descriptions de certaines scènes de combat et de cérémonies de tortures terrifiantes. Immersion garantie dans l’immensité sauvage du Canada au XVIIème siècle ; on suit l’évolution des relations entre Christophe Corbeau, Chutes-de-Neige et Oiseau sur plusieurs années, l’évolution de leur psychologie, de leur regard sur ce monde pétri de traditions et de valeurs anciennes qui est en phase d’être métamorphosé par l’arrivée massive des Français.

Le Grand cercle du monde est un roman chorale d’une beauté féroce, à découvrir absolument.

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« Oiseau émerge du champ, comme enfanté par le maïs. Il a le visage peint, la tête rasée d’un côté, les cheveux longs de l’autre, qui brillent dans l’éclat de la lumière. Il s’avance, le pas lent et assuré, vêtu de son seul pagne. Il est plus brun que jamais après son voyage estival sous un soleil ardent et, à la suite des semaines passées à pagayer et à porter les canots, il a acquis le physique d’un dieu romain. J’ai du mal à décrire cet être dans les lettres que j’envoie en France. Il est à la fois homme et animal sauvage. »

Louise Erdrich – Omakayas ***

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L’école des loisirs – 2002 – 203 pages

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Omakayas est une petite fille de sept ans, maigre mais endurante et costaude qui vit avec sa famille sur la petite île de Moningwanaykaning, l’île du Pic à poitrine d’or. En langue Anishinabeg, Omakayas signifie Petite Grenouille ; la fillette est ainsi nommée car son tout premier pas a été un saut. Elle escalade, saute et grimpe partout. C’est une enfant vive et insouciante qui a parfois des vertiges, comme si elle surprenait une conversation entre deux esprits et qui a une relation privilégiée avec le monde animal.

Dans la famille d’Omakayas, il y a Grand-mère Nokomis, Mama, sa grande sœur Angelina qu’elle admire, Bébé Neewo qui gazouille et observe le monde et à qui il va bientôt falloir trouver un nom. Deydey, le père, qui part souvent en expédition. Il n’y a que son frère Petit Pinçon qui insupporte Omakayas ; elle le trouve bruyant, coquin et toujours accroché aux jupes de Mama. Pour veiller sur eux il y a Andeg, la petite corneille apprivoisée qui ne les quitte jamais.

Ensemble ils construisent leur cabane de leurs propres mains, à partir de l’écorce des arbres, ils chassent pour se nourrir, tannent les peaux pour en faire des couvertures, des mocassins.
Vie sauvage et heureuse, jusqu’au jour où un trappeur inconnu débarque… et que la variole s’empare de la petite communauté. Le roman bascule soudain dans l’horreur. Omakayas se retrouve seule pour sauver sa famille en proie à la fièvre et au délire.

Le roman de Louise Erdrich est étonnant et émouvant ; le temps d’une année, il nous offre une belle immersion au sein d’une famille amérindienne originaire des grandes forêts du Nord de l’Amérique. L’écriture poétique nous invite au plus proche de ses coutumes et de ses traditions. On savoure chaque détail, on se délecte des contes sur le monde des manitous et des windigos racontés par Grand-mère et des aventures racontées par Deydey à la nuit tombée.

Joy Harjo – Crazy Brave ****

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Editions Globe – janvier 2020 – 176 pages

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La petite Joy est une Indienne – un père Creek et une mère Cherokee avec des origines irlandaises. Issue d’une famille de conteurs et de musiciens, elle grandit à Tulsa en plein cœur de l’Oklahoma avec ses trois frères et sœurs. A leurs yeux, leur mère est comme une magicienne, elle confectionne vêtements et biscuits, elle chante aussi ; leur père est un homme mystérieux porté sur la boisson et en proie à des accès de rage qui disparaîtra bientôt de leur vie.

Joy est une enfant rêveuse ; elle pense que ses rêves ont le pouvoir de guérir les maladies. Elle aime jouer avec les animaux ; les couleuvres, crapauds, grenouilles et autres créatures peuplent tous ses jeux. Elle a un don pour le dessin et la peinture et sent d’instinct que son chemin ne sera pas le même que celui des autres et qu’elle en souffrira. La femme qu’elle s’apprête à devenir n’acceptera jamais le carcan des conventions. En apprenant à lire, Joy découvre la poésie des mots et s’en nourrit. L’art lui permet de se rapprocher de ses ancêtres.

La jeune amérindienne demeure hantée par le passé sanglant de son peuple. Une mémoire collective est inscrite dans sa chair dès la naissance et même avant.

Ce livre est une vraie pépite pour tout amoureux de la littérature américaine et amérindienne ; des poèmes parsèment le texte ; certains passages en italiques sont des fragments de souvenirs. Le roman se découpe en quatre chapitres comme autant de points cardinaux ; tout commence à l’Est, l’enfance, le soleil levant. Puis le Nord, qui apporte les changements. L’Ouest symbolise les séparations. Et le Sud, l’envol.

Dans une langue enveloppante et poétique, Joy Harjo nous livre son histoire. Sa jeunesse et sa découverte des arts, ses rencontres – tout ce qui lui a permis de devenir la femme qu’elle est aujourd’hui. Crazy Brave ne nous raconte pas seulement le parcours d’une femme mais d’une guerrière, une battante qui a voulu changer les choses et qui a trouvé le salut dans la poésie. Une oeuvre initiatique et autobiographique – un texte émancipateur et féministe – écrit avec le cœur et les tripes. ❤

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« Mon père m’avait raconté que certaines voix sont si vraies qu’elles peuvent devenir des armes, influer sur le climat et modifier le temps. »

« Personne ne meurt jamais vraiment. Le désir de notre cœur ouvre une voie. De nos pensées et de nos rêves nous faisons un héritage. Cet héritage donnera  à ceux qui nous suivent de la joie, ou du chagrin. »

Dan O’Brien – Bisons des Grandes Plaines ***

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Au Diable Vauvert – juin 2019 – 233 pages

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Dans cet opus, Dan O’Brien nous raconte le Bison des Grandes Plaines, cet animal majestueux à l’histoire tragique. Cet animal qui connaît mieux que quiconque l’histoire des Grandes Plaines. L’auteur expert de la faune et de la flore américaines, voix par excellence du nature writing, nous livre son histoire et son symbolisme.

« Quiconque est venu dans les Grandes Plaines, a passé des heures seul avec un troupeau de bisons et a regardé dans leurs yeux sombres, témoins d’un autre monde, en a été changé à jamais. Oublier ces yeux est impossible. Nul autre puits de sagesse n’est aussi profond. »

Dan vit avec son épouse au bord de la rivière Cheyenne. Leurs terres sont entourées par les prairies nationales de Buffalo Gap, et situées en bordure du parc national des Badlands et de la réserve indienne de Pine Ridge. Il s’occupe de la Wild Idea Buffalo Compagny, l’élevage extensif de bisons qu’il a créé en 1997.

Un récit passionnant sur les bisons, les Grandes Plaines et les Amérindiens – les trois sont liés. Quand progrès rime avec destruction des écosystèmes. Un livre militant, écologiquement engagé, à découvrir absolument.

« C’est l’un des paysages les plus exploités et les moins protégés du monde. Les historiens détiennent une partie de son histoire, les scientifiques, les colons et les Indiens en détiennent eux aussi une partie, mais seuls les bisons connaissent toute l’histoire. »

Élise Fontenaille – Alcatraz Indian Land ****

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Oskar Jeunesse – 2018 – 80 pages

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Un matin, Marylin alias Little bird, reçoit une lettre de la mairie de San Francisco, lui soumettant une bien intrigante demande… Venir réaliser à nouveau les graffitis qu’elle a réalisés à la fin des années 60 sur le château d’eau de l’île d’Alcatraz.

Cette lettre plonge la vieille femme dans ses souvenirs. Elle se retrouve en 1969. Elle a seize ans. Le charismatique Richard Oakes vient la sortir de sa réserve et l’emmène à San Francisco. Elle se souvient de Richard, Yvonne, No Name… L’exaltation de cette époque l’envahit, sa fougue, leurs espoirs et leur sentiment de liberté… Le récit de Marylin prend la forme d’une lettre à sa petite-fille Eden, qui a l’âge qu’elle avait en 1969 ; elle lui raconte ce qu’elle a vécu sur l’île.

À la fin des années 60, un groupe de jeunes activistes amérindiens, mené par Richard Oakes, rêve de transformer Alcatraz, la célèbre prison abandonnée depuis quelques années, en un territoire indien – un Indian Land – et d’y créer une université pour toutes les tribus indiennes. Ils choisissent la date symbolique de Thanksgiving pour envahir l’île. Une centaine d’étudiants amérindiens se retrouvent ainsi sur l’île et célèbrent un Unthanksgiving.

Dévoré en une soirée, ce récit très court (peut-être un peu trop) m’a fascinée et emportée. Un roman fulgurant et émouvant ; on y ressent toute la fougue de cette époque et l’espoir qui anime cette jeunesse amérindienne. Un combat qui mènera à la naissance de l’Indian Pride.

Bérengère Cournut – Née contente à Oraibi ****

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Le Tripode – 2016 – 304 pages

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Mon premier roman de l’autrice, découvert dans le cadre du challenge #LEteIndienEnLecture lancé par Aurore @papiercrepon sur Instagram.

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Née contente – alias Tayatitaawa – est une jeune amérindienne qui doit son prénom au rire qu’elle a fait retentir à sa naissance, lorsqu’on l’a présentée au soleil. Elle vit sur les terres arides de l’Arizona et appartient au peuple hopi, et plus particulièrement au clan du Papillon.

Tayatitaawa nous raconte son quotidien et celui de son peuple, rythmé par les cérémonies, les rites, les prières, la danse des esprits ; elle nous partage ses balades avec son père qui lui apprend tout de la nature, ensemble ils observent les aigles, les faucons, les serpents.

A travers ce singulier roman initiatique, Bérengère Cournut nous offre un fascinant voyage au cœur de la culture hopie ; nous découvrons son histoire, ses racines, ses légendes… Grand-Mère Araignée, le voyage de Tayatitaawa dans son paysage intérieur, les traversées des canyons arides et caniculaires, la Maison des morts, les Deux-Cœurs, les hommes et femmes-médecines… Un voyage sublimé par les photographies disponibles en fin d’ouvrage.

Je suis tombée complètement sous le charme de cette lecture immersive qui nous dépayse complètement. L’héroïne est touchante dans son apprentissage de la vie, je me suis prise d’affection pour elle. J’ai lu les derniers mots de son récit presque à regret, me sentant tout à coup orpheline de ce monde dans lequel l’autrice nous a immergé pendant quelques trois-cent pages.

Coup de cœur  ❤

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Comme à chacun de mes retours, mon coeur se remplissait de joie à la vue du relief particulier de la Troisième Mesa. A mesure que je m’approchais de notre village, l’horizon reprenait sa forme « exacte », celle que j’avais toujours connue, comme pour me dire : « Tu es d’ici, et de nulle part ailleurs. »

David Grann – La Note américaine ***

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Pocket – avril 2019 – 432 pages

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Au XVIIème siècle, les Indiens Osages ont dû quitter leurs terres du Kansas pour être parqués dans une réserve de l’Oklahoma. A la fin du XIXème siècle, on découvre qu’un océan de pétrole coule sous leur réserve… l’or noir. Une véritable hystérie contamine les foules ; les vautours blancs et les colons les plus avides se mettent à affluer dans la région, attirés comme des mouches.

« Les Blancs nous ont regroupés ici dans ce coin perdu, l’endroit le plus aride des Etats-Unis, en pensant : ‘On va envoyer ces Indiens dans la rocaille et on les laissera là.’ Maintenant que ces cailloux valent des millions, tout le monde veut venir ici et repartir les poches pleines. »

Années 1920. Un matin, Anna, la sœur de Mollie, ne rentre pas à la maison. Une semaine après, son corps est découvert. Une balle dans la tête. Au même moment, le corps de Charles Withehorn est retrouvé. Anna et Charles, deux riches Osages trentenaires. L’un après l’autre, les plus riches Osages sont assassinés. Les morts suspectes se succèdent dans l’entourage de Mollie et au sein de la tribu osage, peu à peu rongée par la terreur : attentats, empoisonnements, balles dans la tête, incendies…

L’époque est tellement sanglante qu’elle sera appelée Le Règne de la terreur. Tous ceux qui enquêtent et s’approchent trop près de la vérité finissent par trouver la mort… Une seule question se retrouve sur toutes les lèvres : « Qui sera le prochain? »

C’est finalement le tout jeune FBI, qui à l’époque s’appelle encore le BOI – Bureau Of Investigation -, dirigé par Egdar Hoover, qui se charge de l’enquête. Tom White va diriger une équipe spéciale… Un ancien shérif qui se glisse dans la peau d’un vieux gardien de troupeau du Texas, un Ranger qui apparaît sous les traits d’un éleveur de bétail, un vendeur d’assurances, un Indien qui se fait passer pour un chaman à la recherche de membres de sa famille.

La Note américaine est un documentaire sur une page de l’histoire américaine souvent occultée. Un récit absolument fascinant, remarquablement écrit et mené tambour battant que j’ai dévoré à toute allure, éprouvant effroi et terreur, comme si j’étais plongée dans un thriller.

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« L’Histoire est un juge impitoyable. Elle expose au grand jour nos erreurs les plus tragiques, nos imprudences et nos secrets les plus intimes ; elle jouit de son recul sur les événements avec l’arrogance d’un détective qui détiendrait la clé du mystère depuis le début. »

Jim Harrison – Dalva ***

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Editions 10-18 – 2016 – 471 pages

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Nous sommes dans les années 80. Dalva a la quarantaine et décide de s’installer dans le ranch familial du Nebraska ; les souvenirs l’assaillent : son adolescence, l’amour de Duane, la présence indéfectible de son grand-père complice, sa grossesse à l’âge de seize ans et ses mois de randonnées en Arizona avec son oncle Paul. Les deuils ; ces êtres chers partis beaucoup trop tôt. L’arrachement brutal à son fils nouveau-né qu’elle recherche obsessionnellement. Dalva a connu des pertes irrémédiables alors qu’elle n’est qu’au début de sa vie.

« Sois courageux, seule la terre perdure. » Ce sont les mots délivrés par son grand-père, qui lui reviennent en mémoire comme un mantra, tout au long du roman.

Grâce à Michael, son amant professeur alcoolique et névrosé, nous nous plongeons dans l’histoire familiale de Dalva à travers les journaux de son arrière-grand-père Northridge, écrits entre 1865 et 1890 ; ses mots racontent la douleur, les batailles et conflits qui opposent gouvernement américain et Amérindiens. Le massacre de Wounded Knee, Crazy Horse… l’histoire amérindienne défile sous nos yeux.

Lorsque j’entame ce roman, j’en trouve la lecture laborieuse ; j’ai du mal à me frayer un passage dans cette histoire de famille. Et puis, la magie commence à opérer au bout d’une centaine de pages. Je découvre un destin fascinant, une héroïne forte et émouvante, à laquelle je m’attache irrémédiablement.

Dalva est un de ces grands romans – qu’on n’oublie pas – porté par une prose incroyable ; on y découvre l’histoire de cette femme impétueuse au sang sioux, l’histoire de sa famille liée au peuple sioux. Dalva, c’est le roman des grands espaces – du Nebraska à l’Arizona en passant par la Californie… Jim Harrison nous offre une immersion au cœur des grandes plaines de l’ouest américain et un vibrant hommage aux peuples amérindiens.

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« Alors je me suis mise à pleurer. Je n’avais pas pleuré lors de l’enterrement, mais tous ceux que j’avais déjà perdus au cours de ma brève existence, deux pères, un fils, un amant, ont commencé de tourbillonner dans mon esprit, dans l’air du canyon, plus loin sur la rivière et jusque dans le ciel.