Sophie Adriansen – Hystériques ***

Charleston – juin 2021 – 528 pages

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Qui sont ces femmes qui se font traiter d’hystériques ? Il y a Diane, qui a deux enfants. Dont le premier accouchement fut si traumatisant. Il y a Clémentine, maman d’une petite Agathe, enceinte d’une 2ème fille. Et qui prend de plein fouet le souvenir de sa première grossesse, il y a seize ans. De cet accouchement sous X. Et il y a Noémie, qui n’arrive pas à tomber enceinte ; fait semblant. Puis apprend qu’elle porte non un enfant mais un cancer.

Ces trois femmes sont sœurs. Ces trois femmes ont des parents qui leur ont donné une certaine éducation ; elles ont appris que l’on ne parle pas de certaines choses. Dans leur famille, on ne peut pas parler de tout – beaucoup trop de non-dits, de silences les ont vu grandir.

Un roman profondément féminin et féministe, qui nous plonge dans l’intime de chacune de ces femmes, en proie aux incertitudes de la maternité, de l’enfantement, aux violences obstétricales, aux violences de cette société patriarcale. Je me suis sentie proche de ces femmes souvent vulnérables mais si fortes – comme chaque mère. Un roman sensible et terriblement juste.

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Marie-Sophie Vermot – Soixante-douze heures ****

Soixante-douze-heures

Éditeur : Thierry Magnier – Date de parution : février 2018 – 170 pages

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Irène B. a dix-sept ans et vient d’accoucher sous X. Cela fait neuf mois qu’elle a pris la décision de ne pas élever l’enfant qu’elle met au monde. Soixante douze heures, c’est le temps qu’il lui reste pour réfléchir à son choix, et éventuellement revenir sur sa décision…

Dès les premiers mots, ce roman m’émeut comme jamais. Un texte troublant de vérité, qui s’élabore au fil des souvenirs de l’adolescente. Sa rencontre avec Alban Z., dans le grenier de sa grand-mère, le secret qu’elle a tenu jusqu’à ses sept mois de grossesse et qu’elle cachait sous d’amples vêtements ; la réaction des parents, du frère, de la petite sœur attardée. Nous découvrons une relation mère-fille complexe, une relation étouffante où la culpabilité règne en maître et les raisons d’Irène s’éclaircissent.

Un livre puissant et magnifique sur l’adolescence et la maternité, que j’ai lu le cœur serré, la boule au ventre et que je termine les larmes aux yeux, bouleversée.

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« Je pense à l’empreinte que Max a laissée sur mon utérus et dans le passage du col. Je pense au placenta que quelqu’un a dû jeter puisque tout allait bien. Je pense à comment l’imperceptible devient bébé. »

« Profite bien du jour qui passe et qui ne reviendra pas. Profite de ta jeunesse, la vie file si vite, tu sais, la vie s’écoule rarement comme on l’espère. »

« L’acte de mise au monde laisse sur la peau une empreinte indélébile et fait de vous à jamais une personne différente de celle que vous étiez avant que la grande aventure commence. »