Frédéric Beigbeder – 🤣 ***

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Grasset – janvier 2020 – 320 pages

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« Après avoir donné aux consommateurs l’envie d’acheter des choses dont ils n’avaient pas besoin, puis fait désirer aux hétéros des femmes qui n’existaient pas, je devais à présent provoquer l’hilarité des automobilistes pour leur faire oublier la désintégration du modèle social français. »

Octave Parango, c’est le double littéraire de Beigbeder, c’est ce personnage que nous suivons depuis 99 francs. Dans les années 90, il a travaillé dans la publicité ; dans les années 2000, il était dans le milieu de la mode ; aujourd’hui, à 50 ans, il est l’humoriste le plus drôle de France et il passe à la radio chaque jeudi à 8h55, sur France Publique, la plus grande radio nationale de service public.

Mais ce jeudi matin, à 8h58, la vie d’Octave Parango vient de faire faillite. En l’espace de 3 minutes, il se fait virer en direct, devant la France entière, pour avoir osé se pointer sans son texte. Il a voulu jouer le jeu de l’improvisation, et il a perdu : « un gros plantage et tu dégages. »

Ce dernier opus de la trilogie de Beigbeder sur les aliénations s’ouvre sur l’éviction d’Octave en direct à l’antenne ; les chapitres qui suivent nous permettent de remonter le temps et nous révèlent les quelques heures qui ont précédé ce suicide professionnel – la soirée d’Octave dans les rues du 8ème arrondissement, en pleine révolte des gilets fluos.

Une narration sous kétamine, passant du Je au Il et du Il au Je, au fil des chapitres et des heures qui défilent. Octave se souvient de sa jeunesse, des années 80, l’âge d’or du Caca’s Club… et cherche, en vain, l’inspiration pour son intervention du lendemain. Il en profite aussi pour faire un constat désabusé et corrosif de notre société actuelle.

Un livre au ton mordant et cynique, mélange de culture littéraire et de provocation. Dans ce monde où les bouffons, les acteurs de télé-réalité et autres comiques peuvent devenir président, premier ministre ou gouverneur, le rire devient synonyme de danger. Le nouveau roman de Beigbeder, au titre délibérément provocateur, se révèle être une satire efficace et déjantée des dérives de notre société du divertissement où le rire et la violence sont intimement liés.

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« Pour mieux se figurer ce qu’est l’humanité dans les années 2020, il faut fermer les yeux et imaginer une foule de huit milliards de personnes mortes de rire. Littéralement décédées, entassées par terre, se gondolant. MDR. LOL. PTDR. Mouahahahaha. »

« Ma vie est un one-man-show dans un vieux cabaret qui va bientôt être transformé en magasin de coques pour smartphones. »

 

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