La Table ronde – janvier 2019 – 272 pages
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Le narrateur est ouvrier intérimaire ; il travaille ponctuellement dans les conserveries de poissons et abattoirs bretons… Il embauche tous les matins à 4h, 5h ou 6h… et quand il débauche, les odeurs d’écailles ou de boyaux lui collent à la peau. Il dort le jour, vit la nuit. Il s’immerge jour après jour dans cet entêtant travail à la chaîne, à la ligne. Égoutteur de tofu pendant toute une nuit ; dépoteur de chimères, préparateur de couronnes de crevettes ou de poissons panés… Huit heures par jour derrière des machines.
Et le besoin d’écrire s’incruste en lui ; écrire sur la paradoxale beauté de l’usine. L’usine, ce monde à la fois fascinant et glauque, ce monde parallèle, il ressent le besoin de le mettre par écrit. Proust, Ronsard, Apollinaire… Peu à peu, les auteurs resurgissent et viennent au secours de cet ancien étudiant en lettre et éducateur dans le social. La littérature est sa victoire sur l’aliénation et la violence de l’usine.
Entre les mots, on découvre aussi la femme aimée, la figure maternelle, la mer aussi. Figures féminines si fortes et présentes.
La ligne ici c’est la ligne de production mais c’est aussi la ligne d’un récit qui prend la forme d’une « odyssée où Ulysse combat des carcasses de bœufs et des tonnes de bulots comme autant de cyclopes. » (pour reprendre les mots de la 4ème de couverture).
L’écriture tour à tour drôle, distanciée, révoltée et fraternelle met en relief l’absurdité de la réalité et charrie des descriptions parfois glauques et écœurantes. L’auteur de ce premier roman très ambitieux joue sur les mots, jongle avec les phrases ; le texte défile comme une succession de poèmes en prose, ponctués d’une ironie mordante. La poésie déboule, ça secoue, ça ébouriffe, ça percute. Ça chamboule. C’est beau. C’est curieux.
Le sujet m’intéresse mais la capture de la page me donne des réserves sur le style, j’ai peur que ce ne soit pas assez narratif pour moi !
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Ah! Enfin j’ai capturé un passage assez peu narratif, ce n’est pas représentatif de l’ensemble 😉
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Ah d’accord, je pensais que tout était comme ça !
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Je pense que c’est très bien, mais à petites doses. Je ne me vois pas enchaîner plus de 250 pages…
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Ben ca tombe bien il est court 😉
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Très tentant pour le sujet. Je suis plus réservé sur la forme. A voir, merci pour ce partage 🙂
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La forme ne m’a pas dérangé, ça se lit sans soucis, je n’ai pas eu du tout l’impression d’un exercice de style
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La page que tu donnes nous donne à lire est magnifique.
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Je ne sais pas si c’est le même genre mais j’ai beaucoup de mal avec ce genre de roman en prose (alors que j’adore la poésie), comme le roman de Clémentine Beauvais « Songe à la douceur ».
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Ah oui! J’accroche plutôt bien au contraire, et j’avais beaucoup aimé Songe à la douceur 🙂
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Finalement, je l’ai acheté aujourd’hui.. 😀
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Oh le craquage! J’ai hâte de connaître ton avis.
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