Marie-Claude Vincent – A demain, Lou ***

lou

Éditeur : Robert Laffont – Date de parution : mars 2016 – 163 pages

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« À demain, Lou », ce sont les derniers mots que sa sœur de seize ans, Éli, lui adresse avant de partir en week-end avec une amie. Avant de de mourir. Au début, Lou ne comprend pas où elle est partie, ou plutôt, ne veut pas comprendre. Elle fait des listes de choses du quotidien, pour quand sa sœur reviendra. Elle fait tout pour y croire et ne pas penser à son absence béante. Elle se plonge dans des livres, Kafka, Hugo…

Lou se met à entretenir de petits rituels conjuratoires qui lui font croire qu’Éli reviendra si elle les suit ; compter les choses, demander l’heure au clochard, boitiller du matin au soir, porter son pull à l’envers tout en gardant un air dégagé… « Si je ne le faisais pas, à coup sûr mon cœur s’arrêterait de battre ou, pire encore, Éli ne reviendrait pas. Ma vie se résumait à une infinité de listes qu’il me fallait exécuter point par point. »

Quand on n’a que douze ans, on n’envisage pas que sa grande sœur puisse mourir ; son absence est inacceptable. Au collège, ses notes chutent. Du jour au lendemain, le silence tombe sur la maisonnée, le nom d’Éli ne sera plus prononcé par ses parents ; seul le babillage de la petite dernière semble égayer ce silence insupportable. Lou se trouve plongée dans l’attente.

La voix de Lou m’a immédiatement plu, le regard qu’elle porte sur le monde, sa façon de conjurer le sort malgré tout, de préserver sa naïveté… Avec émotions, Marie-Claude Vincent nous offre un très beau roman sur le deuil et son acceptation, la fin de l’enfance, qui malgré tout reste lumineux.

Un quasi coup de cœur  ❤

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« Naturellement, je ne mourais pas. Je me contentais de caresser le conditionnel dans le sens du poil, de porter mes tee-shirts devant derrière et de bloquer mes genoux en marchant. »

« Ce qu’il y a, c’est qu’enfance et résignation ne sont pas compatibles. Se résigner à la perte, lorsqu’on a douze ans, c’est faire entrer quelques millimètres, quelques milligrammes de mort dans le plus que vivant du corps de l’enfance. Ce n’est pas grand chose, mais tout de même. Je ne voulais pas me laisser entamer. »

« ç’aurait été trop long de leur expliquer que ce qui était dingue, ce n’était pas de marcher de travers ou d’avoir comme eux les narines percées de clous, mais de mourir à seize ans. »

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