Celeste Ng – Tout ce qu’on ne s’est jamais dit ****

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Éditeur : Sonatine – Date de parution : mars 2016 – 320 pages

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Lorsqu’on commence la lecture de ce singulier polar, Lydia Lee a déjà disparu, elle n’est pas rentrée de toute la nuit. Elle est morte, mais ses parents ne le savent pas encore. Nous sommes à la fin des années 70, aux États-Unis. Sa mère Marilyn est femme au foyer, elle a fait des études de médecines qui demeurent inachevées et a décidé que sa fille serait le médecin qu’elle n’a pu être. Son père James, d’origine chinoise, est professeur d’Histoire à l’université, il a beaucoup souffert de sa différence et du regard des autres. Son frère Nath semble très proche de Lydia, observateur, il est celui qui la comprend le mieux. Quant à Hannah, c’est la petite dernière, celle qui traîne toujours dans les pattes, qu’on ne voit pas forcément mais qui entend tout.

Les parents appellent la police, commencent à contacter les amies que Lydia fréquentaient… mais ils s’aperçoivent rapidement que personne ne sait où elle est, que personne ne la connaissait vraiment, ni ne la fréquentait réellement. Seul son frère Nath sait que Lydia traînait souvent avec le fils des voisins, Jack…

Chaque membre de la famille se dévoile avec ses pensées, ses complexités. Nous découvrons peu à peu le passé de chacun des parents, leur différence, le milieu d’où ils viennent, les événements qui l’ont conduit au drame. Car comme le narrateur le souligne justement : « Comment est-ce que ça a commencé ? Comme toujours : avec les mères et les pères. » Alors, nous remontons aux racines du mal, aux racines familiales, ces héritages qui pèsent sur les épaules des enfants. Ces héritages dont ils se seraient bien passé.

Dès les premières pages, j’ai senti que ce roman policier ne serait pas comme les autres, qu’il serait différent, qu’il ferait partie de ces livres qui ne vous quittent plus et auxquels on pense longtemps après…

Tout ce qu’on ne s’est jamais dit, c’est tout ce que chacun a gardé au fond de soi, tous les mots – et les maux du passé – qui n’ont jamais fait surface. Avec talent, l’auteure fait émerger ces non-dits, ces regrets qui pèsent sur les épaules des enfants, de génération en génération, le poids des désirs parentaux. Un roman qui met l’accent également sur le statut de la femme dans les années 70, leur problématique émancipation.

C’est en fait un très beau roman psychologique, sur la différence, l’héritage des rêves parentaux, qui déroule sa vérité tout en pudeur. Un roman noir qui se raconte comme un chuchotement, de façon terriblement juste, diffusant à la fois une telle force et une telle douceur que j’en ai été émue aux larmes.

Un coup de   ❤

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« Ce mot essentiel : demain. Chaque jour, Lydia le chérissait. Demain je t’emmènerai au musée voir les os de dinosaures. Demain on apprendra des choses sur les arbres. Demain on étudiera la Lune. Chaque soir une petite promesse arrachée à sa mère : qu’elle serait là le lendemain matin. »

« Qu’est-ce qui rendait une chose précieuse ? La perdre et la retrouver. Toutes ces fois où il avait fait semblant de la perdre. Il se laisse tomber sur la moquette, étourdi de chagrin. »

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