Joseph Boyden – Les Saison de la solitude ***

9782226193995

 

Éditeur : Albin Michel – Date de parution : 2009 – 509 pages

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Je vous présente ma nouvelle LC avec Claire du blog La tête en claire – hé oui, on les enchaîne les lectures en commun, on y a pris goût 😉 Pour découvrir sa propre chronique c’est par ici !

J’ai lu il y a quelques années Le chemin des âmes, du même auteur. J’avais trouvé ce roman sublime, et cette lecture avait été un véritable coup de cœur. Depuis, Les Saisons de la solitude m’attendait sagement dans la bibliothèque familiale… Dans ce nouvel opus, Joseph Boyden utilise la même construction du texte : deux personnages prennent la parole à tour de rôle. Il y a l’oncle Will, pilote forestier, plongé dans un profond coma à la suite d’une agression. A travers sa voix qui s’élève de l’autre côté, resurgissent ses souvenirs et se déroule le fil des événements qui ont conduit à cette agression. Son récit est adressé à ses nièces. A son chevet se trouve justement l’une de ses nièces, Annie. Elle-même prend la parole, veille sur lui et lui raconte des bribes d’histoires, des bribes de sa vie à Moosonee, dans l’espoir qu’il s’éveille un jour. Peu à peu, en remontant le temps, le passé s’éclaircit.

Si au début le texte m’apparaît un peu complexe et difficile d’accès, sans doute dû à l’écriture un peu hachée et aux phrases courtes, je finis par plonger complètement dans ce beau roman, où les voix des deux personnages semblent parfois faire écho l’une à l’autre et sonnent de façon terriblement juste. Je suis à nouveau tombée sous le charme de l’écriture de Joseph Boyden, qui nous offre le tableau d’une nature fascinante. Par moment, je m’y suis vraiment cru : en pleine forêt, à chasser l’orignal et à suivre le vol des oies sauvages, ou encore à traverser la Moose River, à l’approche de l’hiver.

Je me suis immergée dans l’immensité sauvage des forêts canadiennes, avec cette fresque familiale amérindienne et ces tensions entre clans, qui dégage beaucoup de force et d’émotions. L’auteur questionne les liens familiaux et l’identité des Indiens d’Amérique de façon toujours aussi juste. Il opère un savant mélange de mystère et de nature writing. Même si je n’ai pas ressenti le même coup de cœur que pour Le Chemin des âmes, je ne suis pas déçue par ce deuxième roman, qui m’a offert de beaux moments de dépaysement.

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« Parfois, quand on est seul dans les bois, au cœur de l’hiver, et que l’aurore boréale apparaît, on l’entend. Un bruit de friture. Comme une radio réglée tout bas, qui gémit et soupire. C’est ce que j’avais l’impression d’entendre, et j’ai tendu l’oreille pour écouter ce que la voix essayait de me dire. »

« En revanche, le bourdonnement, le bourdonnement du monde, je pense qu’il continue après que le corps a cessé de vibrer. Quand meurt le bourdonnement du corps vivant, que ce soit celui du brochet ou de l’esturgeon, celui de la gélinotte huppée, de l’orignal ou de l’homme, le battement du cœur continue, peut-être plus lent, mais qui se mêle aux battements de cœur du jour et de la nuit. De notre monde. Dans ma jeunesse, je croyais que l’aurore boréale, l’électricité qui me parcourait la peau sous ma parka, le léger crépitement que j’entendais, c’était Gitchi Manitou qui recueillait les vibrations des vies passées afin de ravitailler le monde avec le pouvoir de tous ces animaux. »

28 réflexions sur “Joseph Boyden – Les Saison de la solitude ***

  1. Pingback: Les Saisons de la Solitude de Joseph Boyden [LC#6] | La tête en claire

    • Ooh, j’ai rarement croisé des lecteurs déçus par ce roman! Mais un roman ne peut jamais faire l’unanimité. Après si tu n’as pas accroché avec le style de l’auteur, pas sûr que celui-ci te plaise.

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  2. Je note ton bel enthousiasme pour « Le chemin des âmes ». De Joseph Boyden j’ai juste lu le recueil de nouvelles « Là-haut vers le Nord » qui m’avait beaucoup plu. J’ai très envie de connaître davantage cet auteur. Merci pour ton billet !

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