Donald Ray Pollock – Le diable, tout le temps ***

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Éditeur : Le Livre de Poche – Date de parution : mai 2014 – 403 pages

4ème de couverture : « De l’Ohio à la Virginie-Occidentale, de 1945 à 1965, des destins se mêlent et s’entrechoquent : un rescapé de l’enfer du Pacifique, traumatisé et prêt à tout pour sauver sa femme malade ; un couple qui joue à piéger les auto-stoppeurs ; un prédicateur et un musicien en fauteuil roulant qui vont de ville en ville, fuyant la loi… La prose somptueuse de ce premier roman de D.R. Pollock contraste avec les actes terribles de ses personnages. Un univers qui rappelle ceux de Flannery O’Connor, Jim Thompson ou Cormac McCarthy. »

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Entre 1945 et 1965 et de l’Ohio à la Virginie-Occidentale, ce roman met en scène plusieurs personnages dont les destins vont se croiser petit à petit. Ces personnages ne sont pas des saints, loin de là : un père, rescapé de guerre, qui emmène son fils prier dans les bois et sacrifier des animaux pour sauver sa femme mourante, un couple qui s’amuse à piéger les auto-stoppeurs de façon particulièrement répugnante, un tandem en cavale composé d’un musicien en fauteuil roulant et d’un prédicateur coupable d’avoir assassiné sa femme à l’aide d’un tournevis, un pasteur qui prend plaisir à pervertir les jeunes filles pieuses… A travers les sept parties qui composent ce roman effrayant, nous suivons le parcours de ces individus sur une vingtaine d’années, leurs destins se croisent, s’entremêlent, jusqu’au moment où ils se rejoignent et les pièces du puzzle s’imbriquent les unes dans les autres à la toute fin.

C’est un roman extrêmement noir, où l’auteur nous donne à voir des personnages abjects, meurtriers, diaboliques, hantés par leur passé et leurs démons intérieurs. Un roman sans concession, à l’écriture âpre, où l’espoir s’étouffe à chaque page ; l’intrigue est captivante, rien n’est laissé au hasard et on ne peut lâcher le livre avant de l’avoir terminé.

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« En un triste matin de la fin d’un mois d’octobre pluvieux, Arvin Eugene Russell se hâtait derrière son père, Willard, le long d’une pâture dominant un long val rocailleux du nom de Knockemstiff, dans le sud de l’Ohio. Willard était grand et décharné, et Arvin avait du mal à le suivre. Le champ était envahi de plaques de bruyère et de touffes fanées de mouron et de chardon, et la brume sur le sol, aussi épaisse que les nuages gris, montait aux genoux du garçon de neuf ans. Au bout de quelques minutes, ils tournèrent dans les bois et suivirent une étroite coulée de cerf qui descendait la colline, jusqu’au moment où ils parvinrent à un tronc couché dans une petite clairière, vestige d’un grand chêne rouge qui était tombé bien des années auparavant. Une croix usée par les intempéries, faites de planches prises à la grange en ruines derrière leur ferme, penchait un peu vers l’est dans la terre meuble à quelques mètres en dessous d’eux. »

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